PLUTON, avant-poste du grand gouffre.


Seules images connues de Pluton et Charon au XXIème siècle


             Cette minuscule planète découverte bien tardivement était très mal connue jusqu’au début du XXIème siècle. Sa petitesse et sa surface peu réfléchissante, son éloignement l’avaient exclue des recherches. On ne faisait que supposer, ce qui se vérifia, qu’elle possédait une atmosphère ténue qui se réchauffait et se gelait alternativement du fait de son passage prés du soleil, en fonction de son orbite elliptique si particulière : Il lui arrivait d’être plus proche du soleil que neptune. En fait, elle appartenait déjà à une autre famille d’astres, les astéroïdes et planétoïdes de la ceinture de Kuiper, la vaste théorie de corps entourant le système solaire, génératrice de tant de géocroiseurs potentiellement dangereux. En fait ceux-ci ne menacent que les mondes gazeux proches, et viennent se perdre dans leur profondeur.
Première exploration de Pluton et Charon.


             Si Pluton fut ainsi nommée, c’est le surnom d’Hadès, le gardien des morts, et des enfers, par analogie avec sa situation au bord du système solaire, du gouffre béant s’étendant entre les étoiles, cette immensité de vide absolu qui peut être comparé à un enfer glacé en comparaison de la chaleur bienveillante du soleil. Ce dieu est assisté par des démons, dont Charon, un satellite découvert en 1978. Cette grosse planète pour un simple satellite à fait du couple Pluton-Charon un doublé planétaire.
             S’il fut mis en évidence que Pluton était surtout un amas de méthane gelé finalement pauvre en silices, sa situation très avancée en fit une base idéale pour des exploration extrasolaires, une dernière escale avant le grand saut. De ce fait, une station spatiale vint de Neptune en 2202 se positionner autour de la petite planète, et une de ses excroissances, alla se placer autour de Charon. Le maigre équipage devait se mettre en hibernation par tour de service durant une mission de 15 années, ayant pour but d’étudier la faisabilité d’une implantation sur Pluton d’un ensemble portuaire complet et aussi autonome que possible.

L’année Plutonienne étant de 247 ans terrestres, il ne fallait pas compter sur une quelconque assistance avant que le chemin de Pluton ne croise celui de Neptune, lorsque les orbites correspondait, chose qui n’arrivait que tous les 123 ans… Bien avant que l’on ne développe des moyens de déplacement plus efficaces, il fallait compter sur 9 années de vol pour joindre la planète depuis le centre du système. Aussi, les tentatives d’implantations furent timides et se bornèrent à des missions d’étude jusqu’à ce que l’on mette au point de nouveaux propulseurs Ionique, et surtout les turbines à antimatière. C’est donc au début du 4ème millénaire, que l’on vit l’activité sur Pluton et Charon redoubler. En fait, cette planète entrant et sortant de la ceinture de Kuiper pour une période fort longue, il y avait moyen de puiser les ressources métalliques dans les innombrables réserves de cette immense halo de matière.

Dés lors, un consortium, Pluton Industrial General Agency, (PIGA), fut constitué afin de répondre à l’intérêt en jeu. Le premier de ces buts était de concevoir de vastes complexes induisant l’autonomie de ce monde. En 3018, le pari était gagné pour la PIGA qui avait investi des dizaines de milliards de Wocus dans ce projet : Il y avait cinq complexes sur Pluton et un sur Charon capable de faire vivre sans assistance 12 000 colons au total. Ces derniers s’employèrent à construire un complexe spatial capable de lancer une exploration méthodique, une « mise en coupe réglée » de la zone traversée de la ceinture de Kuiper.

Première carte connue (2013)

En 3250, L’industrie Plutonienne devenait impressionnante : Il y avait désormais plus de 260 astéroïdes dotés d’un petit complexe autonome mêlant base et mine. La production annuelle de matières siliceuses raffinées en carbonites utilisables par l’industrie et surtout en blocs bruts de matériaux destinés aux fonderies et à la sidérurgie en général, atteignait 60 milliards de tonnes. Pluton était à l’origine de tout cela. C’est là que se trouvait toutes les industries de construction et d’équipement des complexes, là ou l’on produisait les navettes et vaisseaux de liaison, les containers, les fonderies mobiles. Là encore ou l’on créait depuis l’embryon jusqu’au conditionnement lyophilisé toutes les espèces consommées, là encore ou l’on concevait les piles à fusion, les turbines ioniques…
 
             Lors des premières tentatives d’exploration des étoiles proches, le premier vaisseau d’exploration destiné à l’étoile Proxima Centauri fut conçu et assemblé dans la grande station-arsenal de Huygens, orbitant autour de Pluton. Il en partit en ce jour historique du calendrier chrétien d’alors, le 17 avril 2452. Le «Youri Gagarine» devait franchir les dizaines de millions de kilomètres séparant les deux systèmes ( 4.40 années lumière ) en un peu plus de 650 ans. L’équipage en hibernation n’était composé que de fonctionnels clonés, sans aucune attache familiale donc. On savait pertinemment que le vaisseau serait sans doute doublé ultérieurement par un autre bien plus rapide, d’autant plus que les travaux concernant l’hyperespace abondaient et progressaient.

Désormais, les liaisons entre Pluton et le centre du système ne prenaient plus qu’une année pour s’accomplir. Mais au début de 2972, un nouveau défi attendait les équipes de scientifiques envoyées sur Pluton avec un complexe orbital gigantesque : Il s’agissait des premières expérimentations de turbines à antimatières, et le danger théorique causé par l’instabilité de ce nouveau propulseur le condamnait à être testé aussi loin que possible. 
C’est donc au-delà même de la ceinture de Kuiper, en plein dans le nuage d’Oort, nid de comètes, que furent tentés les premiers essais (infructueux) de fonctionnement de ces systèmes. Pluton joua dans ce cas le rôle de base avancée.

Enfin, en 3008, la grande nouvelle frappa les médias et fut célébré depuis comme un jour faste : L’expérience 116 réussit pleinement, le propulseur n’ayant rien d’autre à pousser qu’une simple sonde améliorée quitta le nuage d’Oort de toute la puissance de sa turbine pour gagner l’étoile de Barnard, à 5.94 AL, une modeste naine brune comme il en existait tant dans la galaxie. Il devait théoriquement effectuer ce voyage en un peu plus de 300 ans, ce qui constituait un progrès notable, bien que pas encore décisif. Depuis toujours l’homme se heurtait à cette ultime limite de la vitesse de la lumière, véritable chimère, fantasme d’écrivain de science-fiction et cauchemar des physiciens. Celle-ci sera définitivement abattue en 3760.
             Pluton fut par la suite, le monde le plus largement mis à contribution dans l’exploration spatiale lointaine. Partagé entre l’exploitation méthodique de la ceinture de Kuiper, relayé désormais par plus de 130 immenses stations spatiales et astéroïdes géants réaménagés, l’exploitation de ce vivier des matériaux avait en 3420, en plein début des expériences théoriques de saut dans l’hyperespace, atteint son apogée. Pluton comptait infiniment moins d’habitants sur son sol ( 405 000 ) que dans l’espace immédiat, orbital ( 3.25 millions ). Charon même ne revendiquait qu’une maigre population de 211 000 colons. Cette dernière, proche en composition chimique de Pluton, méthane gelé et semblant de fine atmosphère d’azote, était large de 1186 Km à l’équateur. Pluton ne devint plus à partir du cinquième millénaire, qu’un poste transitoire subalterne et son déclin commença.

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