La planète rouge.
Ce surnom, Mars l'a glané au cours des nombreuses observation qu'on avait pu faire d'elle, et au XIXème siècle la découverte de "canaux" géants à sa surface, bien rectilignes, fit d'elle une autre planète habitée. Le mythe des petits hommes verts perdura jusqu'à ce que la sonde viking en se posant à sa surface en révèle la vraie nature, sableuse, caillouteuse et glacée, et bien sûr sans vie apparente. Si mars à tellement intéressée les scientifiques, c'est parce qu'elle possédait une topographie démesurée mais indiquant que de l'eau y avait coulé jadis, une calotte polaire faite d'ailleurs de glace, une rotation de pratiquement 24 heures, une atmosphère de gaz carbonique et les températures les plus clémentes du système solaire. C' est ce qui conduira les astrophysiciens américains, Carl Sagan en tête, à imaginer une future colonisation de cette planète, projet qui fit même l'objet d'une recherche, chiffrée par la NASA à plusieurs trillions de dollars de l'époque...
Topographie martienne
Les crédits dont bénéficiaient
la recherche spatiale au début des années 2000, allaient vers
la station Alpha, vers l'observation de l'espace -notamment la découverte
de planètes extrasolaires-,et vers la préparation de missions
de plus en plus importantes vers mars dont la phase ultime consistait en l'établissement
d'une base permanente sur son sol. Il fallait connaître Mars aussi bien
que la terre pour s'y installer. Mais dans quel but? - ...La connaître
encore mieux. En réalité, on ne prévoit pas concrètement
d'installation à grande échelle -c'est à dire de colonisation.
Tout au moins parle t'on sur le plan théorique d'un "Terraforming";
la transformation de Mars en planète respirable pour l'homme, ce qui
en rendrait l'accès bien plus facile. Ce "grand éléphant
blanc"de la Nasa, consistait à "polluer" positivement l'atmosphère
de la planète, durant plusieurs siècles, faisant renaître
les océans, créant un effet de serre, et y réintroduire
la vie bactérienne qui avait pu y naître des millions d'années
auparavant, puis y adapter des organismes génétiquement adaptés
à son climat. Une telle entreprise nécessitait des fonds exorbitants,
et c'est pour cela qu'en attendant de les réunir, on se consacra à
une étude très poussée de la planète, et de la
chimie atmosphérique. Car ainsi qu'un démiurge, l'homme ne pouvait
ainsi se lancer dans une entreprise aussi démesurée sans solidement
préparer le terrain.
C'est ainsi qu'en 2011, fut lancée "genesia",
la formidable opération de colonisation de Mars, précédée
par une simulation informatique majeure consistant à brasser les informations
glanées sur l'astre rouge, à les confronter aux moyens mis en
place et aux modélisations d'évolution du processus atmosphérique,
ce qui mobilisa plusieurs équipes internationales de spécialistes
et d'informaticiens sur les trois supercalculateurs disponibles reliés
ensembles pendant cinq ans. La simulation fut un demi échec: Genesia
durait 400 ans mais n'aboutissait qu'à une atmosphère anormalement
froide et chargée d'azote. Certes, la vie pouvait s'y développer,
mais l'homme en tant que tel n'y avait sa place que chaudement vêtu
et portant un masque à gaz. En 2014, on relança la simulation,
avec de nouvelles données. Mais le projet faillit plusieurs fois être
enterré à cause de deux autres chantiers virtuels titanesques
en préparation, sur terre, la transformation du Sahara en océan,
et de la baltique en terres nouvelles afin de répondre à l'accroissement
de la population du globe et des problèmes de gestion des territoires
et des ressources.
Suspendu jusqu'en 2036, il fut repris à
l'initiative d'un puissant groupe industriel qui avait envisagé de
construire les premiers "processeurs atmosphériques"( nom donné
aux centrales très complexes chargées sur mars de transformer
l'atmosphère) et disait posséder les bases de la construction
de ceux-ci. L'essai virtuel dura cette fois trois ans et fut couronné
de succès, tel que les médias de l'époque en attestent.
Il s'est avéré plus tard que les laboratoires qui avaient travaillé
sur le projet avaient reçu des instructions très précises,
les condamnant au succès. Ainsi de nombreux facteurs furent minorés
voire parfois supprimés au grés des besoins afin de garantir
un résultat... L'enquête l'établira quelques sept ans
plus tard, confirmant les révélations faites par le chef d'une
des équipes du projet, après son départ en retraite.
La planète rouge jouait décidément de malchance dans
les faveurs qui lui étaient accordées.
L'expérimentation Genesia fut reprise une dernière fois en 2041. A cette date, des navettes faisaient l'aller retour vers Mars en quelques six mois à peine grâce à leur propulsion ionique et permettait de renouveler les équipes de la première base, installés depuis 2028, après une intense préparation. pendant pratiquement vingt ans, les quelques modules d'origine, avec l'augmentation de la fréquence des liaisons, sont devenus un grand complexe, une véritable base, extrayant du sol martien le plus de matériaux possibles afin de suffire à son autoconsommation, se développant afin de construire une vaste verrière, identique, en plus grande, à celle fabriquée en plein désert du nouveau mexique pour la mission biosphère IV (2013-2016). Aussi, les vols constants n'avaient d'autre but que de faire transiter les membres de la mission, des animaux, des plantes, et quelques tonnes de fret, notamment tout ce qui ne pouvait être fabriqué sur place. En 2036, la base, nommée "canyon gardens", puisqu'elle était juchée sur le bord de la trop fameuse valles marineris, surplombant des falaises de 2500 mètres, et se percevait de très loin grâce à la transparence de sa verrière et du vert dominant de sa faune sous cloche, abritait pour six mois quelques dix-sept personnes, et poussa très loin la connaissance de l'astre. La base s'étalait sur quatre "modules" de forme et de tailles différentes, dont le plus grand, la verrière, était conçue pour abriter plusieurs écosystèmes entièrement recréés et contrôlés par six biologistes spécialisés en permanence. C'était l'usine à oxygène en même temps que le garde manger de l'équipe, dont les autres membres géraient le reste de la base, et exploraient les alentours, procédant à de nombreux forages suivis d'analyses. Le porte-parole de la mission de 2041 affirma durant une conférence de presse que l'on était en mesure de mener à bien la 1ère phase du projet Genesia, c'est à dire d'envisager la construction du premier processeur atmosphérique dans les cinq ans qui suivaient. Fin 2042, la terraformation virtuelle de Mars avait prouvé sa pertinence. On était, sur la simulation, en mesure de donner à la planète rouge des océans en 570 ans et une atmosphère respirable en 680 ans. C'était extrêmement long à l'échelle humaine et rappelait tout naturellement les bâtisseurs de cathédrales du moyen âge, lesquels attendaient pendant plusieurs générations avant de voir l'ouvrage terminé.
Ainsi, Mars allait devenir le point de mire de
toute la population terrienne durant près d'un demi-millénaire.
On y tentait l'impensable, ce qui faisait de l'homme une créature vraiment
à part. Il faut néanmoins dire que cela ne s'est pas fait en
un jour et qu'il fallut trouver des fonds considérables, rien que pour
la base permanente, étant en soi un véritable tour de force
quand on songe aux distances qui séparaient Mars de la terre, et ce
qui en faisait une entreprise sans commune mesure avec les missions Apollo
quelques cinquante ans plus tôt.
Alors que dire des sommes réclamées par les vingt processeurs,
les bases pour loger leur personnel, les industries pour leur fabrication
et de l'hébergement de ceux qui se chargeraient de la construction
de l'ensemble?-C'est l'agence spatiale Européenne qui trouva la solution:
Les agences spatiales internationales formeraient un consortium spécifique,
doté par les états concernés, chaque année d'une
enveloppe progressive, le reste provenant d'investissements, de parts de territoires
et des ressources de chacun, à présent parfaitement déterminées.
Les investissements à très long terme n'étaient pas particulièrement
appréciés par les grands investisseurs privés, toutefois
c'étaient eux qui décrochaient les contrats de fourniture des
matériels destinés à Mars, contrôlaient les réseaux
de distribution, et devant l'engouement nouveau suscité par la planète
en 2043, mirent sous formes d'action leurs titres de possession de territoires.
Ils n'eurent pas à le regretter, car la crédibilité
de l'entreprise ne fit que se renforcer durant les mois, puis les années
qui suivirent. Simple indication: Entre 2041, date de la pose du premier élément
du premier processeur et celle de la fin opérationnelle de la dernière
phase de Genesia, en 2605, la valeur des titres augmenta de 150%. Mais ces
énormes combinats furent propriétaires de la planète,
et avec les fusions, acquisition et autres manœuvres, le nombre de propriétaires
passa de 46 à 8. La planète fut donc morcelée en huit
états publics et privés, dépendants de la législation
terrienne, autour du XXVIIème siècle.
Pendant ce temps, les différentes phases de Genesia furent menées
avec plus ou moins de bonheur, précédées et suivies pendant
sept siècles par des simulations de plus en plus perfectionnées,
très utiles, puisque dés qu'une anomalie était détectée,
on pouvait savoir comment elle risquait d'évoluer et quel impact elle
pourrait avoir sur la phase en cours à long terme. Le dosage des éléments
chimiques, artificiellement accéléré, évitait
les millions d'années d'évolution naturelle mais était
extrêmement délicat à contrôler. La moindre erreur
pouvait être fatale à tout le processus.
-La première phase consistait à construire
et à mettre en service des processeurs atmosphériques. Ces machines
n'étaient pas nouvelles: Pour contrebalancer les effets de l'augmentation
du CO2 sur terre, on avait envisagé la construction de filtres géants,
capables de suppléer à la déforestation et à la
pollution des mers, entraînant la disparition du plancton. Ces machines
monumentales ressemblaient à de gigantesques tours de refroidissement,
fonctionnant comme des aspirateurs en utilisant les hautes et basses pressions,
puis faisant passer l'air au travers de nombreux filtres qui fixaient le CO2.
La capacité de retraitement du premier construit, en 2030, avec des
fonds Européens, était de 3500 mètres cubes à
la seconde. Modeste, c'était néanmoins un premier pas très
instructif. Les autres suivirent avec la résolution 11675-245 de l'ONU
donnant acte à la conférence sur la terre de Shanghai en deux
ans plus tard. Ils n'intéressaient le secteur privé que pour
leur construction, car ils n'étaient financés que pour répondre
à un besoin vaste et impalpable s'agissant de freiner la dégradation
de la qualité de l'air, il ne pouvait y avoir aucune retombée
économique profitable à la société si ce n'est
que très indirectes (la baisse des dépenses de santé
concernant les allergies, par exemple. ). Néanmoins la communauté
internationale finança la mise en place de près de 50 processeurs
à partir de 2119, date à laquelle l'amélioration des
conditions générales et certaines découvertes mirent
fin à cette "traque au CO2". Cependant, l'expérience avait été
très profitable en ce qui concerne les processeurs martiens, qui eux,
étaient bien plus complexes et d’une échelle bien plus
élevée. trois grands groupes industriels se partageaient ce
juteux marché: Lorsque les propriétaires privés n'eurent
plus de monopole, les états purent s'offrir à leur tour des
portions de territoires.
En 2130, le second en superficie appartenait à
la fédération Européenne. Il était vaste comme
l'Europe, précisément, et reçut très logiquement
le nom de "nouvelle Europe". Les territoires voyaient leurs prix attribués
selon leur élévation au dessus du point le plus bas de Mars,
pour la simple raison que la terraformation entreprise aurait pour effet de
provoquer des pluies torrentielles, et de transformer des portions de territoires
en mers et océans. La topographie était donc capitale, et les
relevés accumulés durant les années vingt et trente valaient
de l'or.
Mars était cependant 45% plus petite que la terre et les futures terres
émergées étaient l'objet d'une lutte financière
farouche; puisque l'on comptait reproduire le schéma terrien de 1/4-3/4
au profit des surfaces océaniques. Ne sachant pas dans quelle mesure
il faudrait attendre pour voir naître un écosystème viable,
il était prudent de freiner l'urbanisme.
Dans ce cadre, la première conférence sur Mars, ouverte à
Berne en 2060, prévoyait qu' 1% des terres émergées seraient
urbanisées jusqu'en l'an 3000, soit 361 750kmÝ ( Soit à
peu près la superficie de l'Allemagne.). C'était nettement suffisant
pour bâtir les processeurs, les industries ,exploitations et les logements
-d'ailleurs préfabriqués, mais insuffisant pour des villes devant
atteindre à terme 10 millions d'habitants et surtout pour les surfaces
agricoles, comprises dans ces zones. Aussi, il était prévu de
donner suite à ce problème en recourant aux principes de la
nouvelle architecture, tels qu'énoncés parla charte de Vienne,
en 2047.
-La première phase de Genesia
vit la construction d'une immense station orbitale, qui allait atteindre en
2280 environ 56000 mètres cubes pour 23 560 astronautes. Son rôle
fut de faire transiter tout le matériel venu de la terre et les équipes
venant d'elle ou en partance vers elle, ainsi que de construire les vaisseaux
trans-atmosphériques chargés d'amarsir avec leur cargaison sur
les pistes de canyon gardens, dont l'extension fut spectaculaire, avec la
concentration de verrières la plus immense vue à ce jour: 355
000mÝ. La plupart servaient de cultures agropodes multi étagées,
d'autres de pâturages, fournissant aux 550 000 "martiens" de fraîche
date une autonomie alimentaire relative, et un semblant de paysage terrestre.
Malgré tout, lesdits martiens rentraient au bercail, tous les six mois.
Les natifs véritables étaient donc des exceptions. Cela ne sera
pas constant: à partir du début du XXIIème siècle,
la plupart des 140 processeurs avaient étés terminés
et étaient en service. Les ingénieurs ouvriers, terrassiers,
se virent affectés à d'autres travaux: Construction
de grandes infrastructures semi souterraines sous marines, destinées
à exploiter de futures fermes aquacoles, exploitations halieutiques,
centrales électriques utilisant la puissance des futurs courants marins,
entres autres, ainsi que des constructions sur les futures terres émergées,
en dur, pour loger le personnel des processeurs et industries dans de meilleures
conditions. Mais Mars manquait de bras. Les agences spatiales, qui organisaient
le sévère recrutement de ceux qui y étaient envoyés,
durent rapidement assouplir leurs critères de sélection et s'ouvrir
à des candidats moins diplômés et de condition physique
plus communes. Ainsi, on peut parler d'un début d'immigration, dont
les colons, plus affairés, motivés ou moins aisés restèrent
plus longtemps sur place et engendrèrent la première population
de natifs, les seuls véritables Martiens.
-La phase 2 de Genesia commença en 2065, date de mise en service
des 12 processeurs de la seconde tranche. Les autres vagues suivirent au cours
de la fin du siècle, jusqu'en 2110. Leurs effets furent lents en apparence:
Le ciel Martien ne commença à s'assombrir et se réchauffer
qu' au XXIVème siècle. Aussi, pendant ce temps, la planète
rouge ne changea que par la présence de ses fourmis humaines, fort
occupées à se développer autour des Processeurs et des
industries. Alimentés par la lumière solaire, les cultures sous
verrières fournissaient presque sans énergie les produits souhaités.
De même, des équipes de biologistes travaillaient sur l'implantation
d'organismes au patrimoine génétique totalement remanié
afin de s'accommoder des rudes conditions biosphériques Martiennes:
Le froid extrême, l' absence totale de certains éléments
chimiques dans le sol et l'air, et le manque de pression. Ils réussirent
leur pari, après des dizaines d'années infructueuses,
et implantèrent le premier OGM viable, un organisme vivant véritablement
extra-terrestre, car il n'aurait absolument pas pu survivre sur terre. Comme
les organismes de cette dernière, en revanche, elles ne remplissaient
leur fonction de petites usines à oxygène que grâce à
la photosynthèse, et celle ci ne commencera à faire défaut
qu'au cours du XXVème siècle.
La phase 2 se poursuivra durant 200 ans, et vit le ciel de Mars s'assombrir
assez rapidement. En 2116, on enregistra la première pluie, et d'autres
suivirent, quelque peu en avance sur les prévisions. Mais on retiendra
que les premières averses véritables, à partir des années
soixante du XXIIème siècle apportèrent cet élément
qui avait sculpté les déserts Martiens jadis, et qui semblaient
avoir réveillé l'astre rouge. Au début de la seconde
moitié du siècle, le ciel devint presque noir, et les pluies
redoublèrent d'intensité. La longue nuit Martienne allait débuter...
Les Martiens avaient eu le temps de s'y préparer: Des batteries d'ampoules
et d'allogènes étaient installées sous les verrières,
tant la lumière devait se faire rare.
Les constructions provisoirement situées dans de vieux lits de fleuves furent prudemment déménagées, tandis que les équipes se dépêchèrent d'achever les dernières imperméabilisation de plus de 17 grandes bases sous marines, construites selon les besoins futurs-la construction à sec coûtait trois fois moins cher. Après 2170, le ciel était si dense qu'il faisait régner une obscurité presque totale du nord au sud et quelle que soit la saison, de sorte que les rythmes biologiques en furent affectés suffisamment pour que les Martiens quittent en masse une planète pour laquelle ils s'étaient investis totalement. Mais ce sont les plus haut diplômés, les aisés, qui quittèrent ce monde.
Paradoxalement, la population Martienne, qui avait passé le cap des 900 000 en 2200, continua à augmenter avec une immigration économique considérable. Main d'oeuvre corvéable à merci, ils travaillèrent pour les descendants de ceux qui avaient étés les bénéficiaires de l'ouverture des recrutements, qui étaient d'authentiques Martiens natifs, et qui n'étaient encore jamais allés sur terre autrement que virtuellement, car pour monter dans l'échelle sociale, ils renoncèrent à ce voyage, pour des raisons financières d'abord, puis parce que leur travail échevelé ne leur en laissa jamais le temps. Ces derniers partirent enfin profiter de la planète bleue, en goûtant une retraite hautement méritée et pour la plupart n'en repartirent plus. Mars, au XXIIIème siècle, n'était pas un astre attirant, loin de là.
Monde de la nuit, on y travaillait 24 heures sur
24, précisément à cause de toute absence de repères
chronologiques, souvent dans de mauvaises conditions. Il faut s'arrêter
un instant et imaginer ce que pouvait être la vie du prolétariat
à cette époque: Les ouvriers de l'extraction, du bâtiment,
construisaient pour un monde noir, respirant mal dans de vieux masques à
oxygène, suant au delà du supportable dans leurs combinaisons
conçues un siècle plus tôt pour les rares sorties d'ingénieurs,
se débattant dans une boue tenace formée par ce fameux sable
rouge Martien, à présent aussi noir que le reste, sous une pluie
qui brouillait la vision et envahissait tout, faisant du sol une immense rigole,
emportant dans de soudaines coulées de boue, hommes et matériel.
Les sans grades payèrent un lourd tribut au confort des générations
futures, qui, lors de la troisième phase, virent un monde conçu
admirablement dans des conditions effroyables.
Malgré
ce peu d'attraits de Mars, l'immigration fut considérable. Avec l'arrêt
des dernières exigences de sélection, ce furent des millions
de terriens pauvres qui rejoignirent ce sombre enfer pluvieux, pour y trouver
travail et richesse, qui ne manquaient pas. Mars de toute cette période
est l'exact portrait de l'Amérique du XIXème siècle,
avec à la différence de l'autre de superbes paysages et ressources
naturelles.
-Lorsque la troisième
phase commença,
au long du XXVème siècle, la population Martienne avait franchi
le cap des vingt millions. On pourrait en dire long sur l'aventure incroyable
qui s'était déroulée ici, patiemment, laborieusement,
douloureusement souvent au travers des siècles, enfantant un monde
nouveau si beau que la terre en fut presque jalouse. Comme la plus belle métaphore,
le ciel commença imperceptiblement à se montrer moins noir.
Les premières éclaircies véritables bien qu'éphémères,
commencèrent à révéler au monde un nouvel astre,
Mars la rouge métamorphosée, sortie de sa chrysalide.
La troisième phase était bien une sorte de sortie du tunnel: Il s'agissait de stopper un à un les processeurs, d'ailleurs fort usés par un fonctionnement quasi constant, transformés maintes fois afin d'améliorer leurs performances, et d'utiliser ceux- ci afin de surveiller la bonne tenue de l'équilibre atmosphérique qui allait se mettre en place pour l'éternité. Mars se réveillait recouvertes d'océans et de mers, peuplée d'un plancton transgénique, déjà couverte d'épaisses forêts, avec de prudentes adaptations d'une faune issue des contrées froides de la terre. Car la vérité sur le caractère Martien, sorti depuis 50 ans sur des supercalculateurs allait se révéler à ses habitants et aux terriens inquiets.
L'équilibre devait donner à l'astre
rouge un climat à la fois tempéré et continental, assez
frais, et faire de Mars une sorte de grand "canada".Les températures
définitives en effet, rappelaient aux optimistes qui l'avaient occulté,
que cette petite soeur de la terre était diablement éloignée
du soleil; et ainsi les températures maximales prévues en été
à l'équateur, devaient rester en dessous des 25°,tandis
que les minimales relevées dans l'hémisphère nord, frisaient
les -70°. Mars , malgré la pourpre de ses montagnes et canyons,
serait une "revigorante" destination.
Quant à Phobos et Deimos, ses fils à la bataille selon la mythologie,
il s’agissait de deux petits astéroïdes, 18 par 22 Km pour
Phobos et 10 par 12 Km pour Deimos, ce dernier étant bien plus éloigné.
Ils servirent de base avancée et le premier sera intégralement
évidé en 2168-70 pour y recevoir un arsenal, des entrepôts
et un chantier, technique nouvelle économique permettant de se passer
de station spatiale.
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