LE CHAMP D'ASTÉROÏDES :
La grande barrière interplanétaire.

 
Entre Mars et les géantes gazeuses qui constituent la périphérie éloignée du système, loin de la chaleur et de la bienveillance lumineuse du soleil, s’étant une immense couronne de petits corps rocheux, ferreux et glacés, certains de la taille d’un grain de sable, et d’autres plus vastes que de vastes villes.  Si leur troupeau bombarda au grés des collisions internes dues à des évolutions erratiques tous les mondes de ce système au long des millions d’années, elle résultait des miettes de la formation des planètes dans la jeunesse du système. On savait donc y trouver des matériaux ferreux et minéraux en très vaste quantité. L’industrie terrienne ne s’y trompa pas, et en 2100-2200, plus de vingt missions consistèrent à envoyer des sondes sur des astéroïdes jugés intéressants. Les relevés obtenus étant conformes aux prévisions les plus optimistes, l’idée de construire de stations d’exploitation minières dans ces zones dangereuses fit son chemin. En effet, la rentabilité de ces stations étaient prospectivement 35% supérieures aux systèmes d’exploitation planétaires.

 

Le principal écueil était celui de la survivabilité d’une structure industrielle aussi vaste et complexe dans un milieu aussi imprévisible. La Shimagata Corp., créée en 2156 pour exploiter les ressources de Phobos et deimos, les « lunes » de Mars, se trouva en mesure de proposer à la fédération une station répondant au cahier des charges. Longue de 650 mètres, large de 128, et haute d’environ 58 mètres, pourvue de tous les équipement de vie pour une communauté autonome de 280 mineurs, techniciens et gestionnaires, elle avait en outre un système de « préhension » des astéroïdes mineurs ( moins de cent tonnes ), afin de les stocker dans un four à plasma très rapide, et de récupérer la fonte dans un entonnoir à force centrifuge. La difficulté principale de la présence de la station dans ce milieu hostile était réglé par la présence de boucliers autoréparateurs ( nanomachines ), de systèmes de détection multiazimuts (plus de 5000 cibles suivies en une secondes en simultané) et de systèmes de tir à laser contre ces corps astraux potentiellement dangereux. C’est la première fois que l’on expérimentait de dispositifs de tir laser. Le hasard et la providence voulait que cela se fasse de façon pacifique. Enfin, la station bénéficiait de propulseurs à plasma alimentées, comme pour tout le reste de l’énergie du bord, par une pile à fusion. En cas de rencontre potentielle avec un corps trop gros pour être détruit, la station avait la possibilité de quitter sa position orbitale.


Ida ( 44 Km )


Il faut signaler cependant que la ceinture s’étend sur plusieurs UA et que sa densité en corps astraux est décroissante avec la distance. La zone la plus densément « habitée » de la ceinture étant source de trop nombreux dangers, c’est la ceinture extérieure qui avait les faveurs de la compagnie. La station de Shimagata, Kokestu-1, ne fut opérationnelle in situ qu’après un voyage de 12 années, grâce à la diligence d’un remorqueur à turbines à plasma. Par la suite, entre 2170 et 2650, elle fut rejointe par environ  300 stations similaires de différentes compagnies. Il y eut des incidents, des stations perdues devant l’obligation pour les exploitants de pousser l’exploitation au maximum de rentabilité, ce qui la faisait se rapprocher d’avantage de la partie interne de la ceinture et multipliait statistiquement le nombre de collisions fatales.

Céreston, capitale de l'astéroïde Céres, ville nichée dans l'une de ses grandes cavernes naturelles, en 4654.

 

Vers 2450, déjà 24 bases étaient recensées sur les plus massifs astéroïdes, des mines à la merci d’une collision majeure, ces gros corps de milliards de tonnes orbitant au beau milieu de la ceinture, attiraient les astéroïdes proches comme des aimants. Même si les bases étaient construites dans des parties abritées en théorie de la surface tourmentée de ces astres, et que systèmes de détection et de tirs veillaient à ce que rien de fâcheux n’arrive, la position terriblement exposée de ces bases leur donnaient une durée de vie réduite. On estimait qu’un mineur de base avait environ cinq mois à vivre. Mieux valait être ailleurs au moment où l’irréparable se produisait, et les équipes tournantes ainsi que de grosses primes étaient les seuls moyens trouvés pour pallier la peur de ces mineurs souvent de condition sociale très basse. De fait également, les bases étaient construites avec des modules faciles à produire et peu onéreux, facilement remplaçables. Les conditions de vie étaient assez mauvaises, mais la présence d’une relative pesanteur due à la rotation rapide de ces corps astraux amélioraient un peu cette situation. Certains de ces corps particulièrement massifs étaient dangereux en surface, mais les géocroiseurs errants l’étaient beaucoup moins.

Tableau montrant les géocroiseurs majeurs détachés de la couronne et exploités :

Numéro

Nom

Taille

Distance (UA)

433

Eros

23 Km

1,13

4954

Eric

12 Km

1,10

1866

Sisyphe

8 Km

0,87

3552

Don Quichotte

8 Km

1,21

1627

Ivar

8 Km

0,99

5332

Bolivar

8 Km

1,18

5587

Van Dongen

8 Km

1,08

5751

Attila

7 Km

1,21

1580

Bétulia

7

0,96

3200

Phaéton

7

0,14

1980

Tezcatlipoca

6

1,09

5836

Bélénos

6

1,14

2212

Héphaïstos

5

0,24

4179

Toutatis

5

0,90

 

Astéroïdes majeurs exploités:

Nom
diamètre (Km)
rotation (h) révolution (années) distance UA

1

Cérès

934

9,08

4,60

2,768

2

Pallas

526

7,81

4,61

2,774

4

Vesta

510

5,34

3,63

2,361

10

Hygiea

408

27,6

5,55

3,136

511

Davida

328

5,13

5,65

3,172

704

Interamnia

316

8,73

5,36

3,064

52

Europa

302

5,63

5,46

3,099

3

Junon

268

7,21

4,36

2,669

87

Sylvia

260

5,18

6,55

3,499

15

Eunomia

256

6,08

4,30

2,644

31

Euphrosyne

256

5,53

5,58

3,144

16

Psyche

254

4,20

4,99

2,922

65

Cybele

240

4,04

6,36

3,432

324

Bamberga

230

29,43

4,40

2,686

451

Patientia

226

9,73

5,36

3,062

48

Doris

222

11,89

5,49

3,111

107

Camilla

222

4,84

6,54

3,495

532

Herculina

222

9,41

4,63

2,777

45

Eugenia

214

5,70

4,49

2,721

29

Amphitrite

212

5,39

4,08

2,553

121

Hermione

210

9,24

6,38

3,440

423

Diotima

208

4,78

5,38

3,071

13

Egeria

208

7,05

4,13

2,575

94

Aurora

204

7,22

5,62

3,161

7

Iris

200

7,14

3,68

2,385




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Phaaspa A et B, couple orbitant de concert et redus solidaires par des pitons en hexacarbone. Habités, servant de base-relai.

Ceci n’est qu’un petite partie des millions de corps orbitant dans cette vaste zone un peu perdue de tout. Par la suite, si des fonctionnels ont remplacés les hommes présents dans ces mines, ce sont aujourd’hui des systèmes automatisés qui s’en chargent. Mais à une époque, au tournant du 34ème siècle, on installa des pénitenciers et des dépôts sur certains de ces astéroïdes les plus sûrs, la population de la ceinture ne fut jamais vraiment recensée : A cette époque, il y avait environ 87 400 bases et stations de toutes sortes, pour une population estimée autour du million et demi. La ceinture, en 3600, fournissait prés de 68% des besoins en matériaux ferreux et minerais divers.


Eros ( 23 Km )

L’intense trafic qui se développa entre les géantes gazeuses et la partie interne du système, ainsi que la pauvreté parfois extrême des mineurs contribuèrent à la naissance de la piraterie spatiale. Le gros du trafic, des méthaniers, transportaient une cargaison principale de peu de prix. En revanche, leur petite cargaison annexe était parfois plu intéressante. Quant aux cargos, ils étaient la cible principale de ces pirates. Pour ces derniers, la ceinture constituait la meilleure des protections, encore fallait-il savoir manœuvrer avec suffisamment de dextérité. Cette piraterie eu pour conséquence la création de la première force policière fédérale, et des escadrons de chasseurs rapides et manoeuvrables furent envoyés avec leur aviso de soutien et de transport sur zone, garantissant les « passes » par lesquelles devaient s’écouler à présent le trafic. La guerre contre la piraterie fit rage pendant plus de deux millénaires. Les bases secrètes sitôt découvertes, trois autres étaient aménagées sur d’autres astéroïdes, à partir d’anciennes bases et mines réaménagées. Les petits vaisseaux manœuvrables étaient le fait de quelques petits chantiers clandestins équipés grâce à la capture des premiers petites navettes de transbordement et transformées par l’adjonction de puissants propulseurs. Cette piraterie se reproduisit plus tard dans la ceinture extérieure au système solaire, encore plus fournie en planétoïdes et fit recette avec le développement des systèmes stellaires voisins, Centauri, Trecomsah ( Lalande 21185 ), Barnard , Aldenia (Wolf 359), Sirius, Edinah (L726-8), Paducah (Ross 154), Shenandoah ( Ross 248)…

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