P R E M I E R - E M P I R E
(Des 16 étoiles au premier empire: 4650-5890)


Une introduction
La colonisation des étoiles proches de l'ère Chrétienne
(3784-4780)


Quand commence un empire?.

-C'est la question que se sont posés les hommes lorsque le terme d'"empire" n'est plus devenu saugrenu s'agissant de la civilisation issue de Solsys à cette époque. Les seize étoiles colonisées étaient Proxima et Alpha centauri, auxquelles vinrent s'ajouter Sirius, Procyon, Epsilon Eridani, Tau Ceti, puis le cortège de "naines brunes" locales et autres étoiles modestes, à partir du quatrième millénaire, les Wolf, Luyten, Ross, Lacaille ou Lalande qui, faute de ZCH*, recevaient en revanche des colons Doms, se régalant de ces terres glaciales et abandonnées sur la route de l'expansion stellaire.

*Zone Continuellement Habitable: Orbite stable et idéalement proche de l'étoile, favorable à la vie.

Les Doms y bâtirent, à l'ombre des médiatiques mondes terraformés des étoiles brillantes, leur empire singulier, multiforme, multiculturel et très bien organisé. ( Voir civilisation Dom. ) les Doms, s'estimant être des marginaux, adoptèrent comme noms de baptême aux côté des dénominations officielles rébarbatives ceux de peuples indiens évocateurs de leurs talents Chamaniques pour percer "l'autre monde" ( Outawa ). Très traditionnalistes, ils ignorèrent longtemps les portes hyperspatiales, et s'y mirent lorsque Martiens et Terro-Vénusiens commencèrent à construire de nouvelles arches superlite.

Parmi les premières étoiles réinvesties par les Doms figurent 61 Cygni, rebaptisée Sitansani, un couple de naines oranges très éloignées, et Epsilon Indi, dont l'énorme gazeuse orbitant autour était une vieille exoplanète bien connue des astronomes du XXIème siècle. N'ayant pas de ZCH pour cause de rayonnement lumineux trop faible, mais un rayonnement nocif par contre bien présent, elles ne recevaient de colonies que sur leurs satellites les plus lointains. Pour ces derniers, la réalité de leur opulence ne commença à apparaître qu'au début du 6ème millénaire.

De leur côté, les consortiums Terro-martiens, en quête de nouvelles colonies habitables alors même que Vénus ne l'était pas encore, visèrent les astres prometteurs qu'étaient Omicron Eridani (Keid) et Altair. Cette dernière se révéla particulièrement féconde. Investie au 39ème siècle, elle donnera naissance à 4 mondes habités, Teilat, Nujamaca, Milenog et Brinsika. A cette époque, le seul mode de transport connu était celui des Turbines Amat, utilisant l'énergie de l'antimatière, le Saint Graal en matière de puissance. Aussi belle pour l'esprit que délicate à apprivoiser. Ceci mettait à un vaisseau moyennement chargé l'année-lumière à environ vingt années de vol, ce qui était un net progrès par rapport au passé. les sondes, qui n'avaient surtout que leur propre propulseur à déplacer étaient encore plus rapides, de facteur 0.07 ou même 0.08 AL, du facteur 1 ( un an de voyage pour une AL ) soit entre quinze et seize ans. Les progrès seront extrêmement lents en la matière, surtout en comparaison de ceux effectués par les sentiers balisés des "Stagetts", ou Hypergates. On ne parvenait pas encore à surmonter les écueils relevés dans la conception et les essais des "Arches" du 33ème siècle. Les répercussions d'un propulseur devenu hors de contrôle risquait d'aboutir à une violente déchirure gravitationnelle, et à la naissance d'un trou noir difficile à endiguer, dont les conséquences pouvaient êtres catastrophiques au sein des systèmes stellaires voisins. Si ces "Arches" tentèrent de s'élancer entre les différentes étoiles colonisées, à bonne interdistance, leurs ratages très médiatisés mirent fin prématurément aux recherches.

On se replia donc sur la sécurité des turbines Amat, avec le principe du vaisseau "éclaireur", une sonde rapide, reconnaissant le meilleur endroit pour une pré-colonisation, puis un vaisseau-colonie mettant entre cinquante et deux cent années pour arriver, ses colons chargés d'assurer leur propre subsistance puis de construire une porte hyperspatiale, ce qui ne se faisait en général que cent à cent soixante années après leur arrivée, du fait de la complexité technologique de ce qui était demandé. l'autre solution consistait à envoyer un vaisseau automatisé composé de la porte elle-même et d'un propulseur. mais ce type de vaisseau était proprement gigantesque en déplacement, et de ce fait fort lent, de facteur 0.03 en général. Toutes ses solutions se valaient et se complétaient parfois. Mais les groupes chargés de ces colonisations préféraient évidemment les investissements de masse, afin de profiter des fruits de cette exploitation coloniale le plus rapidement possible. Les différents essais théoriques avaient démontré depuis longtemps l'impossibilité absolue de monter au-dessus de la limite fatidique du facteur 0.09. A cette frontière physique absolue, l'énergie de l'antimatière ne pouvait tout simplement plus être domestiquée. Echappant à tout contrôle, que seuls les nanoprocesseurs permettaient d'établir, le vaisseau se mutait en une fraction de seconde en une formidable nébuleuse, dont le rayonnement intense était tel qu'il pouvait, vu depuis la terre égaler le soleil.

Parler d'Empire au 45ème siècle renvoyait à des souvenirs anciens et enfouis de l'inconscient collectif, victimes et bourreaux, de l'humanité pré-spatiale. Pourtant c'était une réalité imagée et commode pour décrire le vaste réseau qui existait à cette époque au sein de la zone couvrant environ 20 années-lumière autour de Solsys. Des routes hyperspatiales avaient alors étés établies, parfois autour de naines brunes insignifiantes qui jouaient le rôle de tremplin et furent sommairement colonisées, uniquement à des fins de poser des jalons et relais sur le chemin menant aux astres les plus intéressants. Pendant des siècles, ces lignes n'avaient qu'un seul sens, justifié par le côté volontariste de l'expansion coloniale. Qu'un vaisseau revienne vers la Terre, pourquoi? Les colons âgés qui désiraient mettre le pied pour la première et seule fois de leur vie, et ce durant des générations, durent se contenter de faire le voyage pluriséculaire et généralement unique vers Solsys, en hibernation, ou bien virtuellement grâce aux copies d'une redoutable efficience façonnées par un millier d'années de recherches sur la suggestion du réel aux sens humains.
Ces routes hyperspatiales furent donc secondées progressivement de routes de retour et de double sens, qui s'imposèrent par ailleurs à des fins de commerce spatial entre les nouveaux systèmes colonisés, lorsque ceux-ci avaient atteint un niveau de développement "mature", généralement autour du 45 et 46ème siècles. cette époque est un "âge d'or" de la colonisation spatiale. Tous les systèmes présents autour d'un rayon de 10 AL ( 23 en tout ) reçoivent au moins la visite d'une sonde. certains seront colonisés précocement comme Banastar ( l'étoile de Barnard ), au 36ème siècle, et d'autres très tardivement comme Cohoes ( Luyten 789 ), triple naine rouge investie par les Doms en 4780, alors qu'elle ne se situait qu'à 11 AL de Solsys.

Voici un schéma de ces "Hyperlines", les routes hyperspatiales. En rouge figurent celles qui seront ouvertes avant le 40ème siècle, en orange, avant le 47ème siècle, en jaune avant le 52ème et enfin en blanc avant le 60ème siècle. Une limite étalée sur plusieurs siècles, car ces dernières étaient tombées en désuétude du fait de la sûreté et de de la diffusion des nouveaux types de propulseurs Hyperdrive.

Trente étoiles colonisées au 45ème siècle. Voilà le bilan de ces deux millénaires d'expansion spatiale. Afin de gérer ce colossal ensemble, la vieille fédération des nations stellaires ( SNF ), qui était le seul organe démocratique commun à tous ces systèmes, avait pris acte de la disparition des consortiums, ces poids lourds tentaculaires dont la seule utilité avait été de fonder le moteur économique du début de l'expansion spatiale. mais depuis, ce sont les Nations Stellaires qui assurent leur propre destin. le principe en est lumineux de simplicité et mérite d'être décrit: Il posera les bases légales de la conquête spatiale jusqu'à l'époque de la "grande expansion", supraluminique à partir du 59ème siècle. Au-delà en effet, ces bases légales ont perdu tout sens.

La colonisation au début du premier empire est en effet devenue une affaire, non de groupes privés, mais de communautés indépendantes, les "Nations Stellaires", capables de gérer une expédition lointaine par leurs propres moyens. Les Procyonites ont étés les premiers à le faire, suivis par les Alphites. Mais les plus plus virulents ont étés les martiens. Planète Froide et modeste, Mars était aussi le "refuge" de populations qui avaient une très haute estime d'elles même et de leur destin. Un destin volontariste, en opposition avec la Terre, plus tard l'alliance Terro-Vénérienne, méprisée du fait de leur supposée retard ou mauvaise volonté technologique. Ce qui fut démenti par la suite. Mais dans les faits, les Martiens avaient en effet très tôt développé tout une partie de leur effort économique en vue s'étendre rapidement aux systèmes voisins. Et la colonisation de Procyon, Alpha et proxima Centauri, Sirius, Epsilon Eridani, étaient de leur fait. La plupart des grands consortiums étaient d'ailleurs des émanations de groupes majoritairement Martiens.

Mais par la suite, avec le mélange de populations martiennes, Terriennes et Doms, les choses deviennent plus troubles. Il est avéré qu'au 40ème siècle déjà, il était désormais difficile de donner une origine précise aux colons. Une différence fondamentale oppose cependant la prise d'indépendance des différents mondes placés sous "tutelle" provisoire martienne. Tous les premiers systèmes stellaires dont procyon, et afin d'éviter que ne se reproduise l'affrontement Terro-martien à la fin de sa terraformation, n'avaient pas de compte à rendre aux martiens et étaient jugés indépendants dès le départ, ceci afin aussi de créer de futures liens privilégiés avec des fondateurs qui se gardaient bien à présent de parler de "colonies."
Lorsque un système arrivait au stade final de sa prospérité, il s'agissait généralement de la fin de la terraformation de(s) (sa) seule(s) planète(s) habitable(s) localement. mais l'appât de nouveaux territoires, de planètes habitables proches, était trop fort pour que les colons de lancent pas des missions intempestives de colonisation, parfois avec un zèle très hâtif, préjudiciable à la réussite d'une telle entreprise. Il était avéré ainsi juridiquement et universellement, qu'une sonde orbitant autour d'un planète ne suffisait pas à la faire reconnaître comme appartenant à l'affréteur de cette sonde, mais la première base opérationnelle, une présence humaine à sa surface et non en position orbitale. Lorsque cette présence en excluait toute autre dans le système entier, c'est ce dernier qui appartenait dans son entier à l'affréteur de la mission. Lorsqu'il s'agissait de viviers riches en telluriques très bonnes candidates, on imagine sans peine l'attrait irrésistible de cette possibilité. Ainsi, cette "propriété" était encore le moteur dominant de ces entreprises coloniales, comme de toute éternité.

Un groupe s'en fit une spécialité, la Censtel. Au départ une simple émanation d'un consortium Martien établi pour coloniser Alpha et proxima Centauri, la Censtel se vit attribuer des fonds considérables afin d'étudier la "prise de possession en chaîne" des systèmes environnants. C'est à elle que l'on doit le système des vaisseaux-colonie géants, les vaisseaux-mère, qui étaient précédés d'une horde de sondes extrêmement rapides, et pouvaient envoyer de petits vaisseaux-cargos emportant tout le nécessaire pour une base permanente de 50 colons. Le vaisseau lui même arrivait parfois beaucoup plus tard au large d'une système et y déléguait un gros cargo destiné à répondre aux besoins des colons sur place, et de leur fournir une infrastructure plus solide. Une base qui disparaissait par exemple ( Sur Epsilon Indi ), par suicide collectif des colons abandonnés à leur sort 68 années de suite, fit que l'étoile redevint juridiquement un territoire vierge, libre de tout droit, et dont les Doms s'emparèrent trente ans plus tard.

Le premier et le seul vaisseau-colonie construit par la Censtel ( et les industries martiennes ), le "Pelrin" était un monstre qui dépassait tout ce qui avait été produit jusque là à son lancement en 4760. ( Voir ci-dessous ). Il pouvait ainsi assurer la colonisation en chaîne de six étoiles pour le compte de la Censtel qui depuis avait été intégrée à l'empire Alphite et à l'alliance Mars-Procyon-Alpha Centauri.

La Fondation de l'Empire:

Le terme même d'empire à longtemps été sujet à controverse. Pourtant, la sémantique originale avait étée dévoyée dès le XXe siècle pour figurer un ensemble disparate de nations sur une vaste étendue, maintenue sous la férule d'un pouvoir unique. Or la nature de ce pouvoir restait à définir. depuis l'independance martienne, toute idée de pouvoir central destiné à gérer l'ensemble des systèmes isolés n'avait de pertinence qu'au regard des apports à la colonisation de cet organisme centralisé et son acceptation par tous. Un consensus commença à se dégager à partir du premier "quintet des systèmes". Les cinq visés ( alpha et proxima centauri, procyon, ) avaient jusqu'ici étées chapeautés par l'organisme terrien, et par extension solsysien, des "nations unies", vieux système dont le sens n'était plus adapté à la réalité: chaque système comprenait au moins une planète colonisée comprenant plusieurs "nations " au sens ancien du terme. La "confédération des mondes", une assemblée dédiée à chaque planète fut jugée rapidement peu judicieuse:

En effet, dans le système originel même ( solsys ), attribuer un siège à chaque planète n'avait aucun sens du fait de l'extrême disparité des situations: La Terre, Mars, puis Vénus avaient, avec leurs populations considérables et leur habitabilité, un rang prédominant par nature: D'une manière ou d'une autre, tous les autres mondes du système étaient sous leur dépendance. Les géantes gazeuses, comme jupiter, n'avaient pour toute population que des ex-mineurs et des ungravids, travaillant au sein de quelque station orbitale pour un consortium qui était la seule véritable "nation" qu'il connaissaient. Les mondes "doms" comme les satellites des gazeuses, nombreux, s'autogéraient mais avaient des populations bien réduites, du fait de la difficulté de concevoir de nouveaux dômes avec les moyens de l'époque ( bien avant les premiers cybants ). Avant que les planètes concernées soient entièrement "domisées" ( recouvertes de structures fermées sans interruption ), ces petites communautés ne se regroupaient pas mais communiquaient cependant en permanence. Pour certaines, là encore, les consortiums qui avaient présidé à leur construction avaient force de nation. Il faudra attendre la fin du Vème millénaire pour voir reconnaître le statut de nation à ces mondes, alors même que d'autres se voyaient refuser cet honneur.

Pour simplifier, on assembla de manière à peu près cohérente toutes les communautés planétaire à l'échelle du système sous le vocable de "fédération". Tous ces systèmes formaient au départ une "confédération". Le terme d'empire ne fut affecté que lorsque les "grands travaux" et défis de l'humanité réclamèrent une mise en commun des moyens bien plus étroite. Le premier de ces défis était la création et la maintenance d'une réseau hyperlite valide sur le long terme. Certains consortiums pouvaient y participer mais en aucun cas gérer seuls de telles entreprises, au moins au début. Cette mise en commun commanda une structure politique plus solide, destinée à brasser des fonds considérable en provenance des fédérations, et cet ensemble devint le couple classique asemblée ( avec les délégations fédérales des systèmes, comprenant des représentants de leurs mondes les plus peuplés ), pouvoir éxécutif, ce dernier étant confié non à un homme, bien entendu, mais à un collège de techniciens devant répondre de la bonne utilisation des fonds alloués pour la réalisation de grandes tâches. Ces techniciens, appelés "commissionaires", étaient désignés au sein de chaque système colonisé. Chacun se chargeait d'une partie du dossier qui lui était confié, en étroite relation avec ses collègues.

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