G R A N D E - E X P A N S I O N
I- L'ere Supraluminique (5890-7800)
A - De l'Arche de 3624 aux premières nefs Tachyoniques (4800).
Premières expérimentations:
Personne ne renonça jamais à l'imperium des routes hyperspatiales. Le réseau au 45ème siècle était riche et bien implanté, desservant toutes des distances les plus lointaines de l'empire, toutes les étoiles les plus modestes et les plus anodines. En effet à cette époque, en progressant que par "sauts de puce", laborieusement, de système en système, l'humanité était parvenue à tisser un vaste réseau qu'empruntaient cargos, méthaniers et vaisseaux-colonie.
Le trafic était considérable: Des milliers de vaisseaux, des
dizaines de trillards de tonnes de matériaux et matériels divers
transitaient sur ces routes hyperspatiales.
Il y avait un organisme de contrôle, appelé de manière
générale "contrôle spatial-SpaCon". Ce dernier,
qui changea régulièrement de place en fonction de l'extension
de l'empire, était un fait une station de transmission par ondes Chuzen
( Neutrinales ). La première station se situait sur Pluton (2900),
mais rapidement, celle-ci migra autour de Ross 248 (Shenandoa), à dix
années lumières. Elle y resta de 3454 à 4820. Puis ce
fut le tour d·Alpha Corvi, à 48 années-lumière
de la terre, une étoile brillante qui sera une destination incontournable
du premier empire. Les routes hyperspatiales étaient gérées
par de gigantesques consortiums, lesquelles pouvaient prétendre utiliser
les brevets des condensateurs AMAT et de produire les complexes portes et
relais. Le principe de base en était toujours l·obligation de
Mettre sur place en service la porte de ·sortie·, et après
plusieurs tentatives ( des milliers ) au cours desquelles les sondes envoyées
se matérialisaient au coeur d·une planète, d·une
étoile ou même d·un gros astéroïde, ou encore
d·une nébuleuse, le ·chemin· hyperspatial était
enfin trouvé par correspondance entre les deux portes.
Avec le temps, les consortiums coloniaux en question avaient pris pour habitude d·envoyer une première sonde dotée d·un formidable générateur Chuzen, très rapide et chargée de recueillir sur place toutes les informations destinées à faciliter le choix des stocks et emports en désignant la ou les planètes terraformables, avant de mettre au point le plan détaillé des opérations coloniales, échelonnées sur des siècles. L·énorme vaisseau-colonie qui partait, ne disposait que du même propulseur que la sonde, avec une puissance cependant multiple, mais aussi une masse largement supérieure. Arrivé sur place quelques siècles plus tard, sa première tâche était de mettre en place les structures industrielles qui permettraient de construire les parties rudimentaires de la porte, le reste, les modules et matériaux de haute technologie, étant embarqués. La porte de sortie mise en service, il restait à effectuer la correspondance grâce à des réglages simultanés de chaque côté de cette route. Le consortium l·empruntait alors pour envoyer d·autres vaisseaux spécifiques, disposant d·une propulsion moins perfectionnée puisque faisant appel au méthane, abondant et économique, et des milliards de tonnes de matériel lourd destiné à lancer la terraformation des mondes visés.
estimant ensuite que l·envoi de milliers de colons en hibernation
était une aberration, on mit en place l·envoi d·un sonde
·porteuse de gamètes·, beaucoup plus facile à
stocker... La fécondation, la naissance des futurs colons se faisait
vers la fin du voyage, de sorte que la colonisation commençait lorsque
ceux-ci avaient l·âge requis pour y participer pleinement. Ce
principe fut d·ailleurs porté à son paroxysme avec les
nefs nanocarbonées, dont la seule masse permettait un saut dans l·hyperespace.
Les routes appartenant aux consortiums, ceux-ci faisaient payer lourdement
tous les vaisseaux étrangers aux systèmes dont ils avait assuré
la colonisation... De sorte que ceci aboutissant à des abus criants,
à un véritable protectionnisme, la fédération
humaine, comme d·ailleurs pour la question de l·appartenance
juridique des systèmes colonisés aux investisseurs de ces opérations
coloniales, trancha dans le vif en 4110, déclarant que les consortiums
ne disposaient que d·un ·bail· destiné à
ce qu·elle rentrent dans leurs fonds après une exploitation,
laquelle fut sévèrement contrôlée. En règle
général, ce bail était centenaire, de sorte que toutes
ces routes finirent par appartenir au ·réseau public·,
libre de droits, la technologie permettant au système de fonctionner
en parfaite autonomie. Avec cette ·gratuité· des routes
hyperspatiales, la colonisation prit un nouveau départ. Les effets
s·en firent pleinement sentir cinq siècles plus tard. Cependant,
en 4600, certains envisageaient une solution plus simple que celle des portes
hyperspatiales, complexe et laborieuse. Pour des raisons de coûts à
court et moyens termes de recherche au sein des consortiums, une solution
alternative fut sommairement étudiée. Il faudra l·intervention
de la commission de colonisation, future guilde des Concolles, pour ces technologies
s·améliorent et atteignent leur maturité.
Les premiers essais, menés en 3608 à 3655, concernent l··arche·,
un vaisseau qui a acquis avec le temps une valeur mythique. Conçu virtuellement
par des travaux antérieurs au 37ème siècle, il ne prendra
corps qu·en 3625. Le principe était relativement simple: On
connaissait fort bien l·usage des portes hyperspatiales, et on pensait
simplement équiper un vaisseau de sa propre porte de sortie ·déployable
en avant·. Celles-ci, précédant le vaisseau, devaient
lui permettre de passer à travers elle pour se matérialiser
et sortir de sa course, ce dernier devant lors de sa plongée hyperspatiale,
grâce à des instruments de mesure du champ hyperlite, ·rompre·
cette route peu avant de se matérialiser au milieu d·une étoile,
planète, ou tout autre corps à gravité massive. A partir
de là, ses propulseurs classiques à fusion d·hydrogène
( les turbines AMAT n·existant pas encore ) devaient faire le reste.
Or, la fiabilité des portes embarquées était loin d·être
évidente, car cette technologie était encore l·objet
de recherche, et était loin d·être parfaitement fiabilisée,
à telle enseigne que le premier vaisseau ( on ne pouvait faire d·essai
avec des vaisseaux réduits tant la complexité même des
portes réclamait des dimensions cyclopéennes ). Ces essais furent
précédés d·une séries d·expérience
d·interruption de croisière hyperlite au sein d·une route
hyperspatiale par des engins spécialement conçus.
Le coût extravagant du vaisseau nécessita des années de
mise au point et de prise de données de comportement virtuel, avec
une débauche de simulations hyperréalistes. Il y avait toujours
cependant le ·mur· de l·incertitude totale des réactions
et interactions au sein d·un environnement si instable, qui rendaient
mois crédibles ces expériences. Le temps étant un vieil
ami des augmentations de coût, il fallait un jour procéder à
l·expérience en ·grandeur·. De sorte que l·arche,
qui avait subi un milliard de modifications depuis son lancement, se lança
pour de bon le 16 juin 3648, du calendrier universel de l·ancienne
ère.
Le vaisseau pouvait se matérialiser dans une sphère de 46 années lumières, ce qui rendait tout repérage difficile. Cependant ce dernier avait à bord une bombe à antimatière sensée exploser un cas de matérialisation dans les temps, ce qui augurait d·une petite supernova observable plus facilement. Malheureusement, on observa rien, sinon une légère augmentation de luminosité passagère de l·étoile Epsilon Andromède, à 44 années-lumière. L·arche était perdue, avec la quasi certitude qu·elle était sortie de son périple au coeur d·une étoile, et en l·occurrence de cette dernier, ou bien qu·il avait réussi mais s·était matérialisé contre toute attente à des centaines voire des milliers d·années lumière, ce qui rendait tout repérage impossible.
Ne pouvant conclure que sur hypothèse, la première mission ·Arche· fut considérée perdue définitivement, lorsque l·observation attentive du spectre d·Espilon Andromède révéla une signature correspondant à une lente augmentation de son activité après un refroidissement soudain, signe de l·action supposée d·un vortex d·antimatière en son coeur. La seconde ·arche·, déjà sur plan en 3646, fut lancée à son tour en 3655. Mais cette fois, le mauvais réglage de la porte de sortie provoqua un accident de matérialisation, avant même que le vaisseau soit ·en vue· d·un corps astral massif. Cet accident, qui signait la chute du consortium Transtellar, dissuada tous les autres de faire de même. On se replia donc sur la technique éprouvée des routes hyperlite à sens unique. Les progrès se firent dans le domaine des turbines AMAT, permettant de gagner des fractions de vitesse-lumière, avec le risque cependant de la maîtrise de forces considérables et d·une instabilité dramatique.
On note en 3785 une étude virtuelle particulièrement complète de Smella Dachine, qui mettait l·accent sur les erreurs des arches basées sur les technologies sorties depuis lors. On pensait alors utiliser un procédé de ·masse critique·, du même principe que celui des trous noirs et autre corps hyper massifs exotiques. Encore fallait-il pouvoir créer devant le vaisseau une déchirure spatiotemporelle qui ne provoque pas la destruction du vaisseau lui-même, ce dernier risquant de voir sa matière propre s·ioniser à la sortie d·un tel phénomène. Un tel équilibre était encore illusoire avec les technologies dont on disposait. Après Dachine, on entendit plus parler de vaisseaux hiperlite générant leur propre champ hypergravitique. D·autres études revenaient effectivement sur le principe d·un vaisseau embarquant ou générant sa propre ·porte de sortie·. On notera celle de Han Pallava ( 3798 ), Ken Shibuya Donji ( 3811 ), Amar Lapis et Luttha Goodmyne en 3832.
Si les consortiums avaient pratiquement abandonné le principe même d·un vaisseau hyperlite, échaudés par la disparition de la Transtellar, l·idée ne fut pas complètement abandonnée dans les hautes sphères du pouvoir Terrien. sur ce terrain déserté par les concols Marso-Alphites, le terre mis sur pied une recherche active de systèmes de propulsion qui pourrait à terme lui donner un avantage considérable sur sa rivale de toujours. Bénéficiant à présent du soutien des élites Vénusiennes, elle mit sur pied un vaste programmes d·essais virtuels jusqu·en 4250, destinés à tester par des intelligences artificielles démiurgiques, la meilleure sélection de solutions. L·absence de réponses scientifiques afin de raffiner la programmation se mua en jeux d·hypothèses à degrés multiples, qui demandaient des puissances de calcul considérables. Mais l·avance technologique Martienne était encore redoutable. A la conclusion de la campagne d·essais en 4250, Mars avait mis en pièce les résultats obtenus en sortant les résultats de tests secrets pratiqués sur d·anciennes routes hyperspatiales, notamment d·interruption de parcours hyperlite, prouvant encore s·il en était besoin, l·impossibilité absolue d·y parvenir. L·idée du vaisseau hyperlite se trouvait de nouveau en sommeil pour des siècles.
L'origine trouble des nefs tachyons
La solution vint de la façon la plus étrange et mystérieuse qui soit. En réalité nous connaissons maintenant l·hypothèse la plus probable, ignorée mais surtout cachée pendant des siècles. A la base, il y a la commission de colonisation. Il s·agit d·un organe de contrôle démocratique, émanation de l·assemblée fédérale, et amené à prendre un poids considérable par la suite. Au début de son histoire, bien avant sa fondation en 2915, l·idée existait d·un organe de contrôle ·éthique· de la colonisation spatiale. Dans l·hypothèse plus ou moins probable où l·homme rencontrerait ue forme de vie, même extrêmement simple et primitive, il fallait déterminer si sa présence sur ce monde, et l·inévitable ·pollution· qui en résultait, risquait de compromettre l·évolution de cette forme de vie indigène, éventuellement vers une future espèce dite ·intelligente·, ou de manière plus générale la constitution d·un biotope inédit. Derrière cette idée se profile la vieille idée de droit à la vie défendue par les anti-avortements.
Une résurgence passée à ·autres domaines après que la natalité ait été bouleversée suite aux dérives eugénistes du systèmes des matrices artificielles renvoyant la gestation comme l·accouchement aux barbaries du passé. Quelle que soit la valeur morale de son engagement, celui-ci était sincère, collant parfaitement à une certaine idée messianique de la présence de l·homme dans l·univers, apportant la vie et la préservant au besoin. Pratiquement unanimement, cette commission élabora un corpus juridique définissant l·existence de ·sanctuaires· en cas de découverte d·une vie indigène, qui devaient ad vitam eternam rester pure de toute présence, même orbitale, de l·être humain, créant un ·cordon de sécurité·, une vaste zone d·exclusion à plusieurs UA de la planète. Des condition draconiennes qui furent, malheureusement bien peu respectées, en face de consortiums omnipotents et bien décidés à faire fructifier leurs conquêtes, mais aussi de l·indigence des moyens accordés à la commission pour effectuer son travail. Des pertes irréparables pour l·avenir furent donc consommées, et même rapidement, comme en atteste les événements ayant précédés la colonisation de Procyon-5 alias Nuwo. Il est vrai que le doute est encore permis sur l·authenticité de ces formes de vie locales, et d·autre part, Nuwo était un monde qui était le plus proche du cas terrien rencontré jusqu·ici, et l·une des planètes les plus célèbres et les plus influentes par la suite.
D·autres domaines étaient également sous la surveillance de la Colcom: Le respect des règles sociales et humaines édictées dans la constitution fédérale dans l·exercice des opérations de colonisation, ce qui englobait un grand nombre de situations sur une très longue période et visait à éviter les abus commis par des groupes privés peu soucieux de leurs immigrants comme en atteste l·histoire Martienne. De manière générale, toutes les questions juridiques entrant en ligne de compte dans les droits de propriétés planétaires et leur usufruit. La Comcol fut habilité à donner son avis par exemple sur les clauses de ·prise de possession· si contestées des planètes par un groupe privé, édictant que la simple présence d·une sonde orbitale ne suffisait plus, et qu·il importait désormais d·y voir une base effective et autonome. Mais cette dernière clause fut aussi le sujet d·abus dramatiques, et il fut en dernier ressort exigé que le groupe propriétaire, ne le serait qu·à la hauteur des investissements faits, et dans la mesure où il permettait la mise en place et l·entretien d·une route spatiale locale.
Enfin, la Colcom s·occupa de cas très improbables dans le plus
grand secret, une découverte qui changea sa nature même et bouleversa
le destin technologique de l·humanité: La découverte
de vestiges d·une vie intelligente sur un monde apparemment vierge
de vie. Confinant à l·archéologie, ce type de mission
s·éloignait quelque peu du rôle traditionnel de la Colcom,
tout en restant attachée à ses racines, car il s·agissait
d·éviter que ces vestiges supposés, avant qu·ils
soient authentifiés, ne subissent les outrages d·une présence
humaine.
Or il est avéré maintenant, au regard de tout le reste, que
cette Colcom fut informée en priorité par un groupe de chercheurs
du système d·Alpha de la lyre ( à 25 AL de solsys ),
de la présence sur la sixième planète d·étranges
traces géologiques difficilement explicables par les théories
ayant alors cours. On ne sait ce qu·il en fut en réalité,
on ne peut que constater, après la réception de ces données
complètes par la commission, celle-ci ordonna la mise provisoire de
ce monde au rang de sanctuaire. Cette mesure édictée en 4318
n·a jamais été levée depuis... On peut en penser
ce que l·on veut, mais environ soixante ans plus tard, une équipe
complète de chercheurs, la plus grande expédition financée
par la Colcom fut envoyée sur place, confirmant après un séjour
de cinq ans, le statut de sanctuaire, et que la Colcom exigea de manière
plus virulente que jamais des crédits importants pour faire valider
sur le plan actif la défense des sanctuaires dont elle avait la garde.
A cette date, sur 760 étoiles colonisées ou connues, elle avait
sanctuarisé 6 planètes, ce qui était loin d·être
négligeable et prouvait si besoin était que la vie était
un phénomène des plus naturels et non exceptionnel.
La fédération, qui comptait des membres influents acquis aux
idées des expansionnistes les plus extrémistes et foncièrement
opposés dans son principe à la Colcom, se rangea pourtant après
des mois de tractations à l·avis de la commission en débloquant
un crédit inédit pour l·époque. Grâce à
ce dernier, la Comcol put mettre en place un réseau de système
de détection et de contrôle propre, en mesure au moins de repérer
les intrus potentiels et d·en alerter la fédération qui
prenait des sanctions. Le souvenir de Shemrab et Laypeda, deux sanctuaires
violés et colonisés, sans parler de Nuwo, était toujours
cuisant.
D·ordinaire, un certain nombre de rapports de recherches sont publiés
sur les planètes sanctuarisées. On ne tolère pas la présence
humaine mais au moins celle de sondes cybernétiques parfaitement stérilisées.
Or, dans le cas d·Alpha Lyra-8 ou ·Alfalira·-8, un premier
rapport fut publié sur la présence d·une vie, mais sans
préciser sa nature exacte, ce qui ne fit qu·ajouter au trouble.
Peu après, un second rapport, le dernier faisait état de simple
molécules d·acides aminés, briques de base de la vie,
des plus communes. Personne ne vérifia et Alfalira-8 conserva tout
son mystère. En observant sa surface via des télescopes orbitaux
satellisés autour des planètes voisines, on ne pouvait s·empêcher
de s·interroger sur certaines formations géologiques peu orthodoxes.
Néanmoins, l·intérêt qu·elle suscita passa,
et s·estompa progressivement.
En 4600, elle n·était qu·un nom de plus sur l·interminable liste de mondes connus de l·homme. Or, c·est au 48ème siècle qu·apparaît, pratiquement sans antécédent, le terme de ·Tachyonique·, qui bien qu·il existait depuis plusieurs millénaires, ne pouvait s·appliquer à rein de ce que l·homme avait construit. Ce dernier, bien que condamné aux ·sauts de puce· de système en système, dépensait une part considérable de son énergie à viabiliser les mondes récemment conquis, sans consacrer les fonds nécessaires à la construction d·une nouvelle ·arche· capable d·effectuer le grand saut par des propres moyens. Le ·Tachyon·, mesure de vitesse supraluminique, pouvant s·apparenter à toute la famille des particules proches des neutrinos, s·appliquait à définir ici un nouveau type de vaisseau, apparu vraisemblablement entre 4768 et 4775, et ne donnant aucune indication quant à son procédé de propulsion, qu·il faut rebaptiser dans ce cas précis ·attraction· ou encore, ·repli de la trame spatiale·.
Les vaisseaux ou nefs tachyons sont d·origine pour le moins trouble, et à mettre en rapport avec la Colcom. En 4768, une démonstration virtuelle est effectuée avec succès d·une méthode radicalement nouvelle pour opérer un saut hyperspatial. On y démontre qu·un agencement très particulier de surtenseurs et condensateurs AMAT en faisceaux concentriques sont en mesure de provoquer un repli de la trame spatio-temporelle non pas face au vaisseau, mais en son sein, dans une chambre spéciale. S·ensuit une réaction enchaîne qui ·aspire· le vaisseau tout entier dans une direction et sur une distance qui est fonction des réglages originaires. Or, qu·il s·agisse de cette ·chambre·, des ·réglages· en question, aucune recherche, aucune thèse n·en fait mention alors même que les études de dizaines de milliers d·ingénieurs qui recherchent ce saint graal de l·astronautique depuis des siècles ont été rédigées sur le sujet, mais jamais ne serait-ce qu·effleuré le principe de ces révolutions technologiques. Le fonctionnement de ce vaisseau semble donc, sur le plan de la recherche, faire partie d·une ·génération spontanée·. L·équipe d·ingénieurs qui en étaient redevables, parlent tout simplement d·une suite d·heureux hasards suite à des recherches cybernétiques à principe aléatoire. Mais tous s·accorderont à dire qu·avec les simples lois de la probabilité, la viabilité de ces solutions émergées du calcul, dans un domaine aussi sensible et pointu, relevait de la simple impossibilité logique, et que la ·chance· n·y avait aucune place!... En particulier, la faiblesse des budgets de cette équipe était pour le moins singulière au vu des résultats. On verra plus tard que l·un des responsables du projet était financé par une émanation de l·agence spatiale fédérale, et qu·elle avait été elle-même fondée par d·anciens membres de la Colcom...
Quoiqu·il en soit, la nef Tachyon file superbement hors du temps et de l·espace dans les univers virtuels, et les investisseurs se bousculent bientôt. La fédération se chargera de nommer une équipe, et la nef fut mise en chantier, avec un premier essai prévu en 4772. Ce dernier, contre toute attente, ne produit pas le miracle attendu, et est perdu. La nef se volatilise, mais également les investisseurs, qui ne croient plus aux procédés révolutionnaires mis en oeuvre. Il semble bien désormais après mille ans de recherches et de tentatives coûteuses, que le vaisseau Superlite est entaché de malédiction. On sait maintenant que l·équipe bénéficia probablement de technologies ou d·indications de recherches, mais que ces éléments étaient peut-être volontairement orientés pour créer l·illusion d·une technique balbutiante, selon la thèse de Minagata Yuho.
Toujours est-il que l·expérience fut retentée à des années-lumières de là, dans le système Mucazupi ( Mu Cassiopeia ), et en dehors de toute publicité médiatique. La nef était à peine différente, et surtout les promoteurs de cet essai pourtant historique se faisaient des plus discrets. Et cette fois-ci, la nef se rendit à 125 AL de là, autour de HR5864, rebaptisée ·Promsend· d·après une ancienne expression signifiant probablement ·terre promise·. Et, plus extraordinaire, la nef en revint sans encombre, y ayant déposé quelques sondes automatisées. Toujours dans la plus grande discrétion, le vaisseau fut séparé en tronçons et divisé en centaines de brevets, rapidement placés sur le réseau central d·information de la fédération, un moyen de diffusion considérable tout en brouillant les cartes. De ce fait, on vit dans les années qui suivirent des dizaines de compagnies de transport spatial se créer autour de ces nouveaux types de nefs Tachyons. On se surprit même à trouver cela normal, puisque les médias ne consacrèrent pas à cette page pourtant si importante de l·histoire humaine l·attention qu·elle méritait. il est vrai que d·autres événements se produisaient simultanément, dont des rumeurs persistantes de ·décorporations autonomes·, la première grande révolte des fonctionnels, et la guerre entre la fédération et la guilde des colonies Procyo-Marso-Centaurienne, dans les affres de la création du premier empire.
Et sans que toute l·humanité n·en prenne alors pleinement conscience, divisée qu·elle était, le règne des guildes des routes hyperspatiales touchait à sa fin. Désormais l·autonomie Hyperlite n·était plus un espoir. Aucune étoile ne resterait inaccessible, et déjà s·orchestraient dans l·ombre des projets titanesques d·empires couvrant de larges portions du bras d·Orion de Lactavia. Le 49ème siècle signait le début d·une nouvelle aventure, en s·affranchissant même du sens du temps et de l·espace.
B-De L·ère Hyperlite au second empire (4800-5890).
Avec la fin de la politique millénaire du ·saut de puce· ( Bugjupp ), au 49ème siècle, le premier empire passe rapidement à un domaine de plus de 50 000 étoiles potentiellement colonisables. De sorte que ne sont visées que les plus prometteuses d·entre elles. Ce ne sont plus systématiquement des classe O, B ou même A, mais surtout des F, G et K dont le rayonnement reste en mesure de ménager une modeste ZCH. Les premières, trop chaudes et irradiantes, empêchent même l·approche de leurs mondes telluriques proches. Il faudra souvent se contenter des satellites de leurs lointaines gazeuses. Mais même dans ce cas de figure, il restait des milliers de planètes à terraformer. Le premier empire commence alors à peine à constituer des zones d·exploitation basées cette fois sur des amas stellaires entiers. Le bras d·Orion pourtant vaste, est alors le nouveau territoire à parcourir. Les Doms, friands des étoiles naines ou anciennes, les K, les M, commencent à envisager de coloniser la partie externe du bras, en allant vers le centre galactique, riche en étoiles de ce type. Mais ils envisagent aussi de tenter de prendre pied autour des étoiles jeunes très brillantes, délaissées de ce fait. A terme, les Doms commencent à devenir plus agressifs que les expansionnistes. Des tensions se font jour à partir de 4920, lorsque le bord interne du bras d'Orion devient plus attirant pour les colons de ces deux civilisations.
Plus personne ne sait pourquoi, alors que depuis des siècles les tentatives de création de vaisseau hyperlite à échoué, ces derniers deviennent aussi courants et fiables en à peine une décennie. Plus personne n·y pense en vérité car le fait est là. Les chantiers débordent d·activité, mais ceux qui construisaient les portes hyperspatiales ne cessent pas pour autant leur travail: Les Nefs tachyons sont encore relativement coûteuses et vastes. Ce sont les vaisseaux les plus gigantesques de tous ceux qui furent lancés, nefs-colonie géantes y compris. De sorte que pour détailler la situation, il faut signaler qu·encore 98% du trafic spatial s·effectuait via ces portes, quant il ne s·agissait pas de vol interstellaire simple. Ces portes ont d·ailleurs évolué depuis plus d·un millénaire, et des versions ·longue portée· ont été depuis longtemps mises en service, capable de desservir deux étoiles distantes de 20 années-lumière, tout comme, dans l·autre sens, un réseau très dense de routes interplanétaires au sein même des systèmes. De sorte que la propulsion nucléaire, à Fusion d·hydrogène, populaires et très économiques, restent encore majoritaires, et que les vaisseaux à turbines AMAT, à antimatière, sont en général des cargos et méthaniers longs courriers desservant les zones lointaines des systèmes ne pouvant employer du fait de leur masse les portes interplanétaires.
De ce fait, les Nefs Tachyons, qui se situent au sommet de cette hiérarchie, jouent le rôle de ·vaisseaux mères·, auxquels ont vient greffer divers vaisseaux déjà conséquents. Les vaisseaux colonie de troisième génération, capable d·emporter eux-mêmes de plus petits vaisseaux tachyons, sont en mesure de coloniser plus d·une vingtaine de systèmes stellaires en autant d·années. Mais les consortiums ont disparus depuis des siècles, remplacées par des guildes planétaires, puis stellaires, et enfin des groupes interstellaires, seuls capables d·affréter de tels léviathans. Pour exemple, le CV-125 Thiarrowade, lancé en 4894, mesurait plus de 75 kilomètres pour près de 225 millions de tonnes. Leurs dimensions s·expliquaient, par analogie avec le premiers engins à utiliser des turbines AMAT, avec la difficulté de contenir et d·exploiter une énergie qui atteignait les limites de la décence: On avait calculé que si un AMAT implosait, il serait responsable d·une onde sphérique, un véritable raz de marée sur la trame spatio-temporelle, et d·une belle et éphémère nova. De son côté, le vaisseau Tachyon pouvait en cas d·atteinte du facteur de la masse critique, entraîner l·apparition d·un trou noir susceptible de persister sur zone durant des millions d·années. Enfin le gigantisme de ces vaisseaux s·explique par la présence de technologies très avancées et somme toute industriellement mal digérées et réinterprétées avec les moyens de cette époque, n·allant pas au-delà de l·échelle nanométrique, et remplaçant des composants rarissimes voir introuvables par des systèmes plus standardisés mais aussi plus gourmands d·espace.
Si grande expansion il y eut, elle concernait avant tout les "expansionnistes". En effet, les urbains déviants qu'étaient les virtualistes entraient en retrait de ces effectifs. Le mouvement Grinnien n'était pas encore connu et on n'entendait pas parler d'Ottowans. La grande majorité de l'humanité entrait alors dans cette catégorie volontariste. La fondation d'un empire sous-entend éventuellement un empereur. Dans le cas précis, "l'empire" n'était que le nom commode désignant le formidable agrégat de systèmes sous la férule des pouvoirs Solsysiens. Car si les terriens avaient depuis longtemps émigré sur Vénus, et le Terre sanctuarisée, ce sont bien les martiens qui constituaient la branche originelle des la grande majorité des colons. Cependant la donne avait changé à partir du début des années 4800. Le traditionnel triumvirat incarné par l'alliance Procyo-Marso-Centaurienne était battu en brèche par l'exceptionnelle réussite de nouveaux mondes dont le plus célèbre est incontestablement Ton. Gravitant autour d'une étoile située à mi-chemin entre la nébuleuse d'Orion et le noyau originel du premier empire, à 485 AL de Solsys. Ce système idéalement placé va devenir le centre d'une vaste fédération commerciale aux fortes velléités d'indépendance vis à vis de l'empire Solsysien. Les siècles passant, Ton, qui connut bon nombre d'évènements majeurs se constitua en un empire concurrent, farouchement autonomiste. Une guerre plus tard, en 5840, fut fondé le second empire, un agrégat de 225 430 systèmes stellaires colonisés.
II-Le second empire (6100-7800):
Le fait qu'un système colonisé se trouve sur une position extrêmement lointaine rendait rapide et avantageux la constitution d'un vaste ensemble de systèmes propres depuis ce noyau. C'est sur ce postulat que Ton avait été fondé et avait rapidement pris son indépendance vis à vis du premier empire. Imité par bon nombre de systèmes également favorisés, la cohésion de l'empire était fortement menacée.
Un nouveau besoin d'agréger à la fois ces systèmes dissidents sans heurts et d'une façon qui les satisfasse, et d'intégrer l'empire Dom alors rayonnant et déjà très indépendant de fait, nécessita une nouvelle entité beaucoup plus souple. Le "second empire" usurpe donc en quelque sorte un titre qui ne décrit pas la réalité: Cette nouvelle organisation n'est en fait qu'une confédérations d'empires stellaires aux pouvoirs quasi inexistants. Sa seule matérialisation consista en une assemblée, précisément installée sur une planète Dom, Veyganda, afin de ménager ces derniers. En fait, toutes les normes étaient établies par les empires fédérés, qui seuls disposaient d'une véritable autorité morale. L'acte fondateur date de 5890, l'assemblée du second empire étant installée sur Veyganda en 5895.
Le second empire comprenait 267 000 étoiles, comprises dans une dizaine d'empires, et un milliers d'unions dont les noms diffèrent, allant de la sous-fédération ( Subferecon ) à la communauté d'intérêts économiques ( Ecointecomu ). Les autres systèmes "non agrégés" faisaient partie du second empire en tant que systèmes autonomes, certains forts vastes, comme keideki ( type B2Ia ) comptant trois niveaux de systèmes captifs. Un tel système comprenant 5 étoiles et plus de 325 planètes et planétoïdes pouvait bien entendu figurer comme un empire à lui seul. Le plus vaste empire existant au sein de la confédération était bien entendu celui des Doms, tant ce dernier avait une extension exceptionnelle. Les expansionnistes ouvraient le bal mais classiquement délaissaient les systèmes majoritaires de naines rouges et brunes. De sorte que les Doms régnaient sur trente fois plus de planètes que les expansionnistes. Le fait de les intégrer au sein du second empire ne changea pas grand chose. Toutefois, malgré son immensité, l'empire Dom ne constituait pas de réelle menace pour les expansionnistes du fait de son relatif manque de cohésion. Il n'y avait que de légères structures politiques centrales à vocation délibérative, mais l'essentiel du pouvoir était délégué aux systèmes qui n'avaient pour la plupart que des relations commerciales entre elles. L'empire Tonite, suite aux accords de paix perdit son emprise politique mais pas son rayonnement culturel et économique. De ce fait, bien qu'elle fut sur le déclin, Ton restait le centre d'un empire de 133 systèmes, un pôle incontournable sur la route vers Orion.
Au début du septième millénaire, l'usage de vaisseaux-colonie géants étendit plus rapidement que jamais le second empire, qui en l'espace de 115 ans à peine avait franchi le cap des 500 000 systèmes.
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