La grande révolte des fonctionnels

Le grand séisme du 38e siècle.

"S'il est un conflit majeur dans l'histoire de l'humanité, celui du 38e siècle a été le plus juste, et le plus épuisant car le plus acharné: Les esclaves se sont révoltés contre leur condition, ils prirent les armes dans tous les mondes connus et se battirent de toutes leurs forces. L'humanité fut contrainte à son terme de renoncer à son rêve de civilisation des loisirs et les clones fonctionnels, esclaves des temps modernes y gagnèrent leur liberté et le droit d'appartenir à la grande famille. Et quel démenti pour ceux qui excluaient tout caractère cyclique à l'histoire: Les intellectuels de ce temps nommèrent ce chaos la "guerre spartaque", en hommage au plus céélèbre esclave révolté de l'histoire terrienne ancienne"...

Alyott Nilbatha, grand-maître des piliers du savoir, 23 676 de l'ancienne ère.

A-Les prémices:

1-Les racines du mal: Le régime des clones

Les premiers fonctionnels, des clones transgéniques spécialisés, optimisés dans leur domaine et asexués, ont étés conçus pour exercer certaines tâches à la place des hommes, et ce sur Terre et sur Mars dès le 23e siècle. Les premiers exerçaient des professions dangereuses, dans l'industrie ou dans l'espace, et d'autres servaient d'agents de sécurité, ou de militaires. Leur statut juridique avait interrogé des générations de spécialistes, qui n'avaient pas de réponse satisfaisante. Etant issus de souches génétiques mixées et manipulées, ils avaient des éléments commun avec un grand nombre d'individus "normaux", ou "natifs", non clonés, mais pour autant pas de filiation. Ils étaient issus de grandes entreprises privées qui avaient investi des sommes considérables dans leur développement et leur formation et ainsi étaient leur propriété, avant d'appartenir à leurs employeurs définitifs.

Etant physiquement identiques aux humains, ils auraient donc pu et dû bénéficier des mêmes droits. Or, dans le féroce contexte économique de l'époque, ils furent assimilés à des "humains loué à vie", sous un régime spécial. De plus, par sécurité, pour éviter que des clones connaissent une descendance non contrôlée, leur fonctionnement hormonal avait été sérieusement revu, et ils ne disposaient que d'appareils génitaux atrophiés ne leur permettant pas de se perpétuer. Ces deux critères les différenciant des humains ( clonés, donc sans filiation et asexués ). Les humains eux-mêmes dressaient des barrières sociales avec eux et leur apparence, leur grande diffusion, leur emploi et leurs tenues vestimentaires sobres et dédiées exclusivement à leur identification.

Un personnage, dont la véritable identité ne fut jamais connue avec précision, peut-être s'agissait-il de Clarodd Hymang, un Martien ( 3655-3970?... ), qui en tout cas bénéficiait d'un magnétisme exceptionnel. S'agissait-il d'un ancien fonctionnel ayant échappé à ses propriétaires, ou d'un homme normal, personne ne saurait le dire. Toujours est-il qu'il fit tout pour s'entourer de personnes déterminées à tout prix à donner aux fonctionnels leurs droits et les sortir de leur servitude. Au 36e siècle, le plupart des grandes métropoles hébergeaient une population de plus de 70% de fonctionnels, occupant tous les postes de production et de services. Les postes de création étaient réservés aux humains, dont une minorité "travaillait" véritablement. La présence des fonctionnels dans cette société suffisait à assurer le bonheur de la population humaine, qui s'enrichissait et s'offrait les services de domestiques clonés, jouissant d'une vie oisive pour l'immense majorité.

L'industrie du clonage à cette époque était l'une des plus importante tous secteurs confondus, et sans doute l'une des plus rentables. Les directeurs des trois consortiums principaux de ces industries, qui avaient éliminé tous leurs rivaux par des accords communs, ne se pratiquaient qu'une conccurence de façade. Leurs bénéfices considérables attiraient un grand nombre d'entrepreneurs peu scrupuleux ou d'aventuriers, ou de politiciens en mal de fonds de communication. Progressivement, la collusion au sommet de l'état entre ces dirigeants et la classe politique devenait évidente au plus haut du parlement comme de l'assemblée. Et l'impunité était totale: Les politiques payés par ces industriels étaient élus car les pus médiatiques, en échange ils leur concoctaient une législation favorable, et les médias, possédés par fonds interposés, leur "servaient la soupe" et se faisaient discrets sur leurs pratiques. Enfin à la base, les services d'ordre, assurés exclusivement par les fonctionnels, y compris pour les plus hauts grades, leurs étaient totalement inféodés... en théorie.

Les vexations, insultes, brimades, viols, voir meurtres de clones restaient impunis: Quand bien même les auteurs étaient découverts, lorsque les preuves étaient évidentes et les témoins présents, les peines étaient symboliques et non appliquées. Tout au plus les assurances réglaient les propriétaires des clones victimes. Des affaires dans lesquelles les polices de plusieurs villes furent compromises démontra qu'un véritable système existait autour des entreprises exploitantes de certains clones trop vieux pour continuer le service, moins efficaces: Elles souhaitaient s'en débarrasser tout en percevant les primes d'assurances sur leurs tête, en faisant appel à de petits voyous ou parfois des fils de bonne famille, en bande et en manque de sensations fortes, et qui tuaient un individu isolé, parfois avec un raffinement de supplices. La vie d'un fonctionnel ne valait pas cher à cette époque, et la ségrégation présente à tous les niveaux.

Ceci ajouté aux moeurs parfois très libres des humains urbains, en public, notamment les hermas, concouraient à faire naître chez les clones que tous considéraient comme limités intellectuellement, une frustration évidente. Ce personnage inconnu, appelé bien plus tard Gritlibater, mobilisa autour de lui des individus, humains, et les convainquit de l'aider à organiser des réunions discrètes afin de rassembler le moment voulu dans des lieux non surveillés des clones, afin de leur faire prendre conscience de leur condition et des moyens de s'organiser. Bon an mal an, ce travail de sape porta ses fruits: Les grèves commençèrent. Des services de sécurité furent à chaque fois mobilisés, mais très vite, ces derniers furent également invités à ces "réunions" et à leur tour convaincus. Les services d'ordre, fonctionnels, basculèrent ainsi du côté des grévistes. Les autorités prises de panique firent appel à des troupes, peu nombreuses, mais stationnées à proximité et apparemment dénuées de tout soupçon, et en même temps sommèrent les propriétaires de ramener à la raison leurs grévistes. Ces derniers le firent de la manière la plus brutale: Ils firent appel à des thanatologues pour éliminer ce qui pensaient êtres les meneurs. Les réunions furent découvertes, et les morgues se remplirent si vite que l'on fut obligé d'en construire ( la criminalité à cette époque était extrêmement faible, et le système du bannissement encore peu usité ).

2-Des grèves à la La révolte

Mais ces événements, qui avaient commencé à Canaveral, sur terre, en amérique, le 26 juin 3697, prirent un tournant décisif lorsque les troupes entrèrent dans la ville. Gritlibater et ses ouailles n'avaient pas prévu que ces derniers restent fidèles au gouvernement, et les grèves furent réprimées avec une grande vigueur, heureusement sans victime. Les Fonctionnels, quatre jours plus tard, étaient rentrés dans le rang, les "chefs présumés", officiellement "exilés" en viwo après injection léthale, ce qui n'était pas une peine désagréable et ne souleva la protestation de personne, mais officieusement, ils furent "désactivés" définitivement. Contrairement à ce que l'on faisait croire aux vieux fonctionnels, ces derniers n'avaient pas droit à cette retraite virtuelle dorée à laquelle ils aspiraient. En réalité, ils recevaient une injection léthale, et leurs dépouilles étaient recyclées en aliments qui étaient mélangés à d'autres nutriments se trouvant dans les rations habituelles des cantines réservées aux fonctionnels.

Gritlibater connaissait cette réalité et s'en était offusqué. Mais dans cette société très policée, peu favorable à d'autres sons de cloche, il restait isolé dans sa propre révolte. Apportant les preuves d'abord à des proches, puis à d'autres humains, ils les présentaient lors de ces courtes réunions très surveillées aux clones qu'il pouvait convaincre. Son échec à Canaveral ne devait plus se reproduire. Vingt-deux ans plus tard, en 3719, il organisa la même opération à Cardens, la mégalopole martienne au bord de la baie de Marineris. Cette fois les grèves prirent une toute autre dimension grâce à l'ampleur du travail effectué en secret par Gritlibater et son équipe. Oeuvrant discrètement dans des arrières-salles de loisirs des fonctionnels, y compris des militaires, il réussit à concaincre des officiers fonctionnels ( clones vétérans et méritants ) de faire basculer leurs hommes pour leur cause le jour venu.

Les grèves de Cardens tournèrent au drame lorsqu'en 3699, les services de sécurité, passés du côté des grévistes se virent assaillis par des tirs de tueurs professionnels engagés par les aurorités. 24 morts en quelques minutes. Les forces de l'odre ne pouvaient pas répliquer, ne bénéficiant pas d'autres armes que des bâtons à vomir, des flash ou des lance-balles en caoutchouc. Il en résulta un profond ressentiment qui écuma toute la ville telle une traînée de poudre. Le landemain, les grèves s'étaient généralisées à tous les corps de métiers occupés par des fonctionnels: La paralysie de l'économie devenait une réalité. Les autorités encore une fois firent appel à la troupe, mais celle-ci, commandée par des officiers acquis à la révolte basculèrent du côté des mutins avant même d'entrer dans la ville: Ils mirent le siège devant la ville, entamèrent un blocus des communications. Cette opération parfaitement menée enraîna le déclenchement de l'état martial sur toute la planète et les autorités martiennes firent appel à la terre.

  Un des rares portaits connus de Gritlibater, pris dans sa jeunesse, probablement vers 3665. L'homme reste un mystère complet. A l'instar des Gandhi, Mozart ou Hitler, il reste une énigme au sein du règne des hominidés. Le paradoxe voulait qu'il ait toujours porté un crâne naturellement glabre, bien que certains y aient vue une allusion aux Funchals qu'il libéra. Extrêmement spartiate, irradiant de calme et de simplicité, c'était un personnage limpide, à qui on ne cachait pas la vérité. Mais sa résolution, ses connaissances et son intelligence hautement calculatrice ne furent jamais prises en défaut. Lorsque la paix fut conclue, Gritlibater se retira définitivement dans un lieu à jamais inconnu. Beaucoup l'on dit Ottowan avant l'heure... On continuera sans doute encore à disserter sur ses origines. La légende la plus tenace à voulu y voir le fruit de l'union entre une herma de haute souche et du général clone Fugma-4. ( Fugmafo ).

3- Une guerre civile

Les équipes de Gritlibater sur place avaient oeuvré avec zèle également de ce côté: Une semaine après le début de la révolte, des garnisons se mirent en marche, ayant reçu l'ordre de rejoindre des transports de troupes à destination de Mars. Une fois débarquées, elles rejoignirent les mutins, mais au lieu d'ouvrir le feu se retournèrent immédiatement contre les autorités locales. Les gouverneur de Cardens échappa de peu à la capture. Les habitants terrifiés se terraient dans leurs hautes villes-tours, et çà et là ces derniers tentaient de s'organiser. Le gouvernement en exil, une semaine plus tard, déclara l'état de guerre civile dans ses territoires. La terre renonça à envoyer d'aures troupes de fonctionnels, et au contraire, les attaqua au gaz et à coup de bombes au napalm. 12 régiments de fonctionnels furent ainsi décimés pour éviter tout risque de ce côté tandis qu'une mobilisation de troupes "humaines" commença, sur terre comme sur mars. La "Révolte", se muait en guerre interplanétaire.

Les avis étaient partagés. dans les zones rurales, l'engagement fut faible: les fonctionnels étaient peu nombreux, et quand bien même, ils étaient en général bien mieux considérés. C'est dans les villes, que les populations priviligées se mobilisèrent le plus. Ces contingents étaient renforcés de fonctionnels qui avaient eu des régimes de faveur, comme les "affranchis", des fonctionnels ( funchals ) sexués, domestiques devenus des membres à part entière de la famille, perpétuant leur lignée de domestiques dans le même domaine. Ces derniers avaient parfois plus à perdre qu'à gagner dans cette révolte. Cette révolte devint guerre lorsque les troubles intérieurs aboutirent à déclarer la loi martiale pour le système Alphite, puis Procyonite, Etitonide, Proximien, Taucetien, et naturellement Procyonite. Sirius, Omicron et Altair, furent un temps épargnés du fait de leur jeunesse et de leur faible population de clones.

B- Les Grandes opérations du conflit (3705-3760)

1- Premières confrontations ( 3705-3723 ):

Durant les 55 premières années de guerre, on assita à une montée en puissance des effectifs engagés et au passage d'une économie de paix à une véritable économie de guerre. Cette guerre était singulière du fait que les combats commencèrent au coeur même des grandes capitales et villes majeures des principales planètes habitées de ces systèmes. Dans certains cas, les Clones , plus nombreux et mieux organisés, l'emportèrent, provoquant la panique et la fuite des officiels et de nombreux civils "natifs" vers les mondes voisins. des "gouvernements provisoires" de la fédération naquirent ainsi sur bien des planètes secondaires. Les premiers objectifs des deux camps étaient de s'assurer la maîtrise des grands centres industriels, des sources d'approvisionnement, et de contrôler le trafic spatial.

Le début du conflit fut donc marqué non par des grandes batailles, mais par une série de coups de mains, improvisés avec les moyens disponibles, pour conquérir un secteur, une station, un centre de relai, une porte hyperspatiale, un entrepôt... Mais pas de grande bataille avant l'année 3723. En effet, ce n'est que lorsque la situation fut stabilisée au niveau de systèmes entiers que les infrastructures furent mobilisées pour la production de vaisseaux de guerre, seul moyen de reconquérir les systèmes pour les fédéraux, et de les garder et les défendre pour les clones. Dans cette première phase, les fonctionnels avaient un immense avantage stratégique et tactique: Ils disposaient de tous les points-clés de l'économie du fait qu'ils assuraient la production industrielle, des ports orbitaux, stations, entrepôts, relais et même portes hyperspatiales. Ces dernières étaient en principe gérées par une espèce très singulière parmi les clones, bénéficiant d'un régime spécial, les Ungravids. Neutres par sécurité, ces derniers se trouvèrent bientôt engagés, parfois forcés, au côté des autres clones en guerre.

De ce fait, rapidement, la fédération se trouva dans une situation critique: Elle subissait un blocus de fait, ne pouvait plus se déplacer qu'en dehors des lignes hyperspatiales, et donc lentement, elle ne disposait plus de ses plus grands arsenaux, mais uniquement ceux des planètes jeunes, encore modestes, ne disposaient plus de ses principales bases militaires et de ses troupes, de son matériel de guerre, de forces de sécurité, de personnel technique de base, ni même d'un moyen de transmission de données, vitales pour garder la cohésion de la fédération et permettre de coordonner les actions, se voyant retranchés dans des planètes économiquement encore faibles, pauvrement équipées et isolées. La seconde phase de cette guerre allait donc conduire les deux camps à des actions au sein des systèmes stellaires pour la maîtrise des sources d'énergie non hyperlite, notamment les géantes gazeuses et leurs expoitations gazières et raffineries orbitales. Dans cette guerre, la fédération s'épuisa dans des attaques de tous ces points-clés. A chaque fois, elle subissait des pertes importantes, faisant appel à des troupes "natives" levées sur place, tandis que leur adversaire disposait de clones parfaitement entraînés par des officiers de rang, les SOD et SODI ( Senior Officer Defence, Instructor ).

2-Les Forces en présence:

Le Symbole de l'insurrection Spartaque: Le "Clofist ( Le poing fermé, brandi haut. ). Ce symbole fut adopté apparement à la suite de l'habitude qu'avaient les premiers clones se réunissant sous l'instigation de Gritlibater. Il n'est pas, comme l'affirma au début la propagande Fédérale, une "tête de mort rouge sang".

Les Clones:

Les Clones n'avaient pas de noms mais des prénoms composés de l'acronyme de leur fonction suivi d'une immatriculation, comme BAGSOL-6AC-7665 ( Basic Ground Soldier - 6e division ( infanterie ), Alpha Centauri, série 7665 ). Devenus "rebelles", les clones furent conviés à se choisir un prénom "humain", et la plupart choisirent de garder le "Bagsol" dans ce cas, qui devenait un nom de famille, suivi d'un prénom ( en fait "postnom" ), lié à un évènement, à des caractéristiques propres, à une région, à une envie... Ce système était ratique pour les officiers comme les simples soldats: Il évitait l'identifiation des grades ou le port d'un uniforme spécifique par la simple énonciation du nom, mais restait personnalisé. Ceci participait au moral des troupes, parfois composées de clones venant d'horizon très divers ( industrie, manoeuvre, nettoyage, serres aquacoles, etc... ).

Les uniformes étaient pour le moins bigarrés et restaient ceux d'origine, parfois avec un justeaucorps spécifique à l'unité. Mais la possession des industries textiles leur donna rapidement les moyens de créer des uniformes unifiés et standardisés, et pour autant non dénués d'un certain esthétisme issu d'une sobriété toute "zen", comme les vêtements utilitaires des communautés phalanstériennes. Mais ces derniers, comme le notait si justement Bar-Alahya le vieux ( 5678-9800 ), "avaient soif de tout ce que les natifs considéraient comme acquis au long des siècles". Aussi, lorsqu'un officier avait fait preuve d'une partculière bravoure et intelligence au feu, il n'était pas remercié en médailles clinquantes - signe de mauvais goût consommé - mais se voyait offrir trois uniformes taillés sur mesure et personnalisés selon ses voeux. Cela dit, il existait des conventions de couleurs qui exigeaient des officiers la tenue la plus disrcrète possible, les tons les plus vifs et les associations les plus frappantes progressant en intensité avec le grade. Il suffisait d'un seul coup d'oeil pour déterminer le grade des officiers présents au sein de n'importe quel état-major

Uniformes d'officiers Funchals (1):

-A: Premier maître

-B: Commandant de frégate

-C: Officier de pont

-D: Quartier-maître

Détails de tenues:

1-Col commandant en second

2-Col commandant de vaisseau

3-Casquette d'officier de pont

4-Casquette de commandant de vaisseau

5-Casquette de quartier-maître

6-Casquette de premier maître

Les Uniformes d'officiers subalternes de la flotte Funchal au début de la guerre étaient de mise très sobre, mais élégantes, avec notamment aussi peu d'ornementations inutiles que possible. Le respect des subordonné pour un uniforme rutilant n'à pas lieu d'être pour les Funchals dont la discipline et le respect se basent sur des critères très différents des chefs de guerre humains. Jusque vers la fin du conflit, tous les uniformes d'officiers étaient systématiquement en livrée gris moyen-blanc, les simples "sans grades" étant en blanc uniforme. Un contraste certain avec les uniformes humains, sortis de vielles lubies historiques. ( V. plus loin ).

Les officiers Funchal existaient avant la guerre: Progressivement au cours de l'histoire, les clones avaient étés créés comme de simples soldats, et leurs qualités générales uniformisées étaient telles que le vieux système d'avancement au courage et à l'efficacité ne fonctionnait pas: Il était inutile. Les soldats clones étaient commandés depuis le simple chef de section au général en chef, par des humains. Mais l'on se rendit compte dans les faits, d'une part que les clones n'étaient pas rigoureusement identiques après quelques années de service, développant leurs propres personnalités, mais aussi quel l'usage systématique de donneurs d'ordres humains à tous les échelons entraînait un manque cruel de souplesse, voire une absurdité dans certains cas. On vit ainsi lors de conflits locaux au 21e siècle des sections entières se faire tailler en pièce par le feu ennemi parce que le dernier ordre de l'officier tué était déjà dépassé et ne correspondait plus à l'évolution de la situation.

On introduisit donc une certain gradient d'instinct de survie chez les soldats clones, de même qu'une possibilité de prise de commandement d'une section le cas échéant. Les différenciations observées chez les clones ayant de nombreuses années de service les fit naturellemnt utiliser à la fois comme instructeurs et comme officiers. En l'espace de 40 ans, on vit des clones devenir caporal, lieutenant, adjudant, sergent, capitaine, commandant, colonel. Un bastion résistait toujours, celui des généraux. En effet le statut social de ces derniers cadraient mal avec la vie très spartiate des clones... Un général clone cohabitant avec des généraux humains aurait vraisemblamblement senti tout le poids de sa condition. Qui plus est, confier le commandement de tant d'hommes à un clone susceptible de se retourner ave ses hommes contre l'autorité aurait été dramatique. C'est surtout la peur d'une telle révolte qui limita drastiquement le nombre même des colonels autorisés. On créa d'ailleurs le grade de "colonel en second" pour continuer à confier le véritable commandement des régiments à des non-clones.

Néammoins la décadence relative du système fit que sur Mars entre autres, on laissa faire ce qui était impensable auparavant, au début des années 3600: Pour la première fois un clone fut nommé à ce grade. Ce général une étoile, qui se vit confier une brigade, était un clone âgé de 45 ans, déjà engagé dans plus de 21 opérations risquées, et qui avait gagné la reconnaissance et l'appréciation unanime des officiers supérieurs humains qu'il servait, et ceux qui le côtoyaient. L'état-major refusa plusieurs fois, mais les médias finirent par faire pression et l'opinion publique, insouciante, s'en mêla. A cette époque déjà, faute de nom on employait des acronymes. Le grade devenait un nom, et dans ce cas BriGen-1. Néammoins, et sans les exiger, BriGen-1, plus tard transformé en "Bridgeon", reçut le droit à bénéficier d'une intervention chirurgicale afin de lui greffer des organes sexuels et des droits qui allaient avec. Du coup, le premier général clone devenait humain. Par ce simple fait, on le liait par une sorte de communauté morphologique au reste des humains, et on éloignait le spectre d'une révolte armée menée par des officiers supérieurs clones. De plus on envoyait un message méritocratique destiné à montrer qu'un clone pouvait être "affranchi" aux termes d'une carrière brillante...

Vers 3640 en revanche, d'autres généraux clones avaient étés nommés, mais tous ne demandèrent pas un statut humain. Ceux qui refusèrent de sauter le pas et de rester dans la même conditions que leurs hommes en furent d'autant respectés... Une évidence qui échappa au grands états-majors de la fédération, et qui leur coûta cher. On estimait, à la veille de la révolte, que plus de 132 généraux de brigades, 29 de division et même 3 de corps d'armée étaient des clones ou des "exfuns" d'extraction clone. Fait plus dérangeant, les trois généraux de corps d'armée se trouvaient sur Mars. Ceci explique que la révolte y fut si rapide... Au final, il est clair que si les officiers supérieurs humains représentaient encore une forte majorité du commandement des forces terrestres et spatiales, les futures forces Funchales ne manquaient pas de cadres entrâinés prêts à monter en grade...

Si les officiers clones n'étaient pas la majorité en arrivant au sommet de l'organigramme militaire, tous les soldats de base, caporaux, sergents, adjudants, ou capitaines l'étaient. Ce sont ces derniers qui jouèrent un rôle déterminant. Paradoxalement, les humains se trouvaient dans une situation des plus critiques, obligés de lerver des milices civiles peu entraînées, souvent plus faibles physiquement et psychiquement, et avec un armement disparate dont le maniement n'était pas toujours aisé. La guerre des clones commençait donc comme un affrontement entre une armée révoltée et des civils humains, souvent divisés. On explique plus facilemenent ainsi la prise quasi simultanée des planètes les plus importantes de la fédération. Sur le plan matériel, la situation des clones était également excellente: On avait confié les usines d'armement , les arsenaux, les chantiers et les dépôts à des clones... Une masse considérable d'armement était donc disponible immédiatement, et les potentialité d'en frabriquer de nouvelles étaient réjouissantes.

Le symbole Fédéral: Le "Stars Union". L'étoile reste le plus vieux symbole historique de la première colonisation stellaire. Il constituait à la fois une forme considérée avec positivisme et déférence, comme celui de la première communauté spatiale, celle de la station Alpha au début du XXIe siècle. Ce symbole représentait également le soleil, et resta celui de l'USN ( Union of Space Nations ). Les trois lettres signifiaient "Union of Space Confederacies".

Les Fédéraux ou non-clones:

Après ce qui vient d'être dit plus haut, la situation des fédéraux semblait catastrophique à première vue. mathématiquement, dans tous les systèmes colonisés depuis longtemps et fortement urbanisés, la population clone tenait pratiquement les rênes de l'économie, tous les postes-clés, et l'armée. Les officiers supérieurs, colonels et généraux, qui ne furent pas tués ou faits prisonniers tentèrent de regrouper des milices civiles formées à la hâte. Ce fut le plus souvent une série de boucheries inutiles. Mais la situation était tout autre dans les secteurs lointains peu colonisés, les systèmes Doms, qui affichèrent dès le départ une neutralité prudente, et les systèmes frâichement colonisés, peuplés d'humains en immense majorité. Le gouvernement provisoire, d'abord sur Mars, déménagea sur terre, puis sur la Lune, et enfin sur Sirius, et y resta jusqu'à la fin du conflit.

La situation des fédéraux était très diversement considérées à travers "l'empire": Les colons humains ayant la vie dure, sur des mondes inhospitaliers qu'ils essayaient de rendre habitables sur des siècles considéraient n'avoir pas besoin des clones, sauf pour des besogns véritablement très dangereuses. On avait bien trop besoin d'une main d'oeuvre locale pour se payer le luxe d'établissements délivrant des clones sur un délai de 30 ans et plus... Les fonctionnels, aussi appelés Funchals et clones, simplement, étaient surtout caractéristiques des civilisations urbaines déjà anciennes. De fait, on considérait aussi que les non-clones qui vivaient confortablement grâce à cette main d'oeuvre domestique considérable, avaient droit à ce privilège de par leur ancienneté de développement. On les considérait selon les cas avec envie, et dans d'autres avec indifférence, et pour une minorité, avec défiance ouverte, arguant du fait de la réintroduction d'un néo-esclavagisme. Certaines planètes dépourvues ou presque de clones étaient ainsi en majorité favorables à l'émancipation des clones et à la fin de cette ségrégation issue d'une production industrielle, générant des rapports marchands.

 

Savayand Huszkan.

Ce fut le premier chef de l'état-major général des forces de l'USC qu'il dirigea avec fermeté et clairvoyance de 3704 à 3723. Il tenta de réorganiser les forces fédérales autour de Sirius et de récupérer les industries de tous les secteurs mal contrôlés par les clones. On lui doit la fondation de l'amirauté de l'USC, base de toutes les opérations d'envergure. Il se retira après la défaite de Gigrèn, et devint simple conseiller technique de l'amirauté.

D'autres mondes, partagés, étaient neutres. En fait, une minorité d'humains des grandes cités étaient hostiles à cette émancipation simplement pour des raisons de confort: La civilisation basée sur une mainmise des clones sur tous les domaines de la production et des postes non-créatifs, permettait aux humains de jouir d'une civilisation de loisirs et de s'octroyer des activités essentiellement créatrices, au sommet de la chaîne. La "caste" urbaine des Hermas fut de toute la plus virulente. Elle persista dans son mépris des clones, teinté d'un très fort racisme social, et ces derniers, qui ne pouvaient afficher leur avis ouvertement, méprisaient en retour ces hermas considérés comme la lie de la décadence. Les deux communautés étaient donc depuis longtemps à couteaux tirés, mais les premiers avaient toujours eu le pouvoir, mais pas la clairvoyance. Le soutien le plus fort de la fédération, que certains appelèrent les "esclavagistes", avec la radicalisaion du conflit, furent toujours les hermas. malheureusement, ils se trouvaient précisément dans les zones urbaines anciennes et denses, précisément là ou débuta la révolte et la guerre.

La conséquence fut immédiate: Les hermas, peu habitués aux efforts physiques, et plus encore à la violence, se montraient de bien piètres combattants. Leur première idée fut donc de quitter les villes et se replier sur des parties plus sauvages des planètes affectées, cet exode permettant ensuite sur place de se réorganiser pour résister. Faute de pouvoir combattre, les Hermas souhaitaient simplement que des populations diverses fassent le travail. Des humains non-hermas furent donc sollicités, et même fanatisés du fait de la force de persuasion des hermas, entraînés par les militaires de haut rang privés de leurs troupes. on vit fleurir donc dans les villes des poches de résistance. Certains quartiers furent transformés en chaos de ruines avec la durée. La guerre faisait également rage sur l'étendue de ces planètes, les clones disposant de moyens militaires considérables cherchant les poches de résistance. De leur côté également, une certaine radicalisation des positions se fit jour. Débusquer un Herma était apprécié comme une prise de choix. Cet infortuné était ensuite souvent torturé ou exécuté. Quand aux non-hermas, ils étaient considérés avec plus de mansuétude et faits simplement prisonniers, puis renvoyés à l'arrière, libres, mais "rééduqués".

La guerre fit rage sur toutes les planètes terraformées citées au début de cet article, parfois pendant 60 ans sans interruption. Les opérations autour de mondes simplement colonisés furent plus restreintes. L'une des solutions des fédéraux sur place fut d'établir des bases secrètes et d'y produire des soldats clones dévoués à leur cause. Les clones faisaient de même pour conserver toujours l'avantage numérique. Mais les fédéraux avaient un avantage: Ils compensaient l'écrasante supériorité matérielle des clones par la recherche de nouvelles méthodes de combat et des armes bien plus sophistiquées que l'adversaire. Grâce aux hermas, créatifs également dans ce domaine, ils bénéficiaient toujours d'une longueur technologique d'avance. Ces batailles terrestres de grande ampleur furent également complétées parfois par des batailles spatiales, des flottes clones débarquant des troupes d'assaut ou de renfort, les fédéraux faisant de même. La maîtrise de l'espace étaient pour les belligérants une condition sine qua non du succés. Gardant encore un contrôle sur l'économie, les fédéraux financèrent allégrement le "mercenariat" afin de pallier à la durée de recrutement des clones. On vit de nombreux Doms pauvres et mal lotis espérer ainsi voyager et trouver une situation nouvelle dans l'armée fédérale. Les talents oratoires des Hermas les firent désigner tout naturellement pour organiser de grandes campagnes de recrutement.

La neutralité des Doms fut donc écornée par ce biais, et ces mondes furent touchés par la guerre. On vit ainsi parfois des drames sans nom comme des convois gorgés d'hommes et même de femmes Doms êtres pris dans une attaque clone dévastatrice et périr en route par milliers, en pure perte. Le racisme social des Hermas s'appliquant aussi aux Doms, ils étaient volontiers traités sans ménagements eu égard à leur situation antérieure, habituelle, et considérés comme de la "chair à laser", que 'on pouvait envoyer par dizaines de milliers sur un objectif militaire ardu et bien défendu sans tactique particulière, juste à des fins d'usure, sans compter à la dépense en effectifs... Il s'avèrera que dans de nombreux cas similaires des non-hermas peu scrupuleux qui commandaient sans finesse des assaults à répétition sans progrès, soient massacrés à la suite de mutineries. Et il y avait au contraire des humains au caractère brillant, bons organisateurs et tacticiens, qui épargnaient la vie de leurs recrues, quelque soient leur provenance. Ces derniers étaient aimés de leurs troupes, jugés fédérateurs par les états-majors et par conséquent nommés à des grades supérieur. Ce fut le cas d'individus de provenance très diverses, des citadins, des fermiers, des colons, des Doms de toutes conditions sociales, et parfois des hermas et des clones affranchis... De grands destins émergèrent donc du tumulte de ces années de lutte.

On estimait vers 3720 que les effectifs fédéraux se composaient à 49% de Doms, dont 86% de couches sociales modestes, 21% de citadins, 20% de clones, 8% de fermiers et colons, et 2% d'Hermas. Les premiers constituaient donc la base des troupes, mais seuls les clones étaient militairement bien équipés et efficaces. Les hermas étaient de leur côté aux postes de commande, à la théorie militaire, au recrutement, à l'instruction des hauts gradés et à la conception des systèmes d'armes. Ils étaient donc excessivement rares sur les champs de bataille. Du côté des Funchals, il s'agissait de 85% de clones, 8% de colons, et le reste de populations diverses. Les humains servant à côté des clones, qui se nommaient eux-même les "abolitionnistes", étaient d'abord engagés idéologiquement dans une nouvelle vision de la société, notamment rurale.

Le mouvement de libération des clones, appelé mouvement Spartaque, émanait d'un collectif d'intellectuels urbains qui avaient rejoint Gritlibater. La légende veut que ce dernier soit le rejeton d'une herma et d'un fonctionnel affranchi. L'image en tout cas était belle et fédératrice et fut savamment entretenue. Gritlibater lui-même payait volontiers de sa personne, et venait encourager les troupes sur de nombreux théâtres d'opérations, sur la ligne de front. Alors que les fédéraux n'avaient pas de personnalité marquante au début du conflit, l'empreinte de Gritlibater restait considérable dans les esprits, et au plus fort de la bataille de Rangoon, le Verdun de la guerre Spartaque, fit une série de discourts qui furent religieusement notés par sa "cour", des proches et des conseillers qui lui étaient dévoués. Ils restent encore un modèle du genre, et les Fédéraux eux-même étaient en admiration devant son talent oratoire inégalé. Les services secrets et les thanatologues déféraux l'avaient d'ailleurs mis en tête de liste. Mais ce dernier déjoua toutes les tentatives. Insaisissable, il voyageait grimé, déguisé, avec quelques proches qui faisaient diversion, n'avait aucune habitude et prenait parfois au dernier moment des décisions qui paraissaient absurdes. Plus d'une lui sauva la vie. Un indice d'une incontestable propension aux intuitions et pressentiments, signe des hermas par excellence.

3-La bataille de Gigrên ( Alpha Centauri, 3723 ).

La Première grande bataille que se livrèrent les deux camps, eut pour objet la possession des réserves de méthane considérables de Gigrên, alias Alpha-6 Centauri. Partant de Blaclane et Resander, deux flottes hétéroclytes constituées de cargos et de méthaniers armés de vecteurs autonomes ou semi-autonomes et dotés de systèmes de conduite de tir primitifs ( à peine différents de ceux utilisés lors de la guerre d'indépendance martienne ! ), se rassemblèrent en vue de gagner Gigrên en passant en orbite basse de Swaner pour bénéficier de son effet de relance. Or cette mission comportait des risques considérables: Les clones possédaient Swaner, et alignaient des forces difficiles à estimer en orbite. Fatalement, ils accrocheraient la flotte fédérale de la manière la plus violente à son passage.

La seule tactique possible que décida l'amiral Jodl ( le premier nommé au sein de l'état-major fédéral, ce grade n'existait pas avant le conflit... ) était de séparer sa flotte en deux vagues, la première accrochant les forces cloniques, permettant à la seconde de passer en force et de continuer sa route vers Gigrên. Toute cette tactique reposait sur deux postulats: Que les forces rassemblées par les clones en orbite soient modestes, et que celles disponibles devant Gigrên le soient aussi. Mais un tel voyage était long: La flotte était composée de bâtiments faits pour transporter de lourdes charges avec la facilité des routes hypespatiales. En cas de déplacement par leurs propres moyens, ils ne pouvaient compter que sur leurs vénérables turbines ioniques à fusion d'hydrogène, et dans ce cas, cela mettait Swaner à 12 jours et Gigrên à 4 mois... Si des drones de suveillance étaient postés dans la zone de défense avancée de Swaner, la flotte serait repérée avec quelques jours d'avance, et les clones s'organiseraient en conséquence. Mais Jodl avait bon espoir. Comme la plupart de ses contemporains et l'état-major, il ne tenait pas les clones en haute estime, les croyant incapables d'organiser seuls une défense efficace.

De leur côté, les clones s'étaient regroupés au sein d'un "comité", puis à l'instigation de l'équipe "Libération-4", un collectif de clones âgés et de natifs abolitionnistes, disciples de Gritlibater, proposèrent aux officiers et aux seniors de l'armée des clones de se regrouper au sein d'un état-major local, prenant contact avec les mondes des autres systèmes dès que possible. Les relais de communication chuzen étant de nouveau opérationnels après la dernière attaque avortée des forces fédérales, cet état-major clonique réussit à joindre la Terre, Mars, Nuwo ( Procyon ), Snolane ( Sirius ), Kalbion ( Epsilon Eridani ), et Riand ( Tau Ceti ). Sur le papier, les Fonctionnels possédaient normalement la communication intersystèmes, les grands arsenaux et centres industriels, les routes hypespatiales ( partiellement, nombre d'entre elles avaient étées détruites ou endommagées lors des raids fédéraux ). Elle se retrouvaient cependant en infériorité numérique pour ce qui est des populations, ne pouvant compter sur un engagement en sa faveur des "natifs" des planètes qu'elle occupaient, ni de l'adhésion des populations des mondes jeunes, en terraformation, dont la guerre était un souci lointain, et qui faisaient peu usage de clones, ni enfin et surtout des Doms, occupant dix fois plus de systèmes, et dont la population était farouchement neutre.

Le "Grand-état-major" fut établi sur Mars. Dès lors, après la connaissance exacte des points de résistance et des zones détenues par les fédéraux, un vaste plan de défense fut mis en place. On ne parlait pas d'offensive pour la simple et bonne raison que l'état-major savait qu'en détenant des points-clés nécéssaires à la victoire, c'est l'ennemi qui viendrait à lui. Son rôle se borna donc à recencer les points sensibles et à organiser la défense au mieux avec les moyens disponibles, qui étaient assez considérables. Enfin, il fut décidé de monter un organisme d'espionnage et de rensignement, dont le rôle allait se révéler décisif par la suite. Avant que ce dernier se mette en place, on ignorait ou et avec quelles forces les fédéraux allaient frapper.

Récit d'un aide de camp du général Martien SOGFO-Skilover, en 3722:

"Le grand-commandeur des forces Spartaques, était, de tous, le plus soucieux. Il passa ses nuits à éliminer méthodiquement tous les points-clés situés dans des zones difficiles d'accés et à estimer les moyens locaux des fédéraux. Au final, la défense allait se porter sur 34 sites d'importance stratégique. Or, défendre ces points avec une telle dispersion de forces relevait de la gageure. Contre un assaut en règle groupé des fédéraux, aucun de ces points ne pouvait survivre durablement, et l'on ne pouvait les renforcer qu'en en dégarnissant un autre..."

Au sein de cet état-major, on organisa donc avec la plus grande attention la centralisation des renseignements, et leurs report sur une carte tridimensionnelle sphérique représentant le bras d'Orion. Les relais chuzen avaient étés tous déplacés pour ne pas être détruits, car les cartes de l'ennemi n'avaient pas étées mises à jour depuis le début de la guerre. De cette façon, le grand-commandeur disposait des forces locales et pouvait les envoyer rapidement par les routes hypespatiales encore opérationnelles en cas d'attaque, une faculté que ne possédait pas l'adversaire, tant qu'il ne s'emparait pas des ces portes.

Or ces dernières n'étaient protégées par aucun système de défense et pouvaient donc êtres accessibles aux fédéraux dès le début du conflit. Mais le passage des portes n'était possible que par l'obtention d'un "pilote", un drone qui se fixait au vaisseau et lui permettait de se centrer parfaitement dans la porte. L'obtention d'un pilote s'obtenait par un codage payant, moyen de rétribution ancien des compagnies exploitantes. Or, ces codes furent tous changés dès que le conflit commença, les clones locaux jouant parfaitement leur rôle, et les fédéraux se trouvèrent dans l'impossibilité de les franchir sans risques. Pour ne pas risquer une décéllération partielle en cours de route ( fatale ), les fédéraux tentèrent d'installer un système sur leurs vaisseaux pour se passer de ces pilotes, sans aucun succès. Faute de pouvoir donc emprunter les portes, ils commencèrent à en priver leur adversaire en les détruisant. Mais leur action fut entravée par la position lointaine de ces portes, et leur défense opiniâtre par des engins de combat modernes déployés par les clones durant la première phase du conflit. Désormais, les seules portes encore intactes, étaient celles défendues par des escadre d'intercepteurs rapides basés dans des stations orbitales proches, servant d'ateliers et de dépôts avant le conflit.

Les planètes-capitales étaient protégées donc par des stations orbitales dotées de systèmes de détection et de tir, tandis que des "flottes" furent constituées avec les moyens du bord, prêtes à appareiller vers les portes les plus proches, en vue d'y stationner ensuite en alerte. Ces flottes disparates étaient constituées de vaisseaux civils ( les vaisseaux de guerre n'existaient pas au-dessus de la classe d'un chasseur orbital, petit vaisseau à faible autonomie et faible vitesse, mais véloce et meurtier ). Dérivant des patrouilleurs de la police des douanes, ils furent améliorés et mis en production en un temps record. En 3713, les clones pouvaient compter sur 40 000 chasseurs, et en 3720, sur 150 000. Mais un autre problème se présenta: Le manque de pilotes qualifiés. Si les clones diposaient des vastes ensembles pour la production industrielle des fonctionnels, sabotés par des commandos fédéraux, mais réparés promprement, ils pouvaient mettre sur pied des millions, voir des milliards de clones en un temps record. Mais la définition de patrimoines génétiques adaptés aux fonctions exigées par une économie de guerre nécéssitait des dizaines d'années de recherches.

Ce temps, l'état-major Spartaque ne l'avait pas. De toute évidence, il fallait parer au plus pressé. Les premiers "pilotes" de série furent donc dérivés du "modèle" des pilotes-douaniers, avec un entraînement après coup sur les nouveaux chasseurs. Le processus se répéta ensuite pour les équipages de vaisseaux de guerre alors en construction: il s'agissait des "marins "civils" courants des cargos, méthaniers et autres vaisseaux affrêtés par les grandes compagnies, recevant ensuite des entraînements spécifique. Ils ne devenaient pas les meilleurs dans leurs domaines, pas autant que l'auraient étés des clones spécialement conçus, mais restaient fiables et relativement polyvalents, ce qui n'était pas négligeable. Mais par-dessus tout, ils recevaient une formation politique leur expliquant les enjeux de la guerre et le sens de leur lutte pour la libération de leurs semblables. C'était la meilleure des motivations possibles.

Mais le problème du clonage ne fut pas résolu pour autant: Touts ces clones devaient bénéficier d'une alimentation en protéines autre que celle -sinistre- dérivées des corps des clones "désactivés"... Or, ces grandes planètes riches en industries étaient également pauvres en surfaces cultivables ou en pâturages, en fermes aquacoles et en ressources halieutiques en général. Les planètes voisines, lorsqu'elles étaient terraformées, fournissaient ces denrées. Mais il arrivaient que ces dernières soient aux mains des fédéraux. Les mondes Doms étaient aussi de grands exportateurs de denrées comestibles, mais leur neutralité apparente était inféodée à leur sens traditionnel des affaires et à un manque de vision politique. Loyales en dépit de tout, elles restèrent fidèles à la fédération et hostiles aux "rebelles". de fait, elles interrompirent leur fournitures aux planètes passées dans la "rébellion", mais continuaient à fournir généreusement les fédéraux, à condition que ces derniers assurent la protection des convois.

Ce fait eut pour conséquence d'entraîner une pénurie rapide de certaines denrées et un quasi-rationnement des populations. Le "conseil clonique", un organisme collégial regroupant clones seniors, sommités dans leur domaine, et natifs plus polyvalents, s'installa dans le parlement et fonctionna comme une sorte de grand gouvernement démocratique, pur tout ce qui concernait la survie de la communauté, en accord avec l'état-major. Ces derniers mirent en place rapidement une reconversion de parcs naturels, et de parcs urbains, en zones agricoles. Ils firent construire à la hâte des radeaux halieutiques tels qu'il en exista sur Wawo ( Aquaer ), chargés à la fois de la pêche, de servir de fermes en haute mer, de base flottante pour des fermes sous-marines récoltant des algues cultivées spécialement. Rapidement, tous les moyens furent mis en oeuvre pour multiplier par dix la production agricole, quitte à empiêter sur les lotissement, sur toutes les terres cultivables potentiellement, et jusque sur les pentes des montagnes, réaménagées en terrasses, dans des zones marécageuses, servant pour la culture du riz...

Après quelques années de quasi-disette, la plupart de ces mondes, grâce également à la bonne volonté des natifs, conscient de leur isolement, furent autosuffisants, et on mit sur pied y compris dans les grandes villes de petites fermes hors-sol, encourageant les habitants disposant du moindre espace éclairé à le garnir de bacs à végétaux, agrumes et racines comestibles. Faute de place pour l'élevage, le régime alimentaire se composait alors en majorité de végétaux et dérivés, et de poisson. La culture d'un dérivé de l'algue macrosomponium lavidens, déjà utilisé dans les packs dorsaux pour l'alimentation en oxygène, se développaient à très grande vitesse ( un mètres par heure ) et produisaient en abondance de gros fruits riches en glucoses et en lipides. On les réduisaient en poudre, et mélangés à de l'eau sous forme de farine, cuits, devenaient des pains tout à fait comestibles. Ce "pain de mer" développé d'abord sur Swaner, vit sa recette exportée sur les autres mondes et devenir la principale source d'alimentation journalière des Clones.

Malgré cela, il y avait toujours une carence d'alimentation pour les immenses effectifs prévus. Afin de ne pas réduire les futures troupes à la famine, mais aussi de simplifier la construction des chasseurs, blindés légers et autres engins de combat modestes, il fut décidé de les priver de clone pilote ou d'équipage. Tous seraient dérivés de la cybernétique, coûteuse mais fiable à cette époque. C'est ainsi que l'industrie de guerre Clonique put générer des divisions de centaines de milliers de chasseurs robots disponibles pour tous les sites sensibles. Bien d'autres étaient stockés en attendant l'achêvement des premiers grands vaisseaux de guerre. En la matière, les deux camps n'avaient pas d'avantage technique: Ces "flottes de combat" existaient, mais uniquement dans l'univers virtuel. Elles étaient issue de l'imagination et des travaux de chercheurs natifs à l'instigation des gouvernants, "au cas ou...". Ces bases de données avaient étées sorties du secret et circulaient librement depuis des dizaines d'années.

Leur concept se basait sur les deux qualités demandées depuis toujours à ce type d'engins, les mêmes que dans le domaine naval: La vitesse et la longue portée du tir. Les deux combinées rendaient une flotte "intouchable" sans nuire à ses performances ( pas de protection passive par exemple ), et en même temps capable d'anéantir son adversaire sans subir de riposte. Or à cette époque, les nefs tachyons n'existent pas encore - il faudra attendre 1100 ans - et les seuls vaisseaux capables de filer à la vitesse de la lumière sont en fait des "sublites", capables d'atteindre un facteur de 0,2 ou 0,3 la vitesse de la lumière au prix d'une dépense d'énergie dantesque, nécéssitant un propulseur complexe et des réserves de combustible considérables. Les deux combinés dessinaient un énorme vaisseau, peu manoeuvrant, tout juste bon à porter un arsenal longue portée. Afin de le défendre, on conçut des vaisseaux plus petits. Mais ces derniers n'étaient pas en mesure de recevoir des turbines AMAT capables de leur donner une vitesse suffisante ( tout juste 0,004 LS ). La solution retenue fut donc pour la première fois de faire en sorte qu'un de ces grands vaisseaux rapides "embarque" ses propres escorteurs. Poussant le principe, on pouvait faire embarquer par les escorteurs des engins de combat plus petits: Et ce furent les chasseurs. Afin de différencier les tailles et les capacités, on identifia ces vaisseaux par classes de croiseurs, destroyers, frégates et chasseurs. Mais dans la pratique, les clones estimèrent plus interéssant de faire embarquer plus de chasseurs-robots ( plus petits ) par leurs destroyers, lesquels leur fournissaient une protection à distance contre des vaisseaux semblables et les lâchaient au cours de la bataille, les ravitaillant au besoin.

Sur ces principes, ce n'est pas une mais huit "flottes" qui furent mis en chantier dès 3711. Chacune ne comprenait qu'un seul croiseur, embarquant ses propres destroyers et chasseurs. Plusieurs flottes pouvaient êtres groupées donnant des "escadres". Quand au commandement, les escadres étaient confiées au grand-commandeur, qui chapeautait l'état-major interarmes, et avait sous ses ordres les grands-amiraux, dirigeant les escadres, les amiraux, dirigeant les flottes et les vice et contre-amiraux, dirigeant des "flottes" composites plus modestes. Ces flottes ne furent pas intégrées dans deux escadres mais libérées afin de rejoindre leurs portes hyperspatiale et d'y rester jusqu'à nouvel ordre.

C'est ainsi que lorsque les drones-sondes en couronne autour de Swaner signalèrent la flotte fédérale, sa seule flotte de défense venait d'appareiller vers une porte hyperspatiale. Prévenue, la Iere flotte de l'amiral Clone Dubinsy fit route depuis la porte de Frostel ( alpha-4 ) à toute puissance vers Swaner, qu'elle devait atteindre en trois jours. Ce délai permit en outre aux clones d'armer des stations supplémentaires de batteries redoutables, issues des arsenaux fédéraux. Le jour venu, la confrontation fut étonnante: La flotte fédérale arriva comme prévu en vue de Swaner à grande vitesse. Jodl jubilait: Ses détecteurs n'annonçaient pas de flotte ennemie mais seulement des stations orbitales. Il allait donc pouvoir faire passer en force ses deux flottes et donc avoir une supériorité tactique théorique devant Grigrên. Mais L'amiral Dubinsy savait que les détecteurs fédéraux n'étaient efficaces qu'en ligne droite. Arrivé peu de temps avant, il fit placer ses vaisseaux "derrière" swaner, par rapport à la flotte fédérale. Lorsque cette dernière survolerait à vive allure Swaner, elle la contournerait et passerait inévitablement sur la position des clones, en embuscade. C'est ce qui se passa. Essuyant des tirs des stations spatiales, les deux flottes gardèrent leur cohérence, perdant deux destroyers, et une centaine de vaisseaux mineurs.

Puis elles continuèrent leur course orbitale et détectèrent soudain une véritable ligne de barrage de vaisseaux. Jodl, pétrifié, n'avait d'autre choix, maintenant que le rebond allait être consommé, que de sacrifier comme prévu l'une de ses deux flottes, l'autre sortant de sa trajectoire prématurément. Ses deux flottes étaient les premières constituées de façon modernes: Au lieu de cargos ou de méthaniers transformés en porte-barges et porte-chasseurs, il s'agissait de deux croiseurs, transportant à leur tour 8 destroyers, eux-même porteurs de 8 frégates, ces dernières convoyant 12 chasseurs ou 12 barges de débarquement. La "flotte-sacrifice", portant exclusivement des chasseurs, tenta de passer en force, les frégates et destroyers restant à poste. La moitié des chasseurs se décrochèrent de leurs attaches pour harceler l'ennemi au passage. Le combat fut bref et sauvage: D'emblée l'amiral Dubinsy fit concentrer ses tirs sur le croiseur: Ce dernier, en explosant, anéantirait ses vaisseaux à couple. C'est précisément ce qui arriva, et d'une manière si soudaine, que le flash de lumière fut visible cette nuit ( la bataille se déroulait devant la face de Swaner plongée dans la nuit ), tels une brêve supernova, un spectacle que suivit la plupart des habitants avec angoisse. La lueur fut comme un second soleil, irradiant le sol durant quelques secondes. La déflagration avait étée si vive que plusieurs vaisseaux majeurs clones furent gravement endommagés et des milliers de chasseurs volatilisés. Mais comme prévu, la seconde flotte, celle de débarquement, quasi-intacte, cinglait à présent vers Gigrên.

  Le contre-amiral Hassan Ectabane fit ses premières armes aux côté de Ludi Veyron, commandant le destroyer Pelops lors de la bataille de Titan en 3710. En 3712, il fut nommé commandant de vaisseau, et effectua le raid de Nuwo en 3716 sous les ordres du vice-amiral Karl Hemmering, s'y distinguant la tête de son destroyer, l'USCS Chronos. Il avait été à la suite de cette action, nommé contre-amiral. Il conduisit une escadre de 4 destroyers, prenant le commandement de la IIIe flotte lors du raid de Palmyra en 3718, mais eut moins de succés. Il fut pressenti pour prendre la tête du secteur défensif de Gigrên, à 36 ans. Rôle qu'il tint avec une poignée de destroyers et surtout un courage exemplaire, qu'il paya de sa vie, le 13 août 3723. Un croiseur fut renommé USCS Ectabane en hommage, en 3734.

L'amiral clone savait que cette flotte était passée sans encombre: Il ne pouvait pas les poursuivre, faute d'une vitesse suffisante, et préféra démobiliser ses vaisseaux pour réparations prolongées. Gigrên se défendrait seule. la géante gazeuse disposait d'une "cour" de lunes, dont certaines majeures étaient d'importants centres industriels récents, comme Gigrên 3, Gigrên 8, mais surtout les satellites de la gazeuse Gigrên-5, dont Alyottha et Palmyra. Il s'agissait de mondes Doms en début de colonisation: Les premiers dômes étaient à peine pressurisés. L'amiral Jodl ayant péri courageusement dans l'attaque de la flotte clone devant Swaner, c'est au contre-amiral Ectabane qu'échut la lourde tâche de prendre le contrôle de tout le "système" Gigrên, et surtout des stations gazières de Gigrên et de son satellite Gigrên-5. Faiblement défendu, le secteur ne pouvait recevoir de renforts: La VIe flotte clone se trouvait alors "à portée", mais son secteur de protection étant vital, il fut décidé de la laisser sur site. Le grand-commandeur Thron, nommé le premier à la tête du grand-état-major Martien, avait la hantise des opérations de diversion. Tant pis pour la perte de Gigrên, Swaner et ses arsenaux disposaient de vastes réserves, au moins jusqu'à ce que la flotte de Dubinsy soit de nouveau opérationnelle et en mesure de reprendre Gigrên. En 11 mois à peine, les équipes des arsenaux Swaniens, travaillant d'arrache-pied, parvient à remettre en fonction les vaisseaux de la flotte. Elle fut rejointe par la XIe flotte, constituée sur place. Ayant un avantage numérique manifeste, l'amiral Dubinsy appareilla à la tête de son vaisseau, le croiseur "liberco", premier du nom ( Libération ).

La bataille de Gigrên fut, contrairement à celle de Swaner, une véritable bataille rangée, "classique". Les forces, sur le papier plaidaient en faveur des clones, à 2 contre 1. Mais cette supériorité était encore plus écrasante tactiquement, grâce aux chasseurs-robots clones et à leur utilisation. Après un voyage de 5 jours à pleine puissance, la Iere et la XIe flottes arrivèrent en vue du satellite de Gigrên le plus lointain, gig-5-12, au coeur de la couronne d'astéroïdes. Le jour suivant, ils "rebondissaient" sur l'orbite de Carbomallia, et enfin se préparèrent à croiser celle de Palmyra, la base supposée de la flotte fédérale. Les fédéraux de leur côté, avaient mis les 11 mois à profit pour débarquer leurs troupes sur Palmyra, la grande planète tellurique du secteur, et prendre d'assaut ses dômes agricoles pour ravitailler ses troupes. Puis il cingla vers Gigrên même et opéra des débarquements méthodiques sur les stations et mines de gaz de la supergéante. Les mineurs clones avaient reçu 'ordre formel de ne pas résister et de ne pas faire sauter les stations. On pensait en haut lieu les reprendre rapidement. Les méthaniers locaux en revanche étaient eux sabordés, privant ainsi les fédéraux de toute capacité à envoyer des réserves de méthanes ou que ce soit. Ces derniers étaient donc réduits à conserver le secteur jusqu'aux renforts promis. Or ces derniers dépendaient de la prise par la IVe flotte fédérale de la porte hyperspatiale de Nuwo. Mais le gros des forces clones s'étaient justement concentrées localement, et la bataille inégale qui s'engagea signa la perte de la IVe flotte. La nouvelle de cette défaite n'arriva jamais. En revanche, les patrouilleurs avancés d'Ectabane repérèrent quelques heures avant leur arrivée les deux flottes clones. Ce dernier fit sonner le rassemblement, et sa flotte, ne disposant que de ses frégates, peu armées, et de ses destroyers, se déploya.

Dubinsy n'avait aucune tactique particulière. Il voulait simplement engager la ligne de bataille fédérale, et l'user jusqu'à rupture, afin de tester sa flotte: La rapidité de la destruction de Jodl devant Swaner l'avait quelque peu déçu. Comme il le déclara plus tard dans ses mémoires, Jodl lui avait "volé sa victoire".... Le combat s'engagea dans l'obscurité de la lune de Gigrên, Palmyra. Manifestement, les clones étaient largement supérieurs en nombre. Ils alignaient deux croiseurs, 24 destroyers et 2400 chasseurs. De son côté Ectabane faisait face avec ses 8 destroyers et 64 frégates. Mais les frégates, ravitailleuses et transporteuses, n'étaient guère conçues pour soutenir un combat contre des unités légères, n'ayant que quelques armes à longue portée contre les destroyers. Surtout, sa flotte n'avait embarqué que des barges de débarquement et ne disposait d'aucun chasseur, sinon les quelques patrouilleurs du croiseur. Ce dernier, suite à une menace d'avarie de ses fragiles turbines AMAT, était resté devant l'arsenal de Gigrên, le seul capable de le recevoir. Ses canons à longue portée ne furent donc pas présents. Ectabane jouait gros en engageant le combat sans ruse: il espérait retenir les clones suffisamment pour recevoir le renfort de son croiseur, une fois ses risques d'avaries contrôlés, à quelques minutes de là, ou bien de la IVe flotte, dont il était toujours sans nouvelles. Des patrouilleurs d'arrière-garde devaient lui signaler son arrivée.

Sans surprise, Dubinsy fit d'abord donner ses chasseurs. Les unités lourdes restaient à l'arrière-garde, déployées, mais sans ouvrir le feu. Le test concernait d'abord les nouveaux chasseurs-robots de la flotte. Ces derniers s'occupèrent d'abord des frégates, détachées pour les occupper. Elles ne le firent pas longtemps: Mal défendues et peu véloces, elles n'échappèrent pas aux vecteurs atomiques lancés par ces hordes de chasseurs et furent rapidement décimées. De son côté Ectabane fit ouvrir le feu à ses destroyers sur les unités lourdes avec ses armes à longue portée: Il n'enregistra la perte d'un unique destroyer: Les autres, employant force brouilleurs et manoeuvrant habilement, évitèrent les tirs fédéraux. Mais bientôt les fédéraux se trouvèrent privés de leurs frégates, décimées en un temps record. Sans même attendre qu'elles soient toutes hors de combat, les chasseurs clones fondirent sur les destroyers, et ceux-ci mieux défendus, commençèrent à "éclaircir" les escadrilles ennemies. Mais leurs tirs à longue portés furent annulés pour concentrer leurs effort sur leur défense rapprochée.

L'aide de camp d'Ectabane se rappelle: "L'amiral était silencieux, les yeux rivés sur les écrans de la passerelle, il regardait les hordes de moustiques enragés cribler ses pachydermes. il se tourna vers moi avec un sourire nerveux, tenant plus du rictus ironique, et me souffla... "Mon royaume pour une poignée de chasseurs..." ".

Dubitatif, Ectabane regardait ces chasseurs harceler apparement sans dommage ses 8 géants. Les pertes en chasseurs avaient étées considérables. Mais son inquiétude grandissait :"mais qu'attendent les unités lourdes pour ouvrir le feu?". Le jeune amiral se trouvait seul au monde. 12 minutes après un harcèlement constant, son petit staff d'officier fut secoué en tous sens tandis qu'une lueur aveuglante remplissait l'écran. Le destroyer le plus proche venait de sauter!. Comment est-ce possible? Personne n'avait de réponse: Aucune arme portée par les chasseurs n'en était capable, et on avait pas détecté le moindre tir des unités lourdes restées en arrière. Alors? Ce qu'Ectbatane ignorait, c'est qu'une frégate endommagée avait survécu aux chasseurs et avait demandé l'autorisation d'entrer dans le hangar protégé du Destroyer... et que fidèlement à la tactique élaborée, un des chasseurs-robots, encore porteur de ses vecteurs atomiques en avait profité pour pénétrer dans le saint des saints en même temps que la frégate, au prix du sacrifice de ses deux acolytes. L'instant d'après le chasseur clone se faisait sauter avec ses armes, pulvérisant le destroyer de l'intérieur, volatilisant ses turbines toutes proches. La tactique de Dubinsy portait ses fruits: Il dispersait l'attention des destroyers et frappait au point sensible. Mais personne autour d'Ectabane ne semblait le comprendre. On commandait des rapports de pertes avec frénésie.

 

L'amiral Clone Spartan Dubinsy.

Spartan était le nom d'emprunt choisi par beaucoup d'officiers clones. Dubinsy celui de l'acronyme, très déformé, de sa fonction première... Il prit la tête de la Iere flotte ( premier croiseur Liberco ) lors du raid sur Alyottha puis lors de la bataille de Swaner, par laquelle il détruisit les forces de Jodl, et celle de Gigrên où il écrasa les maigres forces d'Ectabane, avec la IXe flotte commandée par le vice-amiral Agolmis. On le vit ensuite, toujours à la tête de la Iere flotte, mener le raid de Casco en 3733, puis celui de Chimo en 3738, avant d'être engagé dans la campagne de Procyon. Il y survécut, et participa au début de la campagne autour de Rangoon. Il y fut tué lors d'une des premières batailles orbitales, en 3739. Il avait alors 51 ans et contrairement aux autres clones, était un clone asiate Dom originaire de Chimo, engagé après avoir dit-on rencontré Gritlibater en 3721.

Quelques minutes plus tard, de nouveau, le choc et une lumière violente: La force de la déflagration fit vaciller les destroyers de leur position intiale: Ils s'en allaient en dérivant: Un second destroyer venait de se volatiliser. Ectabane semblait abbattu, sans réaction. Après un mouvement de flottement, son officier de pont qui lui demandait des ordres sans succés décida d'un coup de tête de prendre le provisoirement commandement: Il fit rassembler les destroyers restants et leur donna l'ordre de tenir la ligne. L'instant d'après, Ectabane sortit de son ahurissement passager et décidait après des hésitations et faire volte-face, et route sur le croiseur. Voyant cela du pont-amiral du Liberco, Dubinsy donna l'ordre de "nettoyer" la zone. On imagine l'horreur des équipages survivants des frégates endommagées, dont l'habitacle se décompressait inexorablement, loin de toute planète joignable par leurs propres moyens... Dans sa fuite "tactique", Ectabane laissait derrière lui 4560 survivants condamnés à une mort longue et atroce...

Le premier-maître Agton, resté à bord du croiseur, suivait en même temps avec angoisse la bataille et les efforts de ses ingénieurs pour fiabiliser les turbines du croiseur. Il gardait tous ses hommes à poste, prêts au combat, afin d'appareiller au plus vite. Il vit avec horreur la disparition brutale des deux destroyers, puis le repli de son amiral. Mais n'ayant pas de communication, il se préparait à recevoir les survivants à couple et à appareiller à ses riques et périls, ou bien à faire face aux flottes poursuivantes. Dubinsy attendit de réintégrer ses chasseurs avant de se lancer à sa poursuite. Ce répit permit à Ectabane de prendre des nouvelles du croiseur et de donner ses ordres. Son premier-maître l'informa des risques qu'il y aurait à apareiller. Mais telle n'était pas l'intention d'Ectabane: Il voulait s'embosser devant le coiseur pour le combat final, profitant de sa puissance de feu. De plus, l'arsenal bénéficiait de la présence d'une base de chasseurs ayant étés capturés sans coup férir lors de l'assaut, et des défenses opérationnelles de l'arsenal. En refusant le sabotage de ses installations, le commandement clonique en avait fait cadeau aux fédéraux...

Les 6 destroyers se redéployèrent devant le croiseur. Ce dernier se sépara de son dock et vint présenter son flanc, tous systèmes en alerte. Les pilotes avaient rejoints les chasseurs. Toujours pas de nouvelles de la VIe flotte? Soit. Mieux valait périr en combatant plutôt que de risquer la destruction de la flotte sur un appareillage à haut risque... Chacun s'apprêta à faire son devoir. De son côté Dubisy décida de ne déployer que ses grosses unités, ses chasseurs, à couple, étant rechargés en armes. Un combat longue distance s'engagea. Mais la supériorité numérique des clones les autorisèrent à concentrer le tir de deux unités et plus sur une seule: Ainsi chacun des six destroyers fédéraux étaient pris à partie par quatre cloniques, et les deux croiseurs s'occupaient du vaisseau-amiral d'Ectabane, qu'il venait de rejoindre et sur lequel il venait de hisser sa marque. Cette fois, les dégâts des deux côtés étaient considérables.

Au lieu de disperser ses tirs, Ectabane les concentra sur l'un des croiseur, pariant qu'il était à la tête de l'escadre clone. Ce fut effectivement le cas. Dubinsy et son état-major furent secoués par des impacts, on signala rapidement des avaries. Ayant reçu la confirmation que les chasseurs étaient prêts, il ordonna à la première vague de partir. Ectabane de son côté fit donner toute l'escadrille basée à l'arsenal. Là encore la supériorité des clones étaient manifeste: Le chasseurs fédéraux, de modèle ancien, étaient moins véloces et rapides. Mais par-dessus tout, ils n'étaient que 60 contre les 450 qu'ils affrontaient. Un combat tournoyant s'engagea, sans espoir. Courageusement les pilotes de ces chasseurs empêchaient les clones d'utiliser leurs armes lourdes sur les destroyers. Mais la seconde vague se lança à son tour, alors même que les chasseurs fédéraux avaient étés anéantis. Pris à partie à la fois par des tirs bien ajustés des unités lourdes et des nuées de chasseurs, les destroyers périrent les uns après les autres. De sang froid, Ectabane fit apareiller son croiseur dans une manoeuvre insensée: Faire donner toute la puissance de ses turbines au milieu de la flotte adverse...

Son état-major au grand-complet, sur le pont amiral, regardait Ectabane retirer religieusement sa casquette en signe de deuil. Tous l'imitèrent. Et l'instant d'après, tombait, couvert du cri de mille poitrines ( "Vive la fédération!" ) l'ordre fatidique: "donnez pleine puissance des turbines, cap sur la flotte ennemie"... Le croiseur était entouré de myriades de chasseurs hostiles, mais les batteries s'étaient tues, détruites l'une après l'autre. Le géant n'en avait cure: Il filait à présent droit sur le croiseur-amiral de la flotte Clone. Dubinsy, qui ne comprenait pas la manoeuvre de son antagoniste, donna l'ordre à ses chasseurs d'arrêter à tout prix le géant. Soudain, l'un d'eux parvint à envoyer un vecteur à l'arrière, par une tuyère ionique éteinte. ils avaient trouvé le point faible.

Une explosion nucléaire dans la chambre de combustion, non loin des réserves de Lintinium, provoqua un incendie bref et dévastateur. La chaleur gagna rapidement les turbines, et ce fut le drame. Sur le pont-amiral du Liberco, tous vacillèrent en arrière, se protégeant les yeux: Une vague de chaleur radioactive pénétra leur corps, qu'ils ressentirent jusque dans leur moëlle épinière. L'instant d'après, l'onde de choc les projeta à terre. Puis, se relevant à peine, les officiers secoués entendirent la sirène anticollision. Se protégeant comme ils le purent, ils furent projetés comme des fétus de paille à travers l'habitacle : Un destroyer fou venait de les percuter sur le flanc, à grande vitesse. Revenus de leur commotion, les officiers survivants, dont l'amiral Dubinsy donnèrent l'ordre de rassembler la flotte, dispersée comme sur de la glace. Il n'y avait plus de croiseur fédéral, et à la place une forme lumineuse indistincte, un reste de combustion. La supernova fut visible depuis Swaner...

Quelques débris tournoyaient cependant. L'un d'eux, possédait quelques survivants à bord... Il s'agissait de la passerelle-amirale du croiseur!. conçue pour la survenance d'une telle explosion, la passerelle pouvait se séparer de vaisseau. Lors de l'annonce de l'incendie, l'un des officiers avait eu sans ordres le réflexe de décrocher la passerelle du vaisseau. l'instant d'après cette dernière était projetée par une force herculéenne. Capturée, la passerelle livra son sinistre chargement: 12 corps, atrocement brûlés, fumant encore: les radiations avaient pénétré dans la base de la passerelle et les survivants étaient ceux qui au hasard se trouvaient protégés par un relief à l'intérieur du module. Parmi ceux-ci, Trojani, l'aide de camp de l'amiral. Il survécut assez pour rencontrer Dubinsy et fut traité et soigné avec les plus grands égards. Les autres officiers périrent quelques jours après. Trojani à son tour s'éteignit un mois après cete bataille. Il parvint à faire enregistrer ses mémoires et à basculer en viwo. C'est l'un des témoins-clés de cette bataille du côté fédéral.

4- La campagne de Procyon ( 5-7 mars 3738-31 avril 3744 )

Après le désastre de Gigrên, le système Alpha Centauri passa définitivement sous la coupe des clones. Les planètes doms furent contraintes par la force à leur livrer des ressources alimentaires après un accord commercial les reconnaissant comme la nouvelle autorité du système. Procyon et ses vastes industries était un autre objectif prioritaire de la fédération, d'autant que le parlement fédéral s'y trouvait. Le gouvernement en exil ( sur Sirius ) prit des mesures d'exception pour à son tour lancer la production de clones en masse et débloquer des fonds pour de nouvelles escadres. L'ordre donné était que chaque système qui le pouvait se constituerait ses propres forces. Néammoins la perte de l'escadre de Chabiran ( IIIe flotte ), flambant neuve, dans un assaut résolu des clones alors que cette dernière était encore en phase de tests, sonna le glas des projets d'offensives pour un temps reculé. La fédération n'avait plus les moyens de résister au choc. Cette vérité associée au fait que l'opinion entamait ça et là un revirement, commença à fragiliser les bases du gouvernement de Sirius.

Le prochain objectif des clones était, dès le début de la guerre, de s'emparer du système Procyon. Ancien, ce dernier constituait l'un des plus grands centres industriels de la fédération. Or, contrairement à ce qu'il arriva partout ailleurs, le révolte locale des fonctionnels, d'abord victorieuse sur Nuwo, avait échoué à reprendre la couronne extérieure et notamment Loryan, et les forces fédérales bien menées par Danton Abrek, avaient pu reprendre l'initiative et lancer plusieurs offensives victorieuses sur la couronne de Loryan, commandant les ressources industrielles majeures de Procyon. Après 6 mois de préparation, Abrek lança une dernière offensive ( la bataille de Langtah ), puis entama une longue campagne terrestre sur Nuwo même. La tentative de reprise en main des Funchals avait échoué et avait étée réprimée de telle sorte que l'immense majorité des clones Nowiens indécis, qui balançaient encore entre loyalisme prudent et préoccupations de classe, resta indifférente au sort des clones des autres systèmes. Le commandement clone n'ignorait pas que les principaux avantages que permettait la détention du système était de pouvoir reconstituer rapidement de nouvelles capacités offensives. La fédération disposait ainsi d'un instrument de choix, dont il fallait impérativement la priver. On comptait sur une offensive classique, mais aussi sur l'action d'une "cinquième colonne", et du revirement de la masse des clones locaux qui pour l'instant n'avaient pas d'autres choix que de faire tourner l'industrie de guerre fédérale.

Tels étaient les enjeux lorsque fut nommé comme chef d'état-major l'amiral Funchal Gandor ( plus tard grand-amiral ). Ce dernier nomma tous ses subalternes et mit sur pied la flotte qui devrait porter le fer sur Procyon. Les préparatifs étants fort longs, il était prévu de fondre sur le système en 3738, notamment en vue de jouer à plein les effets de rebond des masses gravitationnelles. Procyon et Sirius, de plus étaient proches de 6 années-lumières. Sirius était véritablement le centre ultime de la défense Fédérale. Procyon était donc le dernier bastion à prendre avant l'assaut final qui mettrait fin à la guerre. La flotte clone, conçue au sein de l'anneau portuaire tout récent de Bachroon, une lune de la périphérie de Solsys, devait joindre la planète la plus proche, Aldenia, remettre en fonction la porte hyperlite, puis de là joindre Koka, avant de fondre directement sur Procyon. Il y avait également l'option de prendre sa plus proche voisine, Lutansar, un autre système Dom, à peine à une année-lumière de Procyon. Mais il y avait un écueil de taille: Cette dernière était "derrière" Procyon en regard de la route suivie. On pouvait la joindre qu'en passant par le système de Procyon même. On se résolut donc à faire son possible pour rassembler les forces nécéssaires à Koka.

Pas moins de trois flottes furent constituées à Koka pour cet assaut: "Gamboren", "Tedla" et "Nolath", nommées d'après des officiers morts au champ d'honneur à Proxima Centauri. En fait il s'agissait des XVe, XXe et XXIe flottes, basées sur trois croiseurs Liberco. Leurs effectifs étaient fraîchement constitués et la dotation des trois flottes représentait un total de 72 destroyers, 432 frégates et 432 OPAC*, 54 360 chasseurs. En face, les défenses fédérales constituaient en un unique croiseur ex-civil, le USCS Victorious assisté de 23 destroyers Barracuda, issus des chantiers de Rhonia ( Loryan-7, Procyon ). En terme d'effectifs de chasseurs ces derniers étaient largement surclassés. Néammoins, les fédéraux avaient un atout dans leur manche: Danton Abrek, qui s'était vu accorder le commandement en chef de toutes les forces Procyones et comptait bien résister aux Funchals. Dès lors qu'il se doutait que son système était stratégique pour les clones, il s'efforca de développer les moyens d'une défense efficace avec les importants moyens locaux. En l'espace de trois ans, le temps qu'il fallut aux clones pour rassembler leurs trois flottes et appareiller sur Procyon, il développa plusieurs lignes de défense, mais mieux, considérait plus efficace d'attaquer dans un secteur tactique important et d'attirer le gros des forces Clones dans un formidable piège.

*OPAC: Orbital Planetary Assault Carrier: Les vaisseaux de débarquement planétaires lourds des Spartaques.

a-La bataille de Rhônia:

Les vastes dimensions du système et sa configuration faisaient que la prise du système Loryan, et en particulier de Loryan-7 plus connue comme Rhônia, était capitale en termes de ravitaillement et de maîtrise des principales industries du secteur, donnant un net avantage pour l'offensive finale sur Nuwo. Sachant cela, Abrek rassembla ses forces et fit appareiller le Victorious rapidement sur Rhônia, qui localement disposait déjà d'une force de 23 destroyers flambants neufs issus de ses chantiers orbitaux. L'idée d'Abrek était vieille comme le monde: Il devait envoyer une avant-garde sur les forces Spartaques, escarmoucher avec elles, puis se replier sur une partie de la flotte. Là, sachant ses effectifs insuffisants, il aurait feinté une nouvelle retraite et aurait été poursuivi jusqu'à Rhônia même. Mais sur place il avait bien pris précaution de construire de nombreuses stations armées de lance-vecteurs à têtes multiples qui devaient en principe "éclaircir" les escadrons de chasseurs-robots. Par ailleurs, d'autres batteries d'engins d'un modèle encore inédit devaient s'en prendre directement aux croiseurs. Les flottes ainsi occupées ne prêteraient pas attention alors à l'autre partie des forces Fédérales, en l'occurence du croiseur Victorious, partant de l'autre côté de la planète pour "atrapper" l'arrière-garde Clone.

Cependant, le 5 mars 3738, le haut commandement Funchal n'avait pas pris de précautions suffisantes pour s'informer plus avant par ses propres éclaireurs, et se leurrait sur la faiblesse des forces adverses. Le plan de bataille de Gandor se basait sur une supériorité de moyens Funchals considérable, et estima pouvoir diviser l'offensive en trois vagues; La première serait menée par la flotte Tedla. Elle devait investir Lusaga, la principale lune de Jabiru, et y contrôler les industries de pointe de ce monde. Elle devait ensuite rallier le gros des forces à Loryan, en prenant position autour de Tantrinia, dont les chantiers faisaient partie des plus prolifiques du sous-système Loryan, et sécuriser la zone. La flotte Nolath devait filer droit sur Nuwo, tester les défenses Fédérales, les combattre seule le cas échéant, puis attendre les deux autres flottes pour le débarquement final de forces terrestres. Enfin la flotte Gamboren ( XVe flotte ), sur laquelle l'amiral Gandor portait sa marque, devait de son côté rallier directement le sous-système Loryan, sécuriser les arsenaux de Rhonia, et ses "domes à blé". Elle était en effet le "grenier" du système Loryan entier. Elle attendrait ensuite la flotte Tedla, puis appareillerait vers Nuwo pour l'assaut final.

Le 5 mars donc, les trois flottes arrivèrent aux points prévus. La flotte Ganboren arriva le 7, alors que Rhonia aparaissait, superbe et immense, sur les écrans du croiseur, et détecta les forces d'éclairage fédérales, quatre "drones", en faction depuis Janvier. Ces derniers repérèrent et annonçèrent la venue de Gandor. Aussitôt, Abrek fit appareiller 10 de ses 23 destroyers. Quatre heures plus tard, ils étaient "à portée de fusil". Heureusement pour les fédéraux, le croiseur Liberco XV n'était pas plus que les autres doté d'armes à très longue portée. Surpris, Gandor n'eut que le temps de lancer la "décompression" de la flotte ( Les destroyers, à couple, se libèrent, puis libèrent leurs frégates, qui à leur tour lancent leurs chasseurs ). Ce sont donc les chasseurs, qui en se déployant, devaient fournir un premier rideau défensif au croiseur. Les MDM-N du croiseur furent lancés l'un après l'autre, mais ils étaient limités à 300 km, contre 5400 pour les nouveaux LRN23 des Barracuda fédéraux. Qu'importe. On les avait réglé pour exploser à distance au moment où les vecteurs ennemis arriveraient dans ce rayon de 300 km. Cependant, à Mach 45, les missiles fédéraux parcouraient 130 km à la seconde... Ils filèrent donc au travers de la première ligne de défense formée par les chasseurs qui devaient exploser en les interceptant frontalement. Ces derniers étaient alors à 1800 km... Dès le départ, les 10 Barracudas commandés par le contre-amiral Sobhran Mingtuo avaient effectué un tir de saturation et lançé leurs 2560 LRN en même temps...

Une fraction d'entre eux fut interceptée, mais les autres, environ les trois quart, arrivèrent dans la zone des 300 km ou la lenteur du tir des MRN ne pouvait constituer un rideau suffisamment dense. On estime qu'environ 120 missiles furent détruits sur cette "seconde ligne". Aussitôt les scopes du Liberco détectèrent les nombreux vecteurs en approche et en une fraction de seconde se déclencha la défense automatisée de courte portée en lançant simultanément les 512 CM-N. Puis, toujours dans la même fraction de seconde, ce furent les 32 batteries laser qui entrèrent en action. Avant même de réaliser que les vecteurs ennemis étaient passés à travers le rideau de chasseurs, une formidable déflagration de lumière envahit la passerelle, grillant les écrans par son intensité. Dans le même temps, le croiseur, une énorme masse de douze millions de tonnes, était secoué comme un prunier. Sa protection active classique sous la forme d'une ceinture supramagnétique permit d'"étendre" le choc de plus d'une cinquantaine de vecteurs, bien plus que ce qui était supportable: Chacun d'eux provoquait une secousse de 350 kilotonnes...

Le résultat immédiat fut que le croiseur, qui avait été construit selon un tel cas de figure, avait une souplesse permettant un certain niveau de vibrations. Mais le cap ultime avait été franchi et il se brisa en plusieurs sections assemblées de manière à pouvoir être disloquées le cas échéant sans provoquer de catastrophes de décompression. Et c'est ainsi que le Liberco XV, complètement submergé par l'impact de l'attaque, était désormais séparé un cinq tronçons, aucunement indépendantes l'un de l'autre: Le second tronçon, qui comprenait la passerelle-amiral, ne pouvait se mouvoir ni se protéger sans le dernier, celui du compartiment de la propulsion et surtout des surgénérateurs AMAT... Abasourdi ( plusieurs officiers avaient étés tués par le choc ), Gandor, blessé au thorax et les deux jambes brisées, mit du temps à réaliser l'ampleur du désastre. Son croiseur-mère était anéanti, lui-même se trouvait dans une carcasse n'offrant pas plus de protection que sa simple double-coque... A la merci du moindre chasseur. La violence du choc avait également coupé les générateurs d'énergie intermédiaires qui alimentaient les batteries laser. Ainsi le Liberco était entièrement livré à la défense que pouvaient assurer ses destroyers... Heureusement, Gandor put louer l'ingéniosité de la conception des Liberco: La pressurisation était intacte, et les dispositifs de communication d'urgence fonctionnaient. Il lança un appel à sa flotte, l'un des destroyer rompit donc la formation pour filer vers l'épave. Cinq minutes plus tard, Gandor, porté par quelques survivants montait à bord et y hissait sa marque. Pendant ce temps, la situation évoluait. Les Barracudas se rapprochaient afin d'être à portée pour lancer leurs propres chasseurs.

Les escadrons de chasseurs-robots avaient en grande partie explosé, souvent trop tard, au passage des missiles fédéraux. Désormais ils n'étaient plus que 418, dont la moitié était des MF1 à moyenne-portée. Les chasseurs fédéraux Blue Fly n'étaient de leur côté que 480 pour l'ensemble des destroyers, mais il étaient bien mieux armés et rapides, à défaut d'être maniables. Un formidable "Dogfight" s'engagea alors que les destroyers se rapprochaient pour pouvoir mettre en oeuvre leurs huit batteries laser à longue portée. De leur côté, les 12 Black Prince protégeaient les 12 autres Black Drakon amphibies restés sagement en arrière. La bataille, ne se déroulait pas comme prévu. Gandor avait perdu son vaisseau-amiral et les capacités de sa flotte s'en trouvaient singulièrement réduites: Il n'aurait pas la mobilité lui permettant de rejoindre à temps Nuwo. Tout comme Abrek, ce dernier misait sur des forces supérieures et n'escomptait pas au départ un assaut direct; Il fut au départ furieux de l'initiative de Mingtuo. Mais le résultat inespéré fit qu'il s'empressa d'autoriser un engagement total des destroyers, et envoya en renfort les 13 Barracudas restants. Il décida aussi de faire appareiller de toute urgence le Victorious afin de trouver les deux autres flottes qui ne lui avaient pas étées encore signalées. Il savait cependant aussi qu'en cas de rencontre avec les deux autres flottes combinées dans un secteur mal protégé comme Nuwo elle-même, il aurait eu le dessous. Il devait donc impérativement désormais débusquer l'une ou l'autre flotte et l'attirer dans le piège de Rhônia.

C- La bataille de Rangoon (3760-3777)

La plus féroce bataille d'usure de cette guerre fut incontestablement celle menée sur et autour de cette petite planète tellurique de Nikhta-5. Cette planète était particulièrement riche en gisements de Lintirium, le combutible primaire des coeurs de turbines sublites. Sa possession aurait donné au camp possédant la possibilité de construire des turbines AMAT des croiseurs mères en quantité inépuisable, s'octroyant ainsi un avantage industriel sans précédent. Produire du Lintirium artificiel était bien trop complexe et coûteux. La planète était donc convoitée dès le début du conflit.

Lorsque les forces des deux camps furent prêtes à lancer l'assaut vers ce monde, fraîchement colonisé par des doms d'origine asiatique, d'où son nom, ces derniers comprirent que leur planète deviendrait un champ de bataille et se préparèrent à le quitter en masse et fuir vers les mondes voisins. 13 000 Doms Rangooniens émigrèrent ainsi entre 3756 et 3759, les derniers vaisseaux croisant une flotte funchal approchant. Cette flotte était commandée par l'amiral funchal Oscar Nantochan, dit "le vétéran", de son ancien nom OSCAR-3426 ( O pour Officier, S pour Senior, C pour cavalry- les forces d'intervention rapides, A pour Army, R pour Reserve. ). Nantochan, en dialecte Pastouran, du nom de sa planète "natale", Pastourani, alias Debhra-3, signifiait le "vieux renard". Il venait de remporter une victoire "à la phyrrus" contre les forces humaines, la IIIe flotte du contre-amiral Yerkes et la XIIe du contre-amiral Ramensky. Ce qu'il restait de sa propre flotte était un croiseur-mère réparé à la hâte, une véritable épave, mais dont la turbine fonctionnait encore, et embarquant seulement un cinquième de son effectif initial.

Il se sattelisa autour de rangoon et ses troupes l'investirent. Rapidement, il mit en place des équipes de recherche de ce précieux matériau et fit édifier des bases surmontées de blockhaus sur tous les gisements. Or les services de l'état major humain, basé sur Procyon, venaient de mettre au point une offensive de grand style destinée à reprendre le système solaire. Cinq flottes avaient étées mobilisées. Cependant la défaite de Yangin crée un vide dans le dispositif "sud" du bras d'orion qui devait être comblé de toute urgence. La bonne nouvelle arriva rapidement que ce secteur n'avait rien à craindre, car la flotte de Nantochan l'avait déserté. Mais une mauvaise nouvelle tomba peu après: La flotte avait investi Rangoon!

La situation était critique pour les humains. Après avoir perdu Solsys, centre politique et historique des systèmes de la confédération, et une partie de leur dispositif de l'intérieur du bras d'orion, les coupant de leurs plus précieuses planètes industrielles, et l'élimination de deux flottes et officiers expérimentés, les Funchals menaçaient de s'appropier la production de masse des turbines AMAT, ce qui leur permettait de disposer à terme d'une supériorité matérielle écrasante. L'offensive sur Solsys fut ainsi différée à l'unanimité et les moyens reportés vers Rangoon. Deux flottes, les plus proches, la XIIIe et la XIVe, flambant neuves, furent dépêchées vers le système de Nikhta-5, une géante gazeuse du système Nikhta. Leurs objectifs étaient doubles: La première n'embarquait que des chasseurs de combats athmosphériques et la seconde des chalands de débarquement. Au total, elles allaient déployer dans la bataille 115 000 hommes et 7680 chasseurs.

Vaisseaux et appareils de l'USC ( forces fédérales ):

En haut: Appareils d'assaut planétaires du type Albatros SSF35. Livrée des destroyers standard Barracuda, Fiche tech. du Barracuda, Fiche du croiseur USC Formidable, Fiche du USC Courageous et autres croiseurs convertis, Fiche croiseur standard type I.

Au milieu: Fiche tech. frégate standard Dog, Bird, Fiche tech. OLCM, Fiche tech. OLCL, Blue Fly, Wisel.

En dessous: Appareils déployés avec la XIVe flotte:

-OLCM type 54 - Une barge de débarquement orbitale moyenne. Longue de 30 mètres, deux réacteurs athmosphériques, larguage en orbite basse. Un système de microtuiles en céramique assurait la protection lors de la descente athmosphérique. Ces engins déployaient deux ailes rétractables et se posaient comme des planeurs, utilisant également un générateur antigravité et les réacteurs pour se freiner. Poids 54 tonnes à vide; emport: un détachement soit 30 marines équipés.

-Frégate standard type Hounddog. Longueur 210 mètres, pesant approx. 46 000 tonnes, emport 48 barges orbitales type OLCM 54 ou 96 chasseurs standards athmosphériques. Opère en orbite basse. Peu armé, réintègre son destroyer porteur après larguage.

-Un destroyer de la classe Barracuda. Long de 470 mètres et pesant approximativement 320 000 tonnes, il embarquait 10 frégates standard, chacune emportant des chasseurs ou des barges de débarquement orbitales type OLCM. Chaque destroyer avait ainsi la capacité de déployer 480 barges de débarquement, soit 14 400 hommes, ou bien 960 chasseurs athmosphériques. il avait également une capacité d'appui feu orbital, et d'escorte du croiseur-mère.

-Croiseur-mère USC Devastation. Fer de lance de la XIVe flotte, ce vaisseau hyperlite emporte toute la flotte, soit 8 destroyers type Barracuda, et par extension, 3840 barges de débarquement ou 115 200 hommes ou un mélange de chasseurs athmosphériques et de barges de débarquement. Longueur 1860 mètres, poids approx. 2 456 000 tonnes. Equipage 3566 hommes, vitesse maximale L 1.3. -8 Turbines AMAT couplées.

A ces forces, les Funchals ne répliquaient qu'avec deux garnisons de 4000 hommes, dispersées en détachements sur les différents sites d'extraction du Lintirium. Le vaisseau-mère en orbite haute possédait lui-même encore quatre destroyers sur les 8 d'origine, mais seulement deux étaient réellement opérationnels, et une force d'environ 1260 chasseurs-robots. Mais ces derniers contrairement aux engins humains n'avait pas de capacité athmosphérique: Il s'agissait de chasseurs de combat orbitaux, une différence de tactique fondamentale qui expliqua la défaite des deux flottes de l'USC. Ces petits chasseurs insaisissables par les batteries des vaisseaux de l'USC pouvaient infliger de lourdes pertes aux barges et chasseurs athmosphériques pendant leur descente orbitale, période de grande vulnérabilité. L'amiral Nantochan n'avait d'ailleurs pas d'autres projets que de réitérer sa stratégie et tout son état-major était confiant. On se réjouissait même à l'avance d'un possible anéantissement des deux autres flottes de l'USC, ce qui aurait pour conséquence de faire renoncer à la confédération toute offensive en dehors du système de Nikhta et libérerait les flottes Funchal en reconstitution dans de nombreux secteurs. Ce "grignotage" des moyens déployés par l'USC aboutirait à leur faire déposer les armes, d'autant que la possession de Lintirium en si vastes quantités n'annonçait rien de bon pour ces derniers.

Vaisseaux des Funchals ( FLA - Funchal Liberco Army ):

Le jour venu, les détecteurs des deux flottes confédérales signalèrent la flotte funchal en orbite autour de Rangoon. L'amiral Solkande, commandant les deux flottes depuis le pont du Devastation, et le vice-amiral Loewry, qui commandait le Resolution, croiseur de la XIIIe flotte, étaient réunis une dernière fois pour faire un état de la tactique choisie. Ils igonraient cependant les moyens dont disposait Nantochan et se préparaient à une diversion organisée par les destroyers de la XIIIe flotte: Ces derniers devraient ouvrir le feu sur le croiseur, tout en lâchant leurs frégates qui iraient larguer leurs barges, assistées des deux croiseurs-mères, dont le Devastation, qui aurait préalablement lâché ses destroyers pour qu'ils mènennt à bien la protection du débarquement dans un autre secteur.

Le plan se déroula comme prévu. Les destroyers de la XIVe flotte ne furent pas inquiétés, tandis que les deux croiseurs assistés des destroyers se rapprochèrent du croiseur ennemi, le Liberco III. Ce dernier avait lâché au dernier moment ses deux destroyers opérationnels en couverture, équipés de tous les chasseurs robots-disponibles. Contrairement aux confédérés, les funchals ne disposaient pas de frégates, seulement des destroyers embarquant des centaines de chasseurs, ce qui évitait les manoeuvres intermédiaires de séparation. De plus, ces chasseurs-robots opéraient depuis des "cales" dans les flancs mêmes de la coque, et venaient s'y amarrer pour un ravitaillement. Des cales grandes ouvertes et fortement protégées par des batteries permettaient aux chasseurs endommagés de s'y réfugier. Mais la programmation de ces chasseurs-robots avait étée revue par l'amiral et chacun devait servir d'engin-suicide en cas de dommages. On n'avait pas le temps d'effectuer quelque réparations que ce soit. La tactique choisie était d'opérer des raids massifs sur les défenses pour les occuper, tandis que les escadrilles restantes, lourdement chargées de missiles balistiques nucléaires attaqueraient les frégates en séparation. Rien n'avait été prévu à cause du sous-effectif pour les frégates de la XIVe flotte qui procédaient à leur débarquement à 5000 km de là.

Dans un premier temps la tactique de saturation porta ses fruits: Au prix du sacrifice d'un tiers des chasseurs sur les défenses des destroyers, quelques un franchirent le barrage et parvinrent à lancer leurs engins qui firent des ravages considérables: Un destroyer fut gravement atteint, un aurres détruit, se rompant par le milieu, et une centaines de frégates anéanties avec leur chargement. Mais plus de la moitié des chasseurs athmosphériques furent largués comme prévu. La défense de ces destroyers, bien plus vive et efficace, surprirent les officiers de Nantochan. les rapports des pertes s'accumulaient, de plus en plus alarmistes. Un heure après le début des opérations, le combat avait atteint son apogée: Le Liberco III engageait simultanément le Resolution et le Devastation avec ses armes à longue portée. Ses propres destroyers opérationnels détachés avaient étés détruits par les "Barracuda", en surnombre. Tous ses chasseurs-robots avaient étés anéantis par un barrage de feu d'une puissance encore inédite. Le Liberco III se voyait maintenant privé de ses mailleurs défenses et obligé de tenir tête maintenant aux destroyers restants, sans que ses ingénieurs soient parvenus à rendre opérationnels ceux qu'il comptait encore sur ses rails d'amarrage.

Mais il restait une carte à jouer au renard: Son vaisseau avait subi des dommages sérieux mais sa turbine était encore opérationnelle. Il largua ses destroyers chargés des stocks de bombes et de missiles thermonucléaires non utilisés et se prépara à effectuer un saut dans l'hyperespace sous un déluge de coups. Une minute plus tard, le commandant en second du Devastation signala à la passerelle l'entrée au combat de quatre nouveaux destroyers ennemis. En réalité ceux-ci étaient incapables de se mouvoir mais faisaient feu par des systèmes automatiques pour donner le change, protégeant le Liberco III qui fit son saut. Au même moment où les deux amiraux se réjouirent de la fuite de leur adversaire, une série d'explosions dantesques secouèrent les destroyers, alors même que les deux flottes s'en étaient dangereusement rapprochées. Trois destroyers subirent des avaries de dépressurisation et souffrirent de la perte d'une centaine d'hommes. Mais la flotte rebelle avait étée anéantie, et plus important encore, le débarquement, loin de là s'était passé sans encombre: Pas le moindre chasseur athmosphérique ennemi ne vint à leur rencontre. Ne rencontrant qu'un ciel vide, les chasseurs de la XIIIe flotte se rassemblèrent et menèrent des attaques sur les objectifs terrestres assignés: Les sites d'extraction subirent un feu d'enfer, au moment même ou leurs défenseurs voyaient du ciel descendre des milliers de chalands gorgés de troupes.

La suite fut un affrontement rapide et sanglant. Se battant jusqu'au dernier homme, souvent tués par les chasseurs ou les tirs des frégates en orbite basse, les garnisons funchal furent décimées. Bien souvent les marines n'avaient plus qu'à nettoyer des champs de ruine. La victoire des confédérés était totale, mais les installations devraient êtres réparées: Prévoyant cet assaut, les officier avaient partout donné l'ordre de piéger les installations. Elles sautèrent avec les dernières troupes funchal qui subsistaient encore, dont les officiers. Le message parvint rapidement à l'état-major terrien, qui enfin recommença à croire en un retournement de fortune. Les deux flottes avaient parfaitement rempli leur mission,avaient essuyé peu de pertes, tout en détruisant la flotte adverse, et surtout c'est Rangoon désormais qui fournirait le combustible des turbines à la confédération. La fuite du Liberco III ne fut d'ailleurs pas unanime: Beaucoup avaient estimé que le croiseur avait été brisé par les tirs et explosé en même temps que les destroyers.

De son côté en fuyant, Nantochan laissait derrière lui à la merci des forces faibles, et livrait la planète à la confédération. Mais il sauvait son précieux croiseur ( et sa peau diront beaucoup ), son précieux chargement ( des milliers de tonnes de lintinium ), et cinglé vers l'arsenal de Bagos, à 12 AL de là. Il serait immobilisé pendant deux ans, mais il avait le mérite d'exister encore. L'état-major Funchal, partagé, estima pour partie que Nantochan avait fait de son mieux à la fois pour retardrer l'inévitable et en même temps sauver un de ses meilleur croiseurs, d'autres lui reprochaient de n'avoir pas mené une "mission-suicide". Mais lorsque tous constatèrent l'étendue des dégâts, il lui fut concédé que son vaisseau ne pouvait plus combattre et aurait été sacrifié sans pouvoir même espérer approcher l'ennemi. Plus important encore, les capteurs du vaisseau avaient enregistré toute la tactique et les capacités des unités d'un genre nouveau, déployés pour la première fois par la confédération, et sur lesquels il faudrait désormais compter. de plus les ingénieurs du Liberco III firent remarquer qu'une autodestruction du vaisseau aurait provoqué immanquablement également celle de ses turbines AMAT, certes des flottes adverses, mais surtout une dangereuse irradiation de la planète elle-même, avec des conséquences inconnues pour le comportement du Lintinium.

Cet épisode ne fut que le premier d'une longue série de prises et de reprises qui s'étalèrent sur plus de 17 ans. Trois ans après ces évênements, le "vieux renard" était de retour à la tête de 4 flottes, la sienne propre, avec un Liberco III réparé et modernisé, et trois autres, les Jestec II et III et Amaling. L'Amaling était d'une nouvelle génération, équipé d'une muliturbine AMAT gorgée de Lintinum pur. Il était deux fois et demi plus rapide que ces prédécesseurs et embarquait deux fois plus de chasseurs. De plus, les chasseurs étaient d'un nouveau modèle, avec un équipement leur permettant d'emporter plus d'armes, d'être encore plus véloces et réduits tout en pouvant le cas échéant servir de bombe thermonucléaire.

Les confédérés de leur côté savaient que les Funchals se préparaient à ce retour. Au lieu d'envoyer des forces directement vers Rangoon, ils tentèrent d'organiser une véritable embuscade. Les XIIe et XVe flottes, aux ordres de Saterjee et de son vice-amiral se posteraient en orbite autour de Badonni, la seconde lune de la gazeuse géante Nikhta IV. Au même moment, convergeraient des systèmes Palgurda ( Groombridge 32-45 ) et Altair deux autres flottes aux ordres de Stutz et Limberg. L'"embuscade" devait consister en une flotte-appât, celle de Linberg venant d'Altair, sur la gauche supposée du point de décélération hyperlite des forces funchales, qui était censées attirer au moins une partie des forces de Nantochan vers Sotyen, où les attendaient la IIIe flotte de l'amiral Stutz. Cette dernière était tout à fait spéciale: Elle n'était pas dotée d'éléments rapides, ne possédant aucun croiseur, mais de 16 destroyers de la classe Axe, d'un genre nouveau.

Ces derniers devaient grâce à leur très grande puissance de feu propre, ce au prix de l'emport d'aucun vaisseau subordonné, retenir, fixer, ces forces séparées des effectifs de Nantochan jusqu'à ce que la IIe flotte, celle des vétérans des batailles de Sollum et Procyon, ne surviennent pour leur barrer la route de repli et refermer la nasse. Pendant ce temps, les reste des forces de Nantochan, supposées rejoindre rangoon, passeraient devant Badonni. Là les attendaient les XII et XVe flottes qui porteraient sur eux le gros de la bataille et seraient renforcés rapidement par la XIVe flotte de Solkande, la XIIIe restant en orbite autour de Rangoon en cas d'une diversion de Nantochan.

Mais ce plan tourna court. Au lieu de décéllerer à portée de détection de Linberg, Nantochan dépassa Badonni pour "tamponner" presque Rangoon, au risque d'une erreur de calcul tragique. ( Dans le cas contraire ses vaisseaux auraient pu s'écraser sur la planète, en risquant sa destruction ). Du même coup, la XIIIe flotte, celle du jeune vice-amiral Cronmin, se retrouva en face de quatre puissantes forces adverses. La situation était critique: La XIVe flotte, qui avait apareillée depuis une semaine, se trouvait à mi-chemin de Badonni, tandis que les autres flottes se trouvaient bien trop loin pour intervenir à temps. Elles ne pouvaient pas faire de saut hyperlite sur une si courte distance et se voyaient contraintes d'utiliser leur propulseurs classiques. Dans tous les cas, les forces de renforts confédérées ne seraient pas présentes à temps pour le combat, ayany une semaine de vol à accomplir dans le mailleur des cas, et un mois dans le pire. Cronmin allait devoir résister seul.

L'impréparation de la défense orbitale était un autre point noir de la stratégie confédérale, et facilita la tâche des agresseurs. Cronmin contre toute attente, choisit de livrer un combat qu'il savait perdu: Il fit placer ses frégates faiblement défendues en barrage devant ses destroyers pour gêner les chasseurs et les tirs des unités lourdes adverses et se préparait à livrer une bataille rangée à l'aide de ses 6 destroyers encore valides ( les deux autres avaient étés endommagés à la seconde bataille de rangoon ) et de son croiseur. Les frégates, saturées d'un déluge de feu, furent anéanties les unes après les autres, générant une dense forêt de débrits qui effectivement gêna les chasseurs et les tirs. Le sacrifice avait permis aux destroyers de survivre aux plus lourdes salves de l'adversaire. Mais la disproportion des forces et le manque de batteries disponibles fit que rapidement les hordes de chasseurs trouvèrent les talons d'Achille des destroyers et les firent sauter. Le croiseur lui-même ne tarda pas à être saturé et un unique chasseur adverse parvient à se frayer un chemin dans un flanc de la coque éventré, y explosant. L'impact avait eu lieu à côté des réserves d'hydrogène liquide sous pression, lequel fit exploser l'immense coque. Le Resolution était disloqué, et la partie avant, comprenant la passerelle et l'état-major de la flotte dont le jeune vice-amiral, plongea dangereusement, hors de contrôle, dans l'athmosphère de Rangoon. La moitié de coque s'y disloqua en brûlant, et les débrits inondèrent le désert durant des heures.

Ayant le champ libre, les quatre flottes débarquèrent leurs troupes sans encombre. Elles allaient faire face aux 112 000 confédérés. La tâche était cependant peu ardue, du fait des 450 000 hommes déployés par les fonctionnels, excellents soldats clonés, et du contrôle orbital, permettant un appui au sol impitoyable. La bataille au sol dura une semaine. Après quoi, 50 000 confédérés avaient étés faits prisonniers, la plupart blessés. Rangoon avait étée reconquise. A cette tragédie s'ajouta l'erreur de jugement de l'amiral Solkande. Passé la surprise de l'annonce de l'arrivée de la flotte Funchal, et san attendre d'ordres du grand-état-major, il fit donner toute la puissance de ses turbines, après avoir fait volte-face. Solkande pensait son subordonné capable de retenir les Funchal durant quatre jours, jusqu'à son arrivée. Mais lorsque ses détecteurs rapprochés captèrent en détail les vaisseaux présents en orbite, il vit quatre flottes et non cinq, et pensa que l'une des flottes ennemie au moins avait étée terrassée. Son erreur avait étée de n'attendre aucun renfort venant de Badonni. Sans attendre, les quatre flottes de Nantochan vinrent à sa rencontre, après s'être assurée qu'aucune autre flotte n'arrivait en renfort. Le désastre qui avait frappé Cronmin se reproduisit donc quatre jours après: La XIVe flotte fut saturée par les chasseurs Funchal et rapidement défaite. Solkande paya l'erreur de sa vie: Aucun vaisseau de sa flotte ne survécut et le Devastation fut pulvérisé. Un immense champ de débris allait bientôt s'étaler autour de rangoon, sa "courronne de fer".

Les deux flottes de Badonni attendirent de leur côté sagement d'autres instruction. En manifeste infériorité numérique, elles devaient attendre les renforts de Stutz et Linberg. Un mois et demi plus tard, les quatre flottes étaient jointes en une unique escadre, prête à en découdre. Mais le grand QG confédéral déclina toute attaque. ces forces devaient se poster aux endroits stratégiques pour prévenir tous renforts tandis que l'on assemblerait une escadre de renfort, pour une nouvelle offensive prévue en 3762. L'année 3760 se signalait par des pertes effroyables des deux côtés et annonçait toute la sauvagerie future de cette longue guerre d'usure. Certains historiens par comparaison avec l'histoire terrienne ont parlé d'un "guadalcanal".

D'autres bataills survinrent avec des fortunes diverses. Lentement, tous les efforts industriels, et stratégiques portèrent sur le système de Nikhta et se plus proches voisins. La bataille d'Andoath (3765), celle de Bungy-4 (3768) se déroulèrent en effet loin de Rangoon et même du système de Nikhta mais marquaient la volonté des deux camps de se battre pour les arrières-postes du front. Qui en effet, ravitaillait le plus rapidement son camp avait des chances de l'emporter. Après la défaite de Solkande et Cronmin, les flottes restantes furent à leur tour débusquées et détruites séparément dans le système. N'ayant aucun renfort prévu avant deux ans, ce répit fut mis à profit par les Funchals pour consolider leur position sur Rangoon: On construisit quatre bases entièrement équipées pour soutenir un effort de guerre massif sur le sol même de la planète. Les quatre flottes de nantochan furent relevées l'un après l'autres et remplacées. En 3763, elles furent de nouveau en infériorité numérique: Les confédérés, qui avaient groupés leurs moyens les plus importants pour cette offensive décisive, lançèrent à la conquaête du système deux escadre comprenant pas moins de 8 flottes, dont trois flambant neuves, avec des chasseurs spécialement adaptés aux combats orbitaux.

Nantochan ne fut pas présent lors de la défaite ( néammoins courageuse ) de la XIIIe flotte de son dauphin, l'amiral "Senyavin" OJCA-23. Ne pouvant avec ses effectifs se porter sur deux fronts il décida d'attaquer la IIe escadre, la plus proche de Rangoon. Il y sacrifia son propre vaisseau et ceux des deux autres flottes présentes mais ne put obtenir la victoire. Son vaisseau étant privé d'énergie, il se fit sauter avec tout son état major pour éviter le déshonneur d'une capture. Ce sacrifice ne fit que retarder l'offensive de la IIe escadre, vite rejointe par la Iere escadre ( grand-amiral Wiscoll ). L'assaut au sol et le "nettoyage" qui suivit côuta près de 400 000 hommes aux confédérés, sans compter le million de blessés et de disparus.

Les renforts Funchals furent interceptés et détruits à la bataille d'Andoath, deux ans plus tard, laissant tout le temps nécéssaire aux équipes du génie confédérales de construire des blockhaus réputés imprenables au-dessus des sites d'extraction, adjoints de galeries souterraines comprenant des usines, centrales énergétiques, batteries de matrices de clones, arsenaux, entrepôts, hôpitaux et centres de commandement locaux. Au bout de 8 ans de travaux, les bases étaient opérationnelles et les livraisons de lintinium se faisaient continuelles. Mais la route vers les deux arsenaux, celui de Procyon et d'Altair, étaient fréquemment attaquées par des forces irrégulières, mouvements sécéssionistes au sein même de la confédération, les "abolitionnistes", dont l'importance irait croissant tout au long de la guerre.

Cependant l'étau se resserait autour du système Nikhta: Loytken ( Struve 23-46 ) et Nantya ( Groombridge 657 ), les systèmes les plus proches de Nikhta, tombèrent aux mains des fuchals, grandement aidés par les abolitionnistes. Ce fut la colossale bataille de Bungy-4, en 3668 qui décida du sort durant quatre jours. Y furent détruite la IIIe escadre au complet et deux autres flottes. Le grand-amiral Drijhad, un des meilleurs stratèges confédérés, y périt. A ce moment, il semblait que rien ne pouvait plus empêcher les forces funchal d'attaquer en masse les défenses affaiblies de Rangoon: La IIe escadre avait étée partiellement anéantie lors de la bataille de Kumaré ( Nikhta-8 ), et la Iere, qui restait à Rangoon, était affaiblie et mal ravitaillée depuis des années, sinon depuis Rangoon même qui ne se suffisait pas à elle-même. La bataille de Kumaré avait étée une victoire confédérée, sauvant les stations et mines de gaz des géantes gazeuses du système, mais avait encore rongé le potentiel défensif du système.

Dans l'interespace, entre Procyon et Nikhta, la destruction et la capture d'un gros convoi de lintinium signa la fin de ce système instauré dès les débit par les deux camps. Désormais, les confédérés allaient tenter de convoyer des milliards de tonnes de matériel vers Rangoon afin de construire un arsenal orbital géant autour de la planète et d'y produire sur place de nouveaux croiseurs. Faute d'escorte, le projet fut reporté à 3770. Cette même année cependant, une offensive risquée, avec des moyens réduits, fut menée par une célébrité montante au sein du "conseil des forces" ( l'état-major Funchal ): Le vice-amiral Vintochan, dit "jeune renard", un jeune clone du même célèbre amiral. On espérait beaucoup de ses prouesses. Au feu, il ne fit pas démentir les espoirs placés en lui: Il écrasa les restes de la IIe escadre en l'attirant dans un piège et croisa le fer victorieusement avec la Iere escadre de rangoon, rééditant les exploits de son ancêtre et inspirateur. Il ouvrit la voie à des renforts de troupes deux mois plus tard, qui déversèrent quatre millions d'hommes sur Rangoon. La reconquête fut particulièrement côuteuse pour les Funchal cette fois. Bien qu'ayant l'appui orbital et même aérien, ceux ci-se révélèrent innefficaces contre les bases enfouies au plus profond de la planète et nécéssitèrent une véritable "guerre de rats" de la part des clones Funchals.

Cette reconquête ne fut achevée avec la prise de la dernière base que un an et six mois plus tard. Des renforts supplémentaires avaient amené l'addition à plus de 6 millions de morts dans les deux camps. Mais les fonctionnels rebelles ne purent profiter longtemps des ressources de Lintinium. A partir de 3773, commença la plus longue et la plus terrible de toutes les batailles au sein même de cette longue bataille de Rangoon: Une escadre Funchal et une escadre Humaine se rencontrèrent simultanément au-dessus de rangoon: Une titanesque bataille s'engagea en orbite haute, qui ne cessa pas tant que des renforts arrivaient des systèmes voisins. Elle dura une semaine, connut une accalmie relative tandis que les combats au sol furent plus furieux que jamais: Une milliard d'hommes environ de chaque côté se disputaient les 16 sites d'extraction du Lintinium. En zone orbitale, et jusqu'à 50 000 km de là, une bataille titanesque faisait rage. Pour la première fois, des croiseurs "lourds" d'un nouveau genre, s'étaient ajoutés aux effectifs, de même que le premier "super-dreadnought", déplaçant cent millions de tonnes, furent engagés. Les pertes furent effroyables et durant des mois, des affrontements continuèrent, jusqu'au niveau des chasseurs tapis dans les carcasses calcinées des géants, qui slalomaient dans ce dédale métallique afin de se trouver et de s'anéantir. Des héros, des "as" chez les fédéraux émergèrent rapidement et furent portés au pinacle par les médias: Jode hansell, qui s'octroya 77 victoires confirmées, et Dani Saltyan, 64.

Du sol, le spectacle était dantesque, pour les troupes apeurées qui pouvaient un moment récupérer leurs forces et voir le ciel à travers la buée de leur masque mal ventilé: Ainsi décrit-elle cette expérience une journaliste - qui fut tuée quelques heures après son reportage historique, immensément célèbre:

"...Le ciel, lorsqu'il n'était pas encombré d'énormes nuages gorgés d'acide ( résidus évaporés des armes chimiques et bactériologiques ) dévoilait rarement au travers d'une voûte céleste peuplée d'étoiles éphémères, les explosions muettes des combattants orbitaux. En permanence, ce ciel était zébré d'étoiles filantes, par centaines, débris d'épaves tombant dans l'atmosphère, d'autres explosant dans la masse de nuages, provoquant lueurs de cauchemar, des colères divines, qui déchiraient soudain les volutes brun-grises en pluies diluviennes noires, hautement radioactives....

-Le sol tremblait en permanence. Au loin la lueur d'une explosion thermonucléaire éclairait un tapis de carcasses de corps synthétiques et difformes à perte de vue d'où émergeaient parfois un os, quelques tissus. D'immenses robots parcouraient ces champs de morts, détectant et aninhilant toute présence vivante, ami comme ennemi tant la confusion était grande entre les unités et les chiffres de pertes avaient dépassé tout sens commun. Au loin des lueurs remontaient du sol, venaient éclairer les parois des falaises abruptes, autant de démons dansant sans répit au pieds des reliefs noircis. Partout ou portait le regard, c'était le ballet permanent des masses minuscules des barges de débarquement qui descendaient lentement, happées souvent par quelque projectile, tombant ensuite en flammes. Celles qui libéraient leur chargement inconscient d'un tel enfer étaient écrasées sous les chenilles de quelques dreadhulks ( un "char-forteresse", nouvelle trouvaille des clones )...

-L'endroit ou je me trouve est un assemblage de restes de barges détruites, protégeant bon an mal an quelques sections du CXVIIIe corps et des unités disparates du génie. Sous nos pieds le sol est particulièrement incertain, composé de débris et de cadavres amoncelés, fondus ensembles et broyés dans une bouillie indescriptible. Bien des soldats sont tombés dans des "crevasses" résultant de ce chaos, et leur visière s'est fendue, les condamnant à une fin atroce: La surpression, la chaleur résultant de l'effet de serre, les radiations et les gaz mortels brûlent la peau et les poumons bien avant l'asphyxie. On m'a raconté que si quelqu'un avait une partie de sa peau ne serait-ce que brièvement en contact avec "l'air" ambiant, celle-ci se mettait à brunir avant de cloquer et de partir en lambeaux telle une putréfaction... Sur combien de clones à cours d'énergie et d'oxygène nous marchons depuis ces dernières heures? je n'en saurai probablement rien: La bataille pour la côte 435 ( Les contreforts est de la base Trappling, un des sites d'extraction de ce maudit lintinium ), ont fait plus de 4000 morts rien que ces cinq dernières heures. Les Clones pensent avoir liquidé les assaillants ont envoyé leurs robots nettoyer notre zone. Notre état-major orbital à été détruit et nous recevons nos ordres d'un jeune caporal aussi courageux qu'inéxpérimenté. Beaucoup d'hommes n'ont même plus la force de pleurer mais savent qu'ils ne passeront pas les prochaines heures. Seuls les clones de notre camp semblent déterminés, dont ce jeune caporal..."

La sauvagerie des combats lors de l'année 3775 fut sans précédent. L'appui au sol graduellement, était passé d'une "préparation d'artillerie orbitale" sur une zone soigneusement sélectionnée à une boucherie aléatoire ou amis et ennemis étaient mêlés: Sur une zone de combat de plusieurs centaines de mètres, lorsqu'une zone tenue par un des camps était envahie par des forces supérieures, les derniers officiers vivants commandaient le "feu du ciel", alors même que leurs propres troupes s'y trouvaient encore: Amis et ennemis étaient ainsi broyés dans un sinistre jeu de statistiques. A cette époque, l'immense majorité de combattants étaient des fonctionnels, oeuvrant pour l'un et l'autre camp. Jamais on aurait pu lever des populations assez vastes pour emporter la décision.

Parmi les armes utilisées, les tirs à haute énergie, les bombes électriques, privant d'énergie tout système sur une vaste surface, ou les missiles nucléaires ou même thermonucléaires étaient ambondamment employés. Il y avait aussi les grands classiques, des aspersion smassives de gaz toxiques et de "douches bactériologiques", issus de nuages artificiels créés en stratosphère par les belligérants. Pris et repris parfois plusieurs fois, les sites d'extraction furent "piégés" par des défenseurs et leurs galeries, hautement radioactives s'effondrèrent. A la place des bases on trouvant bien souvent un cratère béant et fumant, dans lequel avait disparu des milliers de clones. Mais toute bataille avait une fin. Alors qu'aucun camp ne semblait l'emporter, les ingénieurs humains donnèrent l'alerte: Le Lintinium récupéré, sauvé des combats, était hautement radioactif, et sa valeur utilitaire était en fin de compte nulle, compte tenue d'une décontamination trop longue pour rendre son utiisation viable. C'est ainsi que le grand état-major de la confédération renonça à Rangoon et s'en désengagea en 3777. Les Funchals fêtèrent leur victoire, pensant que leur obstination et leur opiniatreté avait finalement eu raison de l'adversité. Mais leurs services de renseignements rapportèrent un tout autre son de cloche. De là vint la plus cruelle conclusion de cette féroce boucherie: Ces 17 ans de lutte qui avaient repoussé les limites de l'horreur industrielle de la guerre, avaient été totalement inutile: C'est la sauvagerie même des combats qui avaient rendu le matériau précieux inutilisable, en dépit du bon sens.

Au final, les Spartaques laissèrent sur place quelques bases et une station orbitale de défense et se tournèrent vers d'autres objectifs. Le bilan était effroyable: En particulier pour les dernières années, mais de manière générale pour les 17 ans de lutte, Rangoon avait coûté aux Funchals 25 croiseurs, dont 4 lourds, 1 super-dreadnought, des centaines de destroyers et environ 400 000 chasseurs orbitaux et 23 millions d'atmopshérique. Sur le sol de Rangoon, près de 46 millions de chars, y compris 9767 dreadhulks, et 876 millions de robots avaient étés engagés et perdus, et les pertes "humaines" ( clones ) s'élevaient à 25 milliards, les blessés ne représentant que 0,1% du total ( secourus ), et 67 milliards de disparus. Ce chiffre énorme s'explique par le fait que les identifications furent rares et que le sol de Rangoon avait été régulièrement "labouré" par de puissants engins, et que les restes humains avaient étés dissous, mélangés avec tout ce qui se trouvait de débris à la surface du fait de la chaleur, des gaz corrosifs et des radiations particulièrement violentes: Au pire moment de la bataille, il pouvait y avoir jusqu'à 150 explosions nucléaires tactiques par jour...

Les pertes confédérées n'étaient pas moins élevées: 21 croiseurs, 6 lourds, 4 super-dreadnoughts, pour ne citer que les plus importantes pertes et sur le sol de Rangoon, plus de 60 milliards de morts et disparus confondus, des centaines de milliers de chars et engins-robots, dont plus de 5000 milliards de "nanokillers", insectes artificiels qui pénétraient dans les combinaisons et injectaient un poison mortel... Certaines bases et sites d'extraction avaient étés pris et repris près de 20 fois. Ce fut, selon l'expression restée célèbre, "le plus gigantesque gâchis de l'histoire".

Rangoon, du fait de sa zone hautement contaminée, gagna le statut de fait de "sanctuaire". Elle est victime depuis d'un puissant effet de serre proche de celui que connut Vénus avant sa terraformation. Aucun mémorial n'y est visible, mais un centre comémoratif à été installé dans une épave de super-dreadnought orbitant à 18 000 km autour de ce monde. Des débris de toutes tailles continuent régulièrement à s'écraser à sa surface depuis lors, et la zone est étroitement balisée et nettoyée depuis des siècles. Une zone d'exclusion du trafic à étée d'ailleurs établie sur un périmètre de 850 000 km de diamètre autour de ce monde.

D- La fin de la guerre:

1-La Trève ( 3778-3792 )

Rangoon avait littéralement bloqué les effectifs des combattants sur son sol et son système, et toutes les opérations annexes avaient étées redirigées pour sa capture. Au sortir de la bataille en 3678, les deux camps étaient si durement éprouvés qu'une trève fut demandée par la confédéraion et acceptée par les Funchals. Ces derniers se replièrent sur leurs 32 systèmes stellaires capturés et durant 14 ans les administrèrent en fonction des nouveaux droits accordés aux fonctionnels. Les populations 'humaines ", qui craignaient des représailles furent au contraire heureusement surprises par la bonne gestion de ces communautés mixtes, au point que lorsque la confédération parvint à reprendre deux système, la population se rebella et passa officiellement du côté des Funchals. Mais le conflit continuait dans certaines zones des systèmes colonisés: Ainsi, sur Alioth, Casco, Chimo, Cohoes, ou encore Procyon dans une moindre mesure, des bases "rebelles" étaient encore recherchées par les confédérés, et des flottes se disputaient ces systèmes.

A partir de 3792 cette trève toute relative fut rompue lors de la tentative des confédéraux de lancer une offensive sur solsys, au mépris des rapports des services secrets qui affirmaient que la population y était désormais acquise aux abolitionnistes. La confédértion mit des années à reconstituer son potentiel, alors même que les funchals étaient à présents soutenus dans tous les systèmes officiellement au sein de la confédération par un mouvement populaire de soutien. La "cause abolitionniste", et le terme de "néo-esclavagisme" n'étaient plus tabous. La confédération semblait posséder encore l'initiative mais s'épuisa en fait dans des tentatives de prendre aux Funchals leurs principaux centres industriels et grands arsenaux.

2-La guerre civile Procyonite (3796)

Mis en minorité à partir de sur 6 systèmes assez industrieux, acquis aux idées abolitionnistes, la confédération trouva de moins en moins de partisans jusqu'à ce qu'elle instaure sa mesure la plus impopulaire: Devant les faibles taux de volontariat elle imposa en 3792 la conscription obligatoire. Dès lors la contestation monta encore d'un cran. Les élections démocratiques dans de nombreux systèmes virent des candidats abolitionnistes percer et déclarer de leur côté un "cessez-le feu" avec les Funchals, toujours taxés de rebelles par les autorités officielles. Ce fut le début de la fin. L'alliance Procyo-Alphite devenait isolée, et finalement sa propre population entama une politique de refus non-violent de la guerre. Certains mouvements internes plus radicaux lançèrent des opérations contres les élites, taxées de clientélisme des grands groupes producteurs de clones, et les sièges ociaux de ces groupes eux-même. Mais ne profitant pas de cet avantage, les Funchals ne lancèrent aucun offensive : Il se contentèrent de faire au contraire une proposition de cessez-le feu sous condition, la même depuis le début: Mettre fin au régime spécial des clones, refusé systématiquement par les fédéraux.

En 3796, les troubles intérieurs au sein de l'alliance avaient atteint un point critique. Mis en minorité désomais par l'immense majorité de la population, les gouvernants de ces systèmes durcirent leur position: Ils décrétèrent la loi martiale. Mais ces derniers pouvaient compter à présent sur des troupes fiables: Les soldats spécialement créés par ces mêmes grands groupes pour surclasser les forces Funchals étaient une nouvelle génération jugée "incorruptible". Des "brutes sans âme" pour la population. Une répréssion féroce commença, les gouvernants des deux systèmes s'engageant consciemment dans une voie sans issue. Le mouvement non-violent changea alors de nature et se mua en guerre civile. Cette dernière ne dura que peu de temps: En effet, en 3797, l'appel lançé par les "rebelles" abolitionnistes de ces systèmes provoqua enfin le sursaut que tout le monde attendait: Il contraint les Funchal à leur porter secours.

3-La dernière offensive Funchal (3797)

Une offensive majeure, la dernière fut donc programmée pour la fin 3797. La première bataille eut lieu dans la couronne stellaire de Procyon: La XIXe flotte fédérale de Jumendyn tenta d'arrêter l'escadre du grand-amiral Oscar Kedhrin Pataya. Ce dernier avait un avantage numérique si considérable qu'il ménaga ses forces en ne faisant intervenir que ses nouveaux chasseurs-robtos longue portée. Ces derniers surclassèrent complètement es escadrilles de la XIXe flotte. Cette dernière, plutôt que de risquer de perdre ses meilleures unités, se replia sur Lusaga, la principale lune de Jabiru. Sur place, il y avait des stations orbitales de défense assez puissantes et des arsenaux délivrant des chasseurs. Un croiseur et 23 destroyers, qui n'étaient pas encore opérationnels, furent à la hâte mis en fonction, et le combat s'engagea. Là encore, Kedhrin Pataya sacrifia ses chasseurs-robots. Suffisamment petits, ils réussirent à s'introduire dans certaines stations et les détruisirent. Les autres saturèrent les défenses et détruisirent non seulement les destroyers les plus vulnérables, ceux qui étaient encore amarrés au grand cercle orbital de Lusaga, mais les viasseaux secondaires de la XIXe flotte. Puis, après avoir suffisamment "préparé" le terrain, Pataya fit donner le feu par ses grands vaisseaux, un super-dreadnought et 6 croiseurs, assistés de 60 destroyers. Ce fut une bataille inégale et rapide. l'Amiral Jumendyn parvint à fuir son vaisseau en perdition, mais sa capsule de sauvetage fut interceptée et détruite par un chasseur-drone Funchal.

Dès lors, les avant-postes de défense du système Procyon Tombé, les gouvernants se préparèrent à faire face, avec les restes de la XVIIIe flotte en réparation dans l'arsenal de Tantrinia, privée désormais de ses principales industries et sources de méthane ( indispensables pour les voyages interstellaires ). Privée de moyens de déplacement, la flotte fut condamnée à rester en orbite autour de Tantrinia, attendant le choc qui ne vint jamais. Pataya, bien renseigné sur l'effervecence qui régnait dans le système, fila droit vers Procyon-5, alias Nuwo, siège du parlement fédéral. A ce moment, la guerre civile avait atteint des sommets, et ravageait la planète. Un combat courageux mais inégal entre des milices populaires et des troupes d'élites fédérales surentraînées. Tournant au massacre, l'insurrection générale obligea Pataya à faire donner toute la puissance motrice de ses vaisseaux. il n'avait pas le temps de rendre opérationnelles les portes hyperlites du système. Le jusqu'auboutisme des autorités avait été notamment incité par la "traîtrise" d'Alpha Centauri, qui déclara une paix séparée à la mi-3797.

Cependant, à trois jours seulement de l'arrivée de la flotte Funchal, les miliciens parviennent à ceinturer le parlement, pourtant aprement défendu par des troupes d'élite. Ce dernier tombe et huit heures après, le gouvernement est lui-même menacé. C'est le dernier lieu dans la capitale encore aux mains des gouvernants de la fédération. Certains demandent d'en finir et de déclarer un cessez-le feu et une reconnaissance partielle de droits, quitte à revenir dessus ultérieurement. Mais d'autres, le "noyau dur", formé autour d'anciens dirigeants des trois grands conglomérats producteurs de clones, veulent quitter Procyon et se réfugier sur Langtah, si proche et plus sauvage: Elle leur permettrait de se cacher et de refonder une milice destinée à reprendre le contrôle de Langtah, puis de Nuwo à long terme. Un vote à lieu, sous la menace des quelques soldats d'élite présent. Le sort des derniers "esclavagistes" est décidé: Ils prennent place à bord de la navette protocolaire et décollent du bâtiment du gouvernement, mettant le cap sur Langtah. Les insurgés avaient récupéré une batterie antiaérienne et firent feu, sans succés.

La navette joindra donc Langtah deux jours plus tard. Sur Nuwo, la capitale, Kapta, est en liesse: Les dernières troupes résistent pour la forme, le gouvernement est pris, et la "nouvelle fédération", est décrétée. Le premier acte sera bien évidement, l'abolition du régime des clones. Lorsque la flotte Funchal arriva, ses troupes débarquèrent et parvinrent à liquider rapidement les dernières poches de résistance des troupes fédérales, aidées par les insurgents. Procyon est "libérée", la fédération toute entière déclare cinq jours plus tard l'abolition dans son parlement: Les ambassades des systèmes viennent d'êtres réouvertes, et ces derniers s'y pressent. "L'acte fondamental d'abolition", ne sera signé définitivement que 3 ans plus tard, en 3801, lorsque tous les mouvements résiduels des derniers "anciens-fédéraux" seront mis au pas. Des troupes Funchals n'attendront pas longtemps la capture des anciens gouvernants de la fédération: Le gouverneur-général de Langtah, Lyapping, laissa la navette protocolaire débarquer mais fit emprisonner immédiatement les membres du gouvernement en exil. Trois d'ente eux, les anciens dirigrants du "cartel clonique", se suicidèrent. Les autres passèrent en jugement, mais la plupart ne furent condamnés qu'à des peines de bannissement physique et à la suspension de leurs entités virtuelles.

Epilogue

Officiellement, la guerre cessa dans toute la fédération le 22 août 3800. Le nouveau régime des clones allait notamment mettre fin aux grands complexes qui jusqu'ici fournissaient en abondance des clones pour les grandes cités développées des mondes colonisés. Le clonage humain ne fut pas interdit, mais le régime des clones, ou fonctionnels, fut totalement refondu, les mettant à égalité avec l'espèce humaine "native". Le premier droit fut celle d'une reproduction sexuée, et donc de fonder une famille indépendante de tout circuit commercial. Qui plus est, les clones produits par des entreprises, devenant majeurs, étaient totalement indépendants et pouvaient le cas échéant choisir une activité en contradiction avec leur patrimoine génétique. Ils n'étaient la propriété commerciale des entreprises que jusqu'à leur naissance. Ensuite, ils étaient assujettis aux même statut que les humains "natifs". Leurs descendants pouvaient êtres des "métis" ( résultats de l'union d'un clone et d'une native par exemple ), et dès avant leur naissance, bénéficiaient des mêmes droits que les foetus humains, partie du corps de la mère porteuse ( artificiellement puisque la plupart croissaient en matrices artificielles depuis des siècles, au moins dans les systèmes développés ).

Le Bilan

Le bilan matériel de cette guerre était inqualifiable: Plus de 150 milliards de morts et disparus, les blessés étant vite remis sur pied et non comptabilisés. Tous les systèmes connus alors avaient vécu cette guerre, parfois sur leur sol ( révoltes, guerres civiles, ou combats de troupes régulières des deux camps, comme pour la sinistre Rangoon ), dans leur zone orbitale, autour de leurs satellites, d'énormes infrastructures avaient étées détruites, notamment les routes hyperspatiales, mais aussi les ports orbitaux, arsenaux, dépôts, stations de relai, mettant fin à tout trafic commercial interstellaire durant une vingtaine d'années. L'intérim fut assuré par des anciens vaisseaux militaires ( notamment les croiseurs ) reconvertis en "transports de cargos". Les destroyers furent désarmés et placés dans des réserves orbitales autour de planètes Doms, neutres ( beaucoup se firent des spécialistes du ferraillage et du recyclage à cette occasion ). Les chasseurs furent également soit démolis, soit désarmés et conservés dans de vastes réserves, d'autres étant revendus à des particuliers ou convertis pour les douanes et la police spatiale, ou les gardes-systèmes.

La folie industrielle de cette guerre avait généré une vaste production de vaisseaux de guerre dans la plupart des systèmes. beaucoup ne voulaient pas à la suite du conflit s'en séparer en faisant démolir une flotte qu'elles avaient si précieusement conçue et armée. De ce fait, malgré le désarmement en vigueur dans toute la fédération, certains systèmes furent autorisés à conserver leur flotte, ou à l'achever et à la rendre opérationnelle à des fins de "défense" locale, et sous le contrôle opérationnel de la nouvelle fédération et de son état-major. De ce fait, la nouvelle fédération gardait la haute main sur son potentiel de défense et se voyait attribuer la mise en oeuvre de ces moyens pour répondre à des menaces. La plus grave d'entre elle allait lentement monter et se faire jour, la piraterie.

Les Exfuns

Cette piraterie résultait en partie de la nouvelle politique mise en place pour les criminels: Jusque là, ces derniers, s'ils étaient clonés, étaient tués par une injection léthale asurée par les thanatologues. S'il s'agissait d'humains natif, ils étaient déportés sur un monde en début de terraformation, dans une exploitation Dom, ou bien, dans les cas plus graves, subissaient une injection léthale avec confinement de leur entité virtuelle dans un univers clos. Aves les réformes de la nouvelle fédération, la peine "universelle" était le "banissement". Le condamné devait survivre dans une zone peu connue et dépourvue de toute vie, avec interdiction de se poser sur des planètes officielles du système. Il ne pouvait survivre qu'en communautés plus ou moins cachées. Cette méthode jugée moins cruelle, permettait en outre de développer indirectement des zones peu fréquentées des systèmes stellaires. Mais cette pratique dévia rapidement de contenu et devint un exil volontaire de bien des ex-fonctionnels. Un racisme non-dit sévissait quand même dans la plupart des grands centres urbains, et la population Exfun ( ex-clonée ) subit en même temps qu'une véritable frénésie reproductice, aboutissant à une surpopulation notoire, une relégation aux tâches les plus viles de la société. Bien des exfun revinrent à des conditions de travail pas si éloignées de celles qu'ils connurent avant l'abolition de leur ancien statut. Le chômage et l'exploitation les toucha, et la cherté de la vie les contraingit à trouver leur salut dans la délinquance.

Petit à petit au fil des siècles, bien des exfun se marginalisèrent, la ségrégation se remit en place sur bien des mondes. Beaucoup furent condamnés et exilés, et bientôt, ils furent rejoints par les "exilés économiques", n'ayant plus les moyens de vivre dans les grands centres urbains, et refusés dans les nouvelles colonies ( 100% natives ). Bientôt la "piraterie" fut un terme générique qui regroupa tous ces marginaux exfun qui pullulèrent dans la courronne des systèmes stellaires anciens, se livrant à des trafics, à une criminalité multiforme, au brigandage spatial. Devant une telle situation, certains systèmes décidaient parfois de donner un "coup de balai" en mobilisant leur flotte. Mais cette situation était endémique et s'accroissait au rythme de la paupérisation des Exfun.

Elle allait, des siècles plus tard, aboutir à l'une des pires conflagrations de l'histoire: La guerre Tonite.

Contact - Liens - Infos juridiques - l'auteur

Actualités - La série - archives - Dictionnaire