Le "Grand Oubli"
I- Diversité de l'espèce Yuman (8900-10 000)
A - Les derniers explorateurs:
De l'utilité d'une extension sans fin.
"Les tenants de l'expansionnisme s'essoufflèrent
alors. La longue poussée de Mars dans la froide matrice trouva sa fin
par l'éclosion d'autres moyens. Elle signait surtout une décadence,
celle d'une civilisation qui croyait aux vertus de la colonisation, dernière
gardienne du droit de propriété. Ce dernier périt avec
eux et tous les oublièrent."
Mattha Zhenya, gardien des piliers du savoir, 23 766 de l'ancienne ère.
Au sein de ce vaste sujet que représente l'immense océan de diversité humanoïde autour du dixième millénaire, il est bon de rappeler les Quatre grandes philosophies fondamentales de l'ancienne ère, Les "Développementalistes", appelés aussi les expansionnistes, les "ensemenceurs de mondes", s'opposant aux "enfants de la Terre", les "néoprims", ceux qui renoncent à tout autre chose qu'à une harmonie parfaite avec la nature, les Grinniens, adeptes des modifications génétiques et du symbiotisme artificiel et enfin les "Virtualistes", qui renoncèrent à leur existence physique et n'existaient plus que dans les banques de données d'obscures cités oubliées, et ce afin de mieux se noyer dans leurs rêves. Les rapports entre elles étaient intéressants: Ils font l'objet d'un Chapitre plus bas: Les quatre philosophies.
Il est évident qu'à une certaine époque, l'immensité des distances parcourues impliquaient que les expansionnistes suivaient un mouvement perpétuel d'extension, réplique du big bang aux mesures de l'univers humain, et ceci quand bien même les progrès de l'esprit et ses remises en question les avaient accompagnés et rattrapés. Pour bien définir l'état d'esprit de ces derniers dinosaures de l'espèce humaine, il y a dix mille ans maintenant, il faut envisager de définir un type d'individu qui s'attache encore, non plus à la notion de découverte, les Ottowans ont franchi les dernières limites de la connaissance deux mille ans plus tôt, mais purement de la conquête territoriale, mêlée à un sentiment d'accroissement d'un patrimoine, une dure réalité issue de besoins encore plus primaires, bien qu'ayant étés les moteurs d'une formidable évolution, et que les Expansionnistes n'aimaient pas qu'on leur rappelle.
Pour ces derniers, leur mission reste Divine au sens moderne du mot, tel que redéfini après les révélations Ottowanes. Il y a un sens à la physife*, et c'est ce dernier qui détermine leur action sur les mondes qu'ils transforment et qui guident leur manichéenne vision du bien. Créer est bien par nature. Créer de nouveaux mondes dans la glaciale et lointaine obscurité, chaque fois reproduire le miracle de la création originelle, transmettre la lumière de la vie partout où cela est possible: C'est le don et le devoir des hommes.
*Physife: Acception ancienne pour "vie physique" ( non virtuelle ).
Mais comment accepter alors que se développent, comme un "virus" sans remède, sur chaque monde terraformé, les trois autres philosophies, qui finissent par prévaloir? Il y a bien manifestement une part immense d'aveuglement dans toute cette histoire. Un aveuglement volontaire, afin de protéger tout un pan de la civilisation humaine, un système de valeurs qui existait depuis l'antiquité Terrienne, plus de trente mille ans plus tôt. L'humanité commença à sortir de sa chrysalide et les Ottowans jouèrent alors tout leur rôle. Ceux-ci n'ayant pas eu d'étude dans le chapitre précédent, le voici:
Les Ottowans:
Leur place au sein des explorateurs est une confrontation frontale attendue depuis longtemps. Les Ottowans sont apparus selon toute vraisemblance en 7800 de l'ancienne ère, sur une planète du système Ando (HR5864), qui portera le nom désormais universellement connu d'Ottwama. ( mère des Ottowans ). Elle est fondée par des colons originaires de Broeni, la planète existant naturellement étant terraformée et rendue habitable au 72ème siècle. On ignore beaucoup au sujet de leur apparition, qui tient pour beaucoup de la légende, mais il est certain qu'ont en commun un gourou en la personne de Wa Duguma, ou Dougumi, selon la phonétique. A l'instar du père spirituel de la civilisation Grinnenne, c'est un "Manuboy", selon le vieux terme impérial, un "homme sans corps", dont l'âge réel est resté une énigme, et la naissance reste des plus fantaisistes.
Lui-même fit grand mystère de sa vie passée, mais toutefois,
certains disciples avouèrent plus tard, dont Onriote, en 7920, qu'il
avait vraisemblablement vécu depuis le troisième millénaire,
lors de la généralisation de la maîtrise des entités
psychénésiques.
Sa grande science lui provenait selon toute hypothèse d'un destin analogue
à celui des "pélerins-parasites", ceux-là même
qui, une fois passés au stade électromagnétique libre,
se greffaient dans les circuits des grands vaisseaux Tachyons, écumant
alors la galaxie, descendant à chaque escale sur la planète
visitée, qu'il auscultaient par leur inconscient, leur univers virtuel,
miroir du réel, et ensuite de monde en monde à travers tout
le système avant de repartir sur une nouvelle nef. Le plus merveilleux
dans l'histoire est sans doute le fait qu'il parvint à visiter les
quelques sanctuaires préservés dans la galaxie, et fut en contact
avec une science extrahumaine..
Certains pour faire référence aux racines les plus lointaines de son parcours initiatique font appel à un légendaire penseur du XXème siècle Terrien, un certain Carlos Castaneda. Il est indubitable que la recherche des sensations psychotropes extrêmes bâtirent pour un temps un rempart contre la rusticité de la virtualité, mais le corps lui-même, au delà d'une certaine limite se présentait à son tour comme une barrière à franchir. Seule l'existence purement détachée des sensations, en écoute profonde avec le mystère fondamental de la psyché humaine, pouvait par travail progressif, amener à envisager la notion de dimensions, de temps et d'espace totalement suranées. Tout venait du fait de la définition scientifique de l'entité psychénésique: L'architecture du corps physique conservée en autant de points nodaux électromagnétiques. Cette architecture était une prison pour autant que c'était le calque d'un métabolisme adapté à une condition animale.
Il fallait donc se détacher totalement de cette architecture, débarrasser la pensée de tous les parasites issus des fonctions du métabolisme et hérités de la vie réelle. Ce but, des Virtualistes l'avaient déjà envisagé, autour du 45ème siècle, puis encore au 46ème, à Ton. Seule une métropole aussi vaste pouvait dans ses bas-fonds receler de tels mouvements de la pensée. Or, ces derniers savaient aussi pertinemment que la disparition de leur corps physique ne suffisait pas pour atteindre cet objectif tant qu'ils utilisaient des instruments adaptés à une condition humaine standard. Il fallait créer une mutation inédite dans un domaine non-génétique, celui d'une entité psychénésique "épurée", ou "allégée", conçue dès le départ pour être indépendante d'un corps physique et dont les sensations seraient toutes autres, brillant plutôt par une "perception" de l'environnement simplifiée. sans système nerveux, sans alerte des agressions de l'environnement, ils devaient au moins disposer d'un sens primordial, appelé rapidement la distinction "bien/mal", qui ne prenait en compte que les sensations à même de provoquer la disparition ou la diffraction de l'entité psychénésique. La principale motivation de ce groupe était bien entendu de chercher à s'affranchir de toute base solide, d'être totalement indépendant sans risquer la dissolution de la mort absolue.
Ceci nécessitait une conscience capable de se matérialiser en tant que telle, avec sa propre architecture, qui imposait une structure énergétique bien particulière. Des recherches furent menées par ce groupe de manuboys en toute indépendance et impunité alors même que se déroulait "au dessus" la fameuse guerre Tonite, le plus grand séisme de l'ancienne ère. Des essais et expérience qui ont amené quelques progrès dont on ne saura rien car ces Psyfasirchs ont disparu dans la tourmente. Or, Wa Duguma se réclamait de ces recherches qualifiées par lui de "spirituelles" uniquement. Il affirmait qu'ils avaient fait fausse route, qu'un autre groupe se serait constitué sur une obscure planète Domite, et aurait réétudié cette problématique, en cherchant à se projeter en partant de son corps réel et de puissants psychotropes, comme cela se faisait par le passé, dans les affres de ce qu'ils croyaient être une connexion avec la conscience des espèces vivantes de l'environnement.
Lorsque l'on remontait dans le passé à la recherche des rites traditionnels indiens, on se trouvait en face d'une vérité longtemps cachée: Le Chamanisme était véritablement une connexion profonde avec les entités vivantes de l'environnement immédiat. leurs influence était l'objet d'inracontables et terribles visions, "perceptions" saurait-on dire, plus proche du réel que ne le serait jamais le corps humain, enfermé dans sa prison de perceptions basiques. Forcer l'esprit à quitter le corps par l'absorptions de puissants psychotropes, après une longue pratique, pouvait aider à se séparer de sa structure psychénésique afin de mieux se connecter à différentes espèces, à les choisir, puis à "voir" à travers elles en épousant ou parasitant leurs propres structure psychénésique, et éventuellement de se connecter avec des formes atrophiées et persistantes de l'entité de leurs ancêtres. Parvenir à se constituer en dehors du temps une structure psychénésique atrophiée très différente, dans laquelle ne reste que des bribes de conscience, ne pouvait constiter la solution. On aboutissait à une impasse, celle de la nécessaire dissolution de l'entité, qui passait par une inéluctable période de dilution de la conscience dont la perte du repère temporel constituait la première mise en garde. La conscience de l'entité se dilue parce qu'elle n'en a pas conscience précisément.
Cela sous-entendait que la conscience traditionnelle n'était pas armée pour répondre à un phénomène naturel de recyclage de l'énergie humaine qui lui aussi était programmé dans les gènes, par la structure fondamentale qui créait, à partir de matière physique, une entité psychénésique. il fallait donc une "surconscience", capable de garder sa cohérence tout en s'affranchissant de sa structure primitive. c'est ce à quoi s'échina Wa Duguma, d'abord seul, après avoir voyagé assez pour prendre contact avec tous les mouvements qui travaillaient dans le même sens, puis en se connectant avec eux donner ses propres impressions. Doué et Charismatique, convaincu par ce qu'il pressentait au point de bouleverser tous ceux qui l'entendirent, il se forgea rapidement une image mythique au sein des mondes virtuels. On estime que son "groupe de recherche" "Risgro", pour les Expansionnistes les plus traditionalistes, une secte de plus, pour quelques urbains hermas, un effet de mode et un phénomène médiatique qu'il portèrent au pinacle, notamment sur Ton lorsqu'il y revint en 7792.
Sa "secte" pour certains prenait une telle importance que les autorités tonites, naguère si féroces, retournèrent à certaines de leurs anciennes méthodes pour mettre à jour la réalité profonde de ce groupe de pensée. Ils durent se rendre à l'évidence que ce personnage ne représentait aucun danger, sinon de provoquer chez quelques personnes fragiles une mort de premier degré (physique) afin de le rejoindre de manière permanente. Mais pour assurer son indépendance totale, notamment vis à vis du battage médiatique artificiel que l'on faisait sur ses membres, il s'exila avec sa communauté sur Ando-2, qui fut rebaptisée en son Honneur "Ottwama", en référence avec le mouvement qu'il avait fondé, celui de ces chercheurs de l'au-delà, l'Ottowa légendaire des croyances Domites. Là, ses disciples "en chair" construisirent un "temple", un bâtiment destiné à recevoir les entités des membres de la communauté et des salles destinées à être équipées de structures mystérieuses, d'une technologie apparemment très simple et incroyablement complexe à la fois, dont Wa Duguma possédait les clés. Ce dernier fut "élu" par ses disciples comme le premier "Ottwamast", le maître Ottowan.
Selon toute probabilité, Duguma, devenu Ottwamast, reproduisait les concepts architecturaux qu'il avait "compris" sur les sanctuaires visités. Si depuis les archives ont étés ouvertes sur ce domaine, il est démontré formellement aujourd·hui que ces reliquats de structures extrahumaines, authentiques vestiges de la seule civilisation intelligente connue en dehors de l'homme, et quinze millions d'années avant lui, permettaient à cette espèce de voyager en dehors de toute attache du monde physique. Ces structures avaient étés enterrées dans un but de découverte manifeste, mais cette intention ne fut jamais définitivement prouvée. les Historiens se sont longtemps déchirés à ce sujet. Pour de plus amples informations voir le chapitre sur les "Sanctuaires".
Otwamast, qui fut le seul à posséder ce titre, puisque ses successeurs prirent celui de "maîtres-disciples" (Kysenweis), forma des centaines de disciples au sein de son "temple", qui en avait d'ailleurs l'aspect, les membres physifes de la communauté se chargeant de l'embellir, entre deux séances de méditation. Les Ottowans auraient pu devenir une attraction touristique sans la farouche volonté d'Otwamast lui même, qui insista pour que ses puissants commanditaires récemment convertis rachètent la planète entière et forcent ses habitants soit à l'exil, soit à vivre en Grinelliens. Ando-2 devenu Ottwama devint donc par la volonté de son gourou, une "sanctuaire" débarrassé de toute la "pouillerie de la superficialité animale". le "vulgaire des vieillies valeurs de la prétendue civilisation expansionniste.", selon ses propres termes. car lui-même poursuivait ses recherches. Les structures qu'il utilisait, les matériaux qu'il faisait produire à grands frais et en les protégeant de tout brevet d'exploitation extérieur à la communauté, contribuèrent à forger sa légende.
Ce n'est que lorsque simultanément il parvint à couper tout lien avec l'extérieur, et à achever la mise en service opérationnelle de son ensemble de structures, que l'on désigne la date hypothétique de la disparition brutale de cette communauté, entre l'année 8002 et 8016. Brutale car on ne remarqua sa disparition totale effective qu'en 8065 seulement. Des habitants des autres territoires d'Ottwama, restée pour eux Ando-2, attirés par une imparable curiosité, motivée aussi par l'interrogation de l'interruption de tous liens avec les membres "physiques" de cette communauté, avec qui ils avaient gardés des contacts. Ils firent cette découverte stupéfiante: les bâtiments étaient vides. leurs structures totalement inactivées et inertes. Il n'y avait aucune trace conservée nulle part d'un quelconque départ. Les 2560 membres "physiques" et les 230 000 entités registrées sur place s'étaient totalement volatilisées. Une enquête se fit, et n' enregistra aucun vol partant de la planète qui soit suspect pendant cette période. Il n'y en avait d'ailleurs que très peu, suite aux accords passées entre les habitants de ce monde et les Ottowans.
Mais le meilleur était à venir. l'enquête se porta naturellement vers le "temple", précédemment et très innocemment visité par les Andoniens, avec des moyens plu radicaux, destinés à sonder ses structures en profondeur. Mais alors même que l'installation était opérationnelle, une vibration d'origine inconnue, émanant selon toute vraisemblance du temple lui-même, contraignit les enquêteurs à quitter la zone. On se replia sur les cyborgs insensibilisés à ces vibrations néfastes, mais ces derniers se heurtaient à un véritable brouillage de leurs systèmes une fois arrivés à portée. Les détections faites en orbite géostationnaire étaient aussi vouées à l'échec: Un véritable écran immatériel empêchait toute tentative d'ausculter ses profondeurs.
conservant entière son énigme, le temple Ottowan fut laissé à l'abandon. Aucun autre disciple de ce qui était alors un lieu presque secret ne vint sur Ando-2. Ses successeurs dits "Kysenweis", dont Dar Shalkowais, Momori Tsuda, Kampur Neghit, Drebo Eivrynn, venaient en effet de l'extérieur de cette communauté. Deux d'entre eux étaient issus de Ton, les autres respectivement de Shalnitt-4 ( Ross 2458 ), et Dabbra-2 ( Groombridge 17 526 ). Tous ne professaient leurs philosophie qu'en vertu des nombreuses discussions laissées par Duguma. Plusieurs siècles de diatribes et de discours dont les fameuses "marches de l'éternité", un ouvrage faussement attribué à Algir Tannebed, le premier disciple de Duguma. Dans cet enseignement il était clairement fait mentions de l'existence d'une intelligence non humaine diffuse dans l'univers perceptible mais pouvant se manifester par diverses "influences" qu'il fallait interpréter. Dans le chaos apparent ambiant, ces "influences" avaient pour objet de permettre à un individu qui ne l'appréhendait pas de vivre une expérience de décorporation et de plongée dans un "torve mental", une figure géométrique théorique mais capable de connecter différents endroits de l'espace-temps par simple analogie des points nodaux d'énergie de l'univers. Un procédé qui permettait de s'extraire totalement des limites de temps et d'espace pour entrer dans un ordre de perceptions véritablement indépendante de l'architecture phychélectrique. L'objectif de Duguma paraissait avoir été effectivement vaincu, plusieurs siècles avant la disparition de l'ordre sur Ottwama.
En 10 565, des archéologues, héritiers de cette philosophie Ottowienne, réussirent à retrouver la trace de ce temple. Ils ne furent aucunement incommodés par d'éventuelles vibrations néfastes auxquelles ils ne prêtaient que peu de crédit. Dans ce qui restait des fondations et ruines de ce temple depuis longtemps colonisés par la forêt environnante, ils parvinrent à trouver une vaste structure de formes et de matériaux totalement inconnus. Mais cette dernière avait tant subi les outrages du temps qu'elle n'était pas reconstituable. Aucun reste humain ne fut trouvé. 2500 ans avaient passés. Le temple devint rapidement un extraordinaire lieu de pèlerinage fétichiste, et la planète fut si rapidement envahie de communautés Ottowiennes que les Andoniens se fondirent avec les arrivants ou furent forcés d'émigrer sur la planète voisine, Ando-3. Etant "sanctuarisé", ce lieu devint intouchable, notamment par des moyens de prospection modernes. On raconte cependant qu'au cours de l'année 10 589, un "maître-disciple" fut contacté, et délivra un ouvrage parlé qui reste encore aujourd'hui la seule prise de contact de l'ordre Ottowan ancien avec ses lointains descendants. Son enseignement se répandit très vite au sein d'une communauté comptant plusieurs millions de membres répartis sur plus de 2000 planètes. A la suite de cet épisode, la fréquence de disparitions inexplicables d'Ottowans augmenta dans des proportions surnaturelles. En fait, et bien que les pouvoirs de la fédération humaine s'en préoccupe tardivement, arguant du fait justifié que les ordres Ottowans pour la plupart résident au sein de la civilisation Dom, les différents ordres Ottowans s'éteignirent en même temps que leurs membres. Ceux-ci n'on laissé de trace ni en virtuel ni en réel. Leur disparition totale reste encore inexpliquée, et ce mystère fut rendu plus opaque encore du fait de la mauvaise volonté des Doms.
A l'heure actuelle, le grand secret Ottowan est éventé pour l'essentiel. Les faisceaux d'indices dressés par les chercheurs prouvent que cette "civilisation" dispersée avait trouvé le moyen d'exister en dehors de toute dimension humainement perceptible. Elle rejoignit les entités d'autres civilisations non-humaines d'une ancienneté plus remarquable encore. Le secret en est détenu par certains sanctuaires et ne sera probablement jamais parfaitement éclairci tant que les anges gardiens de notre bel empire s'y opposeront. Ce qu'on appelle "Ottowans" actuellement n'a pas grand rapport avec le caractère radical de l'ancienne philosophie. il s'agit de cercles de méditation et de "chercheurs psychiques" friands d'expériences psychénésiques limites qui sévissent au sein des grandes cités de l'empire...
Les Expansionnistes:
S'il y a bien un courant récurrent de l'humanité, c'est celui-ci. Aussi ancien et illogique que la violence, ce courant expansionniste est issu de Mars, comme s'accordent à le dire les chercheurs. Les expansionnistes n'eurent cette dénomination que des siècles après le début de leur aventure, par opposition avec les mouvements virtualiens. On à également séparé les Doms des expansionnistes, alors même que les premiers en sont issus. Les Doms se sont focalisés sur la colonisation de planètes non terraformables, alors que les premiers ne cherchaient à développer que des mondes qui se trouvaient dans une ZCH favorable. Mais surtout c'est le moteur de cette expansion apparemment sans fin qui suscita tant de polémiques. Car par quel miracle les hommes en sont ils venus à quitter leur planète bleue et à migrer vers d'autres mondes?
Pour répondre à cette question, il faut se pencher sur l'histoire ancienne marsienne. Aux tous débuts de la motivation industrielle de la terraformation, au moment ou les chercheurs locaux avaient confirmé les scénarios envisagés, il ne restait plus que la phase de réalisation de cette titaniesque entreprise. Or comment furent collectés les gigantesques fo,ds nécéssaires? Pour l'histoire officielle de l'époque, ce sont les grandes concessions de territoires privées qui techniquement expliquèrent ces investissements: La puissance publique à elle seule et au nom de la science était loin de suffire à pareil challenge. Or à ce moment, ce sont les économies développées qui souffraient d'une croissance quasi nulle, alors même que le reste du monde, suivant la Chine et l'inde sur terre, rattrappaient leur retard.
Une lubie économique, un mythe, mais qui fut également l'objet des études les plus sérieuses démontrèrent la pertinence de la "table rase" pour relancer l'économie. Il fallait de vastes territoires vierges ou tout était à faire pour retrouver les conditions idéales. Or sur terre, aucune terre nouvelle n'était exploitable. On attribue à James Branning la paternité d'une thèse controversée sur le thème d'une colonisation de Mars à but de croissance économique. Jugé fantaisiste, sa thèse commenca un parcours de crédibilisation au cours des années, et à mesure qu'un relatif désespoir économique se faisait jour dans les pays autrefois favorisés ( Europe, USA, Japon, Australie, Canada ), l'idée prit toute une dimension de leitmotiv pour une génération, celle qui arriva au pouvoir au bon moment pour débloquer le levier de l'investissement: En pariant sur Mars, ces ex-puissances économiques pariaient pour créer sur place les conditions idéales de leur nouveau développement.
Cet état d'esprit amena de nombreuses conséquences d'importance cruciale: D'abord, ces ex-puissances plaçaient dans Mars tous leurs espoirs, et donc votaient les fods nécéssaires, quitte à faire appel à des emprunts massifs. Ensuite, l'idée germa d'une "chasse gardée" des ex-privilégiés, seuls dans cette situation économiquen et seuls investisseurs à priori. En fait, et ce fut capital par la suite, la sistuation était autrement complexe, et si la gérance de cette colossalle entreprise allait aux pays susvisés, la nature réelle de ce financement était beaucoup plus bigarrée. Dans le détail, les sommes allouées l'étaient par emprunts à la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Afrique du sud... Or, les "occidentaux" pour êtres réducteurs, comptaient sur Mars pour eux-mêmes, non pour le reste du monde dont les économies florissaient. Ceci allait avoir pour conséquence immédiate un durcissement des conditions d'immigration, allant vers un choix purement ethnique.
Mais le plus important reste la réussite de ce modèle. La phase de terrafrmation elle-même vit affluer quantité de colons qui générèrent des besoins non moins grands et dans les faits, l'économie martienne, encore sous perfusion Terrienne, se révéla plus vigoureuse que toutes les prévisions les plus optimistes. Lorsque les "occidentaux" en furent convaincus, l'immigration explosa littéralement et cette croissance continua son ascencion vers des sommets inédits. Le nouvel eldorado avait été trouvé. Mais lorsque la terraformation s'achevait, la situation économique Marsienne, qui avait atteint un pic, redscendit quelque peu, puis fut relancé par un nouveau mouvement migratoire considérable. Sous la pression, la Terre exigea que les "cotas" soient purement et simplement abolis, et que les critères appliqués ne pénalisent plus les populations des pays co-financeurs, comme la Chine, l'Union sud-Africaine, l'Indonésie, ou les grands Pays d'amérique du sud, qui voient leur populations bénéficier enfin de cet accueil. Les natifs marsiens ne voulaient pas en entendre parler et la tension dégénéra jusque à la fameuse guerre d'indépedance de la planète rouge.
Trois cent ans après la fin de la terraformation, Mars connut son premier fléchissement de croissance économique. En l'espace de cinquante ans à peine, Mars avait généré les moyens de terraformer une planète de l'étoile voisine, Alpha centauri, et se préparait à investir d'autres mondes proches. Le courant "expansionniste", visant à recherche à chaque fois un nouvel eldorado, était né. Sur chaque nouveau monde, le même schéma se répétait à l'envi: Une colonsation à but de terraformation, durant 500 ans et plus, générant sa propre croissance, puis un infléchissement et à nouveau une embellie de plusieurs siècles post-terraformata. Les racines de la croissance disparues et les besoins comblés, une nouvelle aventure était lancée. de fait, les expansionnistes ne pouvaient pas s'arrêter et la "viabilisation économique" d'un monde ne dépassait guère mille ans en moyenne. Après cela, les population émigraient en masse, et ce monde vivable se dépeuplait au profit de certaines populations déviantes...
Le mouvement sans fin des expansionnistes ne prit fin que lorsque la "religion" Ottowane fit tant d'adeptes que ceux qui n'étaient pas virtualiens ou néoprims disparurent progressivement. Les principes de base de cette expansion avaient tout simplement perdu tout intêrét.
Les Virtualistes
Arrivés en second dans cette échelle historique, les virtualistes furent considérés comme une déviation radicale dans les formes d'existence humaine. Ils furent les premiers, avant les pratiques de décorporation des ottowans, à adopter une posture nouvelle concernant le fondement de l'existence de l'homme: Les mondes virtuels en étaient arrivés à un tel degré de perfection que rien ne semblait interdire à d'autres qu'à ceux qui bénéficiaient de leur "seconde vie", d'abréger leur première pour bénéficier sans attendre de la seconde.
Depuis des millions d'années, l'homme avait eu peur de la mort. Une telle frayeur qu'il inventa des dieux et un au-delà souriant pour se rassurer dans les ténèbres hostiles de sa brève existence, et de combattre psychologiquement le "chaos" apparent et se créer des règles de gouvernance surnaturelles, ainsi que pour les hommes. Ainsi la civilisation était elle-née sur ces bases spirituelles, et avait prospéré en enlevant de l'homme sa crainte de la mort, afin de lui faire son devoir et d'en faire un bon sujet... Le pouvoir temporel et spirituel étaient-ils ainsi intimement liés au début des premières grandes civilisations.
Mais au tournant du XXIIe siècle, la mort fut partiellement vaincue et le concept même de Dieu liée à l'existence d'un au-delà et à la peur de la mort s'estompèrent. A la foi que partagaient des milliards d'humains succéda la conscience de la brièveté et de la valeur de chaque existence humaine. Enfin était-on capable de "capturer" et conserver l'entité psychénésique humaine. Désormais le "lien brisé" qui achevait le processus de décorporation au moment du décés physique, entraînant le constat de l'inexistence de toute activité électrique dans le cerveau n'avait plus de raison d'être: On "aspirait littéralement l'esprit du mourant au moment du grand saut. Conservée dans une réplique virtuelle de son architecture synaptique, son cerveau virtuel, l'âme trouvait une nouvelle existence de sensations non moins riche que durant sa vie passée durant cette "seconde vie" dans laquelle selon ses voeux elle pouvait trouver une seconde jeunesse et réaliser tous ses rêves, explorer des myriades de mondes durant une existence multimillénaire. Le "paradis" avait été réinventé.
La connection virtuelle des humains leur permettaient en outre de retrouver leurs chers "disparus" dans le viwo, et perpétuer la célébration de leur grande famille sur des centaines de générations. Le Viwo avait tant d'attraits pour les vivants que très tôt certains eurent l'idée de se supprimer afin de vivre cette expérience en dehors de toute attache corporelle, et ceci dès le XXIIe siècle sur terre, puis sur mars. Les "déconnectés" sur mars furent bientôt si nombreux durant les âges sombres de la colonisation, que les autorités maryiennes décidèrent de "geler" l'utilisation du viwo selon les procédurent en vigueur, purement et simplement. Mais le mouvement ne s'estompa nullement. la peur d'une dépopulation au moment même ou Mars avait besoin de bras, entraîna la mise en place d'immenses batteries de matrices artificielles.
Le mouvement des "suicidés" autant par rejet d'un monde sale, brutal et glacial, Mars en pleine terraformation, ou dans les bas-quartiers des grandes mégalopoles surpeuplées et polluées de la terre, prit une telle ampleur que l'on décida durant quelques années, la "prohibition virtuelle", toute connection plus longue que 4 heures, avec une contrôle rigoureux du transfert des entités: Quiconque voulait faire passer son entité, ou une copie de celle-ci en virtuel après s'être volontairement donné la mort se voyait privé de cette existence nouvelle qu'elle appelait de ses voeux; Mais le sacro-saint droit au suicide pour d'autres raisons fit qu'une levée de bouclier provoqua l'abandon de ce système. Et ainsi au cours des années, le "suicide virtualiste" fut accepté de mauvais grâce et devint un phénomène de société. Le nom donné au "ancêtres" peuplant déjà ces univers, et aux artefacts ( êtres créés de toute pièce par les hébergeurs pour peupler artificiellement des lieux historiques par exemple ), devint celui de toute la communauté virtualiste. Les "virtualiens", ou "virtuonautes" représentaient une population considérable de morts physiques au cours des années, s'ajoutant, et constituant dans une foultitude d'univers visitables ( autant que de créateurs ), un univers parralèle, au côté des vivants.
Les Virtualistes, parfois aussi "manuboys", n'étaient dons pas des expansionnistes, les données économiques admises n'ayant plus cours, les références physiques abolies ou remodelées. Ils étaient milles vies à la fois, passant d'un sexe et d'un âge à l'autre au grés de leur fantaisie, vivant à milles époques reconstituées, s'inventant mille destins, y compris ceux qui satisfaisaient pleinement leurs rêves et ambitions déçues ou inatteignables en réel. Mais les virtualistes justifiaent surtout leur existence comme un moyen d''exister conforme à la nature: L'homme virtuel n'avait pas d'impact avec la nature. Sur bien des mondes désertés par leurs populations humaines, ne subistaient que quelques tribus néoprims et un temple unique, perdu dans une jungle, mystérieux et impénétrable, qui abritait des armoires de stockage nanométriques elles-mêmes dévolues à la conservation des univers virtuels passés de cette planètes et des précédentes. Des milliards de milliards de mondes et d'existences humaines existaient donc au même moment dans cet endroit confiné, avec une telle source énergétique qu'elle était en parfaite autonomie sur des millénaires.
Dans d'autres cas, les dernier expansionnistes, devenus des "natifs" sans grande ambition, convertissaient quelques "chamanes" des tribus voisines d'un tel "temple" à leur bon fonctionnement, pour passer le relai en devenant à leur tour ottowans.
Les Néoprims
"Venus d'un refus de la logique d'expansion, les néo-primitis furent tout à la fois des scientistes biologues de haute volée, des idéalistes naturalistes radicaux, et des exclus de la sociétés, marginaux, volontaires ou non. Ils firent la "seconde histoire" de l'humanité."
-Kolgan Tebhra Adjunat, gardien des piliers du savoir, 20 567 de l'ancienne ère.
Les néo-primitifs, vite appelés "néoprims" étaient des groupes d'individus isolés qui se rencontraient sur toute planète habitée par l'homme, en petits groupes dispersés et disparates. Tous étaient en rupture avec la société et tous partageaient l'amour de la nature. La philosophie des expansionnistes étaient pour eux, non le mal absolu -les expansionnistes créaient la vie dans le néant- mais un modèle condamné à terme à sa propre décadence et à sa propre chute inéluctable, par sa course permanente fondée sur des lois économiques artificielles. En cela ils ne se trompaient pas: Les Expansionnistes devinrent des ottowans et mirent fin à la première ère historique, au moment ou les premières néo-civilisations naquirent et prospérèrent.
Ces petits groupes humains, quelque soit leur refus de la civilisation expansionniste firent le choix délibéré de refuser tout usage d'objets manufacturés et de se servir que de matériaux abondants autour d'eux. Leur intégration dans la nature devait être parfaite. Certains cherchaient néammoins encore, par la connaissance pointue de la faune et de la flore, de concilier leur vie simple avec une certaine qualité de soins, et ne renonçaient pas à certains objets technologiques déplaçés ou à "l'écriture", au savoir fixé en codes. Ce n'est que lorsque toutes les "tribus" devinrent purement de culture orale que leur destin commença à basculer: Isolées des expansionnistes elles ne suivirent pas leur départ en masse de leur planète, puis celui des dernier natifs, des siècles plus tards, devenus ottowans, la ruine des grandes cités et la nature, qui partout , triomphait sur les dernières traces de civilisation. Un millier d'années après le départ des dernier représentant de l'ancienne civilisation fondatrice, les tribus néoprims se trouvaient dans un monde vierge, privé de tout souvenir de leur passé de rupture et de défiance mais héritant en leg d'une vague suite de récits mythologiques.
Il était inévitable qu'à un moment ou à un autre ces derniers décident de prendre leur avenir en main afin de sortir de leur condition et réinventent le commerce, l'agriculture en se sédentarisant, puis fondent des villes et enfin des civilisations. Ces dernières s'affrontaient durant des millénaires et se développaient jusqu'à ce que l'une d'elle soit suffisamment avancée dans sa technologie pour se lancer dans l'espace. Dès lors, un univers déjà balisé par les ruines des expansionnistes, désormais disparus et oubliés, s'ouvrait à eux. Sur leur chemin, ils rencontrèrent force civilisations extra-planétaires qui avaient suivi le même chemin. La confontation était inévitable et des guerres éclatèrent spontanément pour la domination territoriale. L'ancien empire expansionniste se déchira durant plus de dix mille ans, avant qu'enfin, sur une planète singulière, puisqu'artificielle, et vieille de cette même période, au coeur de la galaxie, leur révèle le secret de l'ancienne civilisation galactique qui les avait précédé.
Alors à leur tour, les plus avancées des civilisations néoprims se convertirent à l'ottowanisme et disparurent. la transition prit encore dix mille ans avant que ne s'achêve cette "seconde histoire". Il ne restait plus que quelques communauté isolées, en rupture avec leur civilisation...
Les Grinniens
"Grinnven" reste un trésor d'ingéniosité inégalé, la confirmation superbe à la face de l'univers et du temps que l'homme est digne des civilisations qui l'ont précédé: Enfin celui-ci parvenait à atteindre un modèle de développement avancé en parfaite harmonie avec un milieu qu'il avait lui-même précisément édifié tel le plus génial des démiurges... Ses succés futurs se mesurent à l'aune de leurs apports pacifiques dans toute la galaxie."
-Ediran Chiran, gardien des piliers du savoir, 21 461.
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