CIVILISATION Martienne

Mars est historiquement la première planète colonisée par l'Homme et rendue habitable, on dira improprement "terraformée", car en réalité Mars était bien différente de la terre, à tel point qu'elle nécessita à long terme une mutation génétique de ses habitants, devenu des "extra-terrestres" à proprement parler, les premiers membres de la vaste famille humaine.

Mars au début de l'exploration spatiale (1976-2400):

On peut se reporter à un historique de sa terraformation dans le chapitre "Mars", dans solsys.
Ce que l'on en dira est que de toute antiquité, Mars, le dieu de la guerre, rouge de colère, à fasciné les hommes plus qu'aucun autre monde. Une fascination telle que les missions se multiplièrent et ceci dès les années 1970 (Viking). Le cinéma, la littérature, l'art, s'empara de ses canyons abyssaux, de ses montagnes et volcans démesurés, de son ciel rouge, de ses tempêtes, de son passé si mystérieux et si proche de la terre. On lui prêta l'existence d'une civilisation intelligente depuis qu'un astronome Italien, précédé par le père Secchi (1855), Giovanni Schiaparelli, avait découvert en 1877, soit presque extactement un siècle avant Viking, d'étranges canaux à sa surface, si vastes et si rectilignes qu'il ne pouvait s'agir que d'une intervention intelligente. L'idée fut reprise et abondamment traitée par percival Lowell en 1895. De là est né le mythe de la peur des "envahisseurs" dont H.G. Wells ou Orson Welles, ou bien encore ray Bradbury allaient rendre immortels.
Toute cette mythologie très en vogue pendant un siècle s'effaça comme par magie en 1965 (Mariner), pour faire place à la désillusion et à la rigueur scientifique. Une nouvelle aventure commençait.


Carte mercator Martienne de Schiaparelli (1888)

Globe de Lowell (1895)

C'est sans doute le vulgarisateur scientifique très célèbre à la fin du XXe siècle, Carl Sagan, précédé par Zubrin et Hayes, qui participa largement à l'invention d'un nouveau concept, celui de la "terraformation". l'idée -folle?-, que l'homme pourrait modifier le climat Martien par son intervention artificielle à grande échelle et sur une très longue durée, afin de la rendre habitable. L'idée fit son chemin. Elle fut évaluée par la NASA, alors l'agence la plus puissante au monde, bien que son budjet soit dépendant d'une institution certes démocratique, mais soucieuse des deniers publics estime dispendieux et disproportionné un tel "chantier".

Trois grandes idées surmontaient ces débats:

-Réchauffer ce monde en usant largement des CFC, bien plus efficaces que le CO2, et dont une faible présence suffit pour élever la température de 30°c. Mais ce processus dépendait au préalable de la création d'une couche d'ozone protectrice, empêchant les rayonnements ultraviolets de détruire les liaisons de ces molécules. Les premiers processeurs étaient donc destinés à en produire en masse.


-On envisageait également de vaporiser le CO2 contenu dans la calotte polaire de Mars grâce à d'immenses réflecteurs orbitaux. Construit à partir de matériaux nouveaux comme le carboplastique, le titane, une première station (Mirror Orbiter-1), fut géostationnée au-dessus du pôle sud, présentant des panneaux de quelques 120 Km de rayon au soleil, tel un gigantesque tournesol ( Une ancienne plante terrestre s'orientant naturellement vers l'astre-roi, et produisant des graines riches en lipides. ).


-Enfin, grâce à une suite d'explosions nucléaires, on envisageait de noyer sous une masse nuageuses de poussières rouges le pôle Nord afin de réduire son albédo ( réflectivité ), et d'augmenter du même coup l'emmagasinement d'énergie captive.


En 2400, Mars avait étée soumise à d'intenses précipitations, ayant entraîné l'émergence d'un océan dans les lowlands du Nord ( L'océan boréal ). Le ciel se dégageait, on respirait avec un simple masque, sans combinaison. La température était agréable, la pression presque similaire à celle de la terre ( légèrement inférieure, ce qui donnait le fameux "mal de mars" pour ces colons des temps héroïques, un léger tiraillement de la peau, et des maux de tête, des rougeurs dûs à un afflux de sang mal adapté à la faible pesanteur. ). Le processus continuait grâce à des cultures de masse de nactéries anaérobies, permettant la seconde phase, l'Ecopoieisis.


Mars peu avant la seconde phase d'oxygénation (2400).

On commença alors l'introduction en masse de cyanobactéries anaérobies habituée aux milieux extrêmes (sècheresse, faible lumière, froid relatif -plus de 0° en "été"), les Chroococcidiopsis, prolifiques et résistantes, mais aussi les Matteia, attaquant les roches Martiennes et libérant du CO2 ( le dégazage du régolithe ) tout en fixant l'azote, et les Deinococcus radiodurans, hyper résistantes, et dont la membrane inspira la composition des premières combinaisons coloniales.

Ces bactéries permirent d'élever graduellement la protection aux UV tout en augmentant la proportion d'oxygène dans l'atmosphère. A l'issue de leur cycle de 250 ans, les premières mousses , lichens et algues furent implantées avec succès. Cent ans plus tard, le taux d'oxygène était suffisant pour les premiers végétaux terrestres plus évolués.: Des conifères transgéniques, spécialement adaptés. Suivit la phase de "stabilisation atmosphérique", durant encore environ un siècle. les processeurs atmosphériques continuaient leur fonctionnement, dispensant des milliards de tonnes d'azote afin d'y pourvoir. Le niveau des eaux monta encore, jusqu'à atteindre 40%, jugé largement suffisant en rapport de la superficie relativement modeste des terres émergées ( environ la taille combinée de l'Eurasie et d'une partie de l'amérique du sud. ).

Son climat définitif la fit très vite comparer à un "canada planétaire". De rouge, ce monde devint blanc et bleu. Ses colons était devenus des "Martiens", les natifs étant sveltes, grands, longilignes., aux traits scandinaves, à la peau blanche, aux gestes calmes et empreints d'une sérénité trompeuse. Jamais la volonté d'indépendance et la défiance vis à vis de la mère Terrestre ne fut plus fort. Le tourmente se préparait...

Chroniques martiennes (véritables et non Bradburiennes):

"-En 2200, Cardens était le centre du monde Juché sur les hautes falaises de la Valles marineris, la capitale exhibait son manteau de verdure sous cristal, un parc naturel immense conçu à l'âge des premiers colons et devenue le symbole de cette ville, la ville des "jardins au bord du canyon". En 2400, elle comptait plus de 25% de la population martienne. Elle s'étalait sur plus de 30 km, et son sol avait été creusé de telle sorte que c'était un monde troglodyte. En de nombreux endroits, des "tranchées" avaient étés creusées, éclairées par le plafond de verre, qui étaient autant de rues baignées d'une lumière pourpre. Ces rues étaient les artères publiques de la ville. Ailleurs, les tours d'habitation hautes parfois de plus de cent mètres exhibaient leurs formes étranges , fantaisies d'architectes libérés des contraintes de la pesanteur terrestre, et qui avaient succédés dans les nouveaux beaux quartiers aux barres standardisées et borgnes ( le carboplastique translucide était encore cher et seul le verre, fragile, étant disponible, on préférait réduire les risques de décompression par des surfaces faibles voire absentes. ).
Les abords de Cardens étant désespérément plats, on conçut de véritables collines artificielles que leurs promoteurs cultivés nommèrent d'après les célèbres reliefs de la Rome Antique. Ces lotissements des élites fortunées se reconnaissaient à leurs immenses doubles baies vitrées donnant en terrasse sur la ville. Ce "Berverly Hills" martien était donc connu comme le Palatino, l'Aventino, le Laurentino...

RELATION ENTRE MARS ET LA TERRE (2200-2850):

C·est en 2605 officiellement que mars devient habitable. Elle l·était déjà dans les faits depuis prés de 50 ans, et le port d·un simple marque respiratoire amovible suffisait dès 2500. Cette grande aventure ne commença qu·en 2045 lorsque l·on prouva la pertinence d·une terraformation de cet astre, et grâce aux gigantesques investissements qui provenaient des groupes privés, en dehors de toute légalité jugée contraignante : Selon les conventions du XXème siècle, l·espace était un patrimoine universel, la propriété étant celle de l·humanité entière.- Cette clause utopique réservait la conquête spatiale aux agences émanant de l·état, disposant de sommes allouées par un parlement, celle Des contribuables. Rapporté au peu de motivation du public, ces budgets réduits retardèrent longtemps les avancées, la recherche étant rapportée d·abord à ses aspects rentables. De toute évidence une entreprise aussi colossale qu·une terraformation ne pouvait se faire qu·avec des fonds en décalage avec ce que pouvaient fournir l·ensemble des agences spatiales mondiales.

C·est ce que Rudyard Winano comprit en 2050. Il vit dans la possibilité d·introduire le droit de propriété comme carotte, préalable à une activité industrielle locale, le seul moyen d·inciter les investisseurs à participer à cette entreprise. Après un combat médiatique de premier ordre, ce multimillionnaire parvint à faire reconnaître ce principe du droit de propriété territorial aux investisseurs. L·agence spatiale mondiale, les Nations spatiales unies (USN), réticentes, durent se résigner à cette solution. Le combat médiatique fut rude entre les pro-propiétaires et les garants de l·universalité du sol. Il se résolut par un compromis, l·acte Yorkes-Zhibao, signé en 2059 entre les différents membres de l·USN. Il stipulait la reconnaissance d·un droit de propriété sur les ressources, les terres et les biens, mais pas les hommes ( ceux qui travaillaient sur ces territoires ), et durant un laps de temps fixé par bail, d·une durée exceptionnelle, mais qui augurait d·une rentabilisation confortable, de 1000 ans.

Passons sur les détails de cette terraformation, ils ont déjà étés traités. Concernant les liens entre la Terre et Mars, il faut parler de l·émergence d·un pouvoir politique Martien:


En 2280, Mars était comme prévu partagée en territoires, de circulation libre, frontières virtuelles, mais propriétés de différents consortiums, appelés aussi «Mars Special Administration Groups», qui se partageaient les futures terres émergées du continent sud.
Le nord, bien entendu étant submergé à l·issue du processus. Mais à partir de 2340, un premier mouvement de contestation commença à naître autour de la question des droits des immigrants.


-Les MSAG avaient toute autorité législative et judiciaire sur leur territoire, le tout sous le contrôle du sénat martien, la seule assemblée crée dans le but de veiller à la conformité des lois locales à la constitution martienne, élaborée dans la hâte en Août 2305. C·était le seul organisme élu de la planète à veiller à la bonne application des droits fondamentaux de la charte Onusienne. Cette constitution, élaborée comme un calque provisoire de la charte appliquée à ce monde restait relativement vague sur le degré d'autonomie politique mais affirmait la prééminence des droits fondamentaux sur les législations des MSAG, tout en reconnaissant le droit de propriété de ces consortiums sur le territoire et les ressources et pour mille ans.


-Malgré cela, les conditions de travail des immigrants s·étaient dégradées rapidement : A partir du moment où les premières pluies commencèrent à tomber, et que la lumière se mit à décroître, la puissance des dépressions ne cessa également d'augmenter dangereusement, aboutissant à des tempêtes cataclysmiques. De plus, une course de vitesse était engagée au niveau des territoires du nord, situées sous le niveau du futur océan.


Les contrôles et sélections avaient pratiquement disparu, Mars représentant un espoir colossal pour des millions d·immigrants des pays défavorisés. Les Consortiums construisirent leur propre flotte de vaisseaux de transport de passagers pour ce voyage, mis en hibernation cryogénique pour les 6 mois, ce qui évitait les complications liées aux infrastructures de vie pour 5000 colons. Ces premiers « vaisseaux-dortoirs » dépendaient d·une station spatiale, située autour de la terre, et appartenant au consortium, ainsi qu·une autre en orbite géostationnaire au dessus de leur propre territoire Martien.

A peine débarqués, sans rien en dehors de leurs effets personnels, afin d·économiser du poids dans la navette, ils étaient soumis à une visite médicale sommaire puis envoyés vers un centre provisoire de logements, une assemblage standardisé de petites unités d·habitation, aux côtés de locaux communs faisant ressembler ce système à un camping. Ces colons ne voyaient pratiquement plus jamais la rougeoyante lumière du jour.


Par souci d·économie et de practicité, ils étaient parqués dans les anciennes mines désaffectées, rapidement reconverties pour les besoins de la cause. Les conditions d·hygiène souffraient du manque chronique de stations de retraitement. Des épidémies éclatèrent, avec des virus que l·on croyait éteints, comme la malaria ( les caves troglodytes martiennes sont humides et surchauffées ) ou encore le choléra. Ceci conduisit les consortiums à aménager des cloisons étanches entre les niveaux souterrains, avec des portes de passage verrouillables depuis un central, afin de bloquer les issues en cas d·alerte biologique, avec les conséquences fâcheuses pour les malheureuse victimes de cette quarantaine forcée.


En principe chaque niveau était censé être autonome, possédant une centrale agropode, des réserves de vivres lyophilisées, et un système de retraitement d·air et d·eau. Mais bien souvent, les système de retraitement d·air étaient « oubliés » au profit des seules cultures agropodes, qui pouvaient subir des dégâts et ne pas jouer leur rôle naturel. Les systèmes de traitement d·eau se trouvaient vite dépassés par le volume à traiter et obligeaient les colons au rationnements. Certains n·hésitaient pas à « modifier » ces systèmes, notamment en supprimant certaines étapes du filtrage, particulièrement long, pour obtenir une plus grande rentabilité, au dépit de l·hygiène. Les cas de gastro-entérites aigües devenaient monnaie courante et pouvaient constituer des foyers d'épidémies.


Bien que la fatigue des colons était palpable et nuisait aux performances dans le travail, pratiquement tous les centres de redistribution des denrées alimentaires ajoutaient divers fortifiants chimiques peu surveillés. Les médias étant sous le contrôle des MSAG, des pratiques douteuses s·installèrent, comme celles visant à introduire des amphétamines de synthèse dans les parts de nourriture lyophilisée à destination des unités d·hébergement.


-Une forme de maintien physiologique forcé qui eut des conséquences fâcheuses, notamment sur le plan du vieillissement des cellules. Ont eut une extraordinaire prolifération de cas de démence sénile et de crises cardiaques précoces. Enfin, la protection de ces anciennes mines contre les rayonnements était souvent bâclée, et des cas de contamination radioactives devinrent légion à partir de 2330. De ce fait, les rescencements les plus objectifs estimaient que la durée de vie moyenne ne dépassait pas 55 ans.


Les MSAG fermaient les yeux sur bien des pratiques, l·encourageant souvent officieusement afin de tirer le maximum de ces colons, qui n·avaient bien évidemment les moyens de s·acheter le voyage vers Mars qu'à crédit. Ayant vendu tout ce qu·il avaient, ils signaient un contrat d·engagement de travail avec le consortium afin d·honorer leur dette en dix ou quinze ans. Les denrées vendues sur place étaient également savamment calculées pour en rendre dépendants les colons, et ainsi les maintenir dans un endettement à vie.


En 2338, l·intervention d·un véritable commando de journalistes, passant outre les barrages de la MSAG Cardo-Luyten, et menant son enquête sur le terrain, et dévoila une affaire scandaleuse provoquant la faillite, deux ans plus tard, de ce dernier, privé de sa licence: L·affaire Brandowyn, était en fait une sombre histoire de « retraitement des colons » comme il fut plus tard dénommé.


-Dans l·unité 14 du secteur A de la mine Brandowyn, à 12 Km au nord de la ville de Blunnel, à Chryse, une épidémie de choléra se déclara. Le central ferma donc, comme il était d·usage, le seul accès à l·unité, qui hébergeait alors 650 colons. En principe, les caméras de surveillance aidant, on devait suivre l·évolution de la maladie, ériger un sas de décontamination provisoire sur cet accès et y faire passer une équipe sanitaire et son matériel afin de traiter l·épidémie in situ. Mais ce sas lui-même fut si long à installer, du fait de malfaçons et de manque de pièces, ainsi que de l·incompétence de l·équipe sanitaire qui en était chargée, que cette intervention lorsqu·elle arriva enfin dans les lieux, ne put faire que le constat du décès des 650 colons, hommes, femmes et enfants. Cette intervention s·était mise en place en trois jours, ce qui était en soi abusif, mais qui plus est, le caractère étrange de cette affaire sur le plan médical était l'impossibilité même au virus du Choléra de frapper aussi vite cette population, laquelle bénéficiait d·ailleurs de son propre service sanitaire.


Il fallut un travail d·enquête minutieux et lent pour se rendre compte que sept ans auparavant, lors de l·aménagements de ces unités, la société travaillant sur les instructions de Cardo-Luyten installa un réseau de tuyauteries avec diffuseurs destinés normalement à contrôler le degré d·hygrométrie dans ces unités. Mais d·une part, ces tuyauteries n·entrèrent jamais en fonction, et d·autre part, certaines d·entre elles, démontées en urgence le lendemain de la découverte de cadavres, promptement incinérés, se retrouvèrent sur une décharge et furent récupérées in extremis par un employé scrupuleux qui nota par mesure leur caractère pathogène et identifia un gaz neurotoxique aux propriétés neutralisantes pour tout organisme bactérien.
Ce dernier, intrigué, les mit en réserve dans un caisson mais omit de signaler à son supérieur sa découverte. Au contraire, il contacta un de ses amis, un médecin, qui se chargea d·analyser ces substances. Ce dernier en fit alors référence directement aux médias sur terre. C·est ainsi, que ces derniers montèrent autour de cet évènement une dénonciation en règle des pratiques des MSAG sur Mars.

Accusée d·avoir sciemment introduit dans le réseau de leur secteur un gaz bactéricide particulièrement puissant puisqu·il aboutissait à la mort rapide des colons, mais du même coup arrêtait net l·épidémie, la Cardo-Luyten, rebaptisée entre temps Chryse Nation, fut sommée de dédommager les familles et les proches de victimes, la plupart sur terre, et se vit retirer sa licence d·exploitation. Le site, ouvert au plus offrant, fut récupéré par la Brincorp, le premier consortium Martien, qui du fait de la cession de ces nouveaux territoires changea de nom pour devenir la General Martian Corporation, intégrant par la suite les autres sociétés qui n·étaient pas en mesure de justifier d·une conduite exemplaire en matière de sécurité.


Une véritable « chasse aux sorcières » fut lancée contre les MSAG n·offrant pas toutes les garanties. La GMC, qui devint en 2362 la South Territories Union ( STU ), récupéra cinq MSAG qui n·offraient pas toutes les garanties. L·Olympus State, la Tharsis General Administration, l·Amazonis State ( future terre immergée ), de même que l·Elyseum, et enfin l·Utopia united counties ( divisée en six « comtés » provisoires ·leur disparition étant programmée au tournant du XXVème siècle ).


Certains de ces états étaient répartis entre le nord et le sud, en larges bandes remontant depuis les hauts-plateaux du sud. Afin de gérer au mieux leur répartition territoriale, les consortiums lancèrent de très précises recherches géologiques, topographiques et des simulations complémentaires de terraformation pour déterminer les meilleures répartitions possibles. Ainsi, à ce petit jeu, la Brincorp devint très vite gagnante, et put invertir considérablement dans l·économie des états voisins, jusqu·à en prendre partiellement le contrôle. ceci pouvait sur le plan du droit, faire penser à une annexion, mais n·était qu·une simple conséquence de l·application des pratiques du marché. La Brincorp avait étée suffisamment bien informée pour donner les meilleurs gages de sécurité et de fiabilité de ses services vis à vis des colons. Elle jouissait même d·une popularité bien relayée sur terre grâce à des relais médiatiques puissants. Il était donc prévisible qu·elle atteigne son statut de super-état en 2410, lors de la fondation de la « Martian confederacy », un vaste organisme regroupant les anciennes MSAG en tant qu·états relativement autonomes mais avec une prééminence politique et juridique centralisée. La capital de cet Etat devint Furhavn, « port futur », puisque cette ville était fondée sur la côte présumée du futur océan Nordique de Mars. Elle se situait au Sud de Chryse Planitia et comptait déjà 250 000 habitants en 2350, ce qui en faisait la seconde plus grande ville martienne. Cependant, comme la plupart, elle était surtout édifiée en profondeur, dans d·immenses cavernes aménagées, d·anciennes poches de glace fondues et utilisées pour les besoins de la ville.

La seconde force politico-économique Martienne était constituée par le puzzle des états et micro-états qui étaient autant de sociétés et consortiums. On y trouvait des états enclavés, dépendances de consortiums plus importants puisque implantés plus au sud. Ces états Nordiques avaient pour la plupart le destin de disparaître. Ainsi, le vaste Polar Land State, appelé plus tard Polansat, Acidalia, Arabia State, Margaritifer et Meridionali State, et Sabatea. Le new Colorado Resort était sans doute le plus célèbre puisqu·il fut rebaptisé en l·honneur de la très touristique Valles marineris, futur impressionnant bras de mer.


Auteurs, artistes, utopistes et politiques envisageaient de bâtir une ville gigantesque autour de cette future baie. Une cité existait déjà cependant, la plus ancienne de mars puisqu·il s·agissait de Cardens, « Canyon Gardens », la première base opérationnelle reconnaissable à ses gigantesques verrières dédiées aux végétaux, devenues le "Central park" local. Depuis longtemps, le site avait été protégé et la vraie ville de Cardens avait été édifiée au Nord et à l'ouest de celle-ci. Elle était devenue la plus importante de Mars et sa capitale de fait avec 348 000 habitants en 3350. Le sénat Martien y était établi ainsi que la plupart des représentations terriennes locales.

Tous ces états étant répartis autour de la plaine sombre d·Acidalia, elles furent regroupées en un unique état fédéral, en réponse à la Martian Confederation, découpé en « régions administratives », mais sous le nom d· « états » intégrés dans l·Acidalia federation (Acifed ). Enfin, d·autres états se trouvaient éparpillés et autonomes, mais avec des influences très nettes d·Acidalia et de la Martian confederation, qui tentaient d·en prendre le contrôle.

Arcadia Nation était sans doute le plus vaste état indépendant, avec un débouché sur le sud. Cependant, sa plus grande surface étant aussi la plus basse de la planète, ses habitants préparèrent leur migration vers le sud dès 2330. En effet, à partir de 2220, les pluies diluviennes constituaient un immense lac, dont les limites augmentaient disait-on d·un kilomètre chaque nuit· La première mer Martienne naîtra précisément dans cet état.


En 2300, il ·était pas possible de l·observer depuis l·espace car la « nuit » Martienne s·était instaurée, et sa rançon, un effet de serre qui réchauffa tellement l·atmosphère, et changea la pression atmosphérique de telle façon qu·une décompression n·était plus fatale. Tout au plus l·ouvrier qui en était victime pouvait subir l·équivalent des symptômes de boursouflures de surpression artérielle, d·hémorragies plus graves si elles n·étaient pas traitées. En revanche l·asphyxie était systématique : la présence d·oxygène était encore bien trop faible.


Arcadia Nation vit sa surface fondre à tel point que l·on lança l·édification des bases sous-marines utilisant la simple pression aquatique pour faire tourner de puissantes turbines, alimentant des centrales. Energie propre et disponible en grande quantité, elle mobilisa tous les efforts d·Arcadia, qui devint la spécialiste incontestée de ce domaine, implantant d·autres centrales partout où les flots se précipitaient. Revers de la médaille, ses ouvriers étaient les mieux payés et les plus stressés de la planète : Il devaient fournir des efforts surhumains dans la boue, sous une pluie battante ininterrompue, et dans l·obscurité pour lutter contre la montée des eaux en édifiant leurs centrales. Ceci donna le dicton célèbre, « construire comme un arcadien ».


En 3500, Arcadia était réduite à une mince territoire de quelques centaines de kilomètres carrés au bord de l·océan, sur l ·équateur, mais possédait une fortune puisqu·elle produisait près de 85% de l·énergie « propre » utilisée sur mars. De plus, elle bénéficiait d·enclaves océaniques, puisque autour de ses bases et centrales sous-marines, elle bénéficiait de droit d·une zone exclusive de 500 000 mètres carrés. On y tenta des expérience de fermes aquacoles reliées en profondeur, et la construction de « récifs artificiels ». Arcadia resta indépendante jusqu·en 2650 puis entra enfin dans la nouvelle « fédération Martienne », résultant de la grande guerre d·indépendance Martienne.

Au sud, deux grands plateaux volcaniques, deviendront deux des états les plus influents avant leur assimilation tardive au sein de la Martian States Union. Il s·agissait de la Cimmerian Nation, et de l·Hesperia State. Très au sud, ils bénéficieront de température glaciales après la fin de la terraformation et en 2650, ils s·étaient dépeuplés massivement au profit des villes de l·équateur. Seules subsistaient, dans les infrastructures anciennes des premières villes, des bases minières.

Avec la redistribution économique qui s·opère en 2600, Mars va voir ses populations se concentrer majoritairement sur quelques ville portuaires. Une industrie piscicole de grande ampleur va se mettre en place : Le régime alimentaire des Martiens va d·ailleurs être largement dépendant de son océan boréal.


-Un autre secteur va prospérer dés 2100 avec un moyen de transport très bien adapté aux conditions désertiques et géologiques martiennes, le véhicule à sustentation magnétique, qui fonctionne ici très bien grâce au sol fortement recouvert d·oxydes de fer (qui donnent cette couleur rouille caractéristique à la planète), ainsi qu'une plus faible gravité. Mais à partir des premières averses généralisées, vers 2250, ce moyen de déplacement perd son utilité.


Par la suite, il sera abandonné du fait de la neige très présente dans le paysage martien. L·essentiel de l·activité martienne sera centrée autour des entreprises de recherches avancées dans de nombreux domaines, avec la poursuite des expérimentations NTB (nanotechnobiologiques), du développement de l·intelligence artificielle des cyborgs, des recherches sur la virturéalité, ou des simulations du comportement de l·antimatière en vue des premières portes hyperspatiales.


<>Mars possède en fait une capacité technocréative exceptionnelle. C·est elle qui tire en avant la recherche humaine. Le fait que ses habitants soient cloîtrés à l·intérieur de leurs villes semi enterrées, sous la neige pratiquement toute l·année, à développé une culture et une morphologie typiquement scandinave et tournée vers une productivité créatrice échevelée.

Du fait de la faible gravité, les Martiens "natifs", ont un corps mince et gracile, de taille très élevée avec un port noble, dont le long cou et les hanches étroites sont un exemple. Leur peau est très blanche et présente souvent des taches typiques d·un rayonnement plus violent que sur terre. Enfin, leurs cheveux se sont décolorés et ont perdu de leur résistance aux éléments avec le temps et se sont donc éclaircis, affinés et raidis. De la même façon, leurs yeux se sont également éclaircis, quelle que soit leur teinte d·origine. Les yeux marrons après la dixième génération devenaient vert opale, et les yeux gris devenaient bleus. Même les immigrés d'origine sud-terrestre à la peau mate ou basanée virait au chair pâle.

La vie y est lente, tout au moins de l·avis des touristes humains. On y respire facilement, la pression est très proche de celle de la terre (0.89). Mais à cette date bien des choses avaient changé:
Mars et la Terre ont évolué en parallèle de façon très intéressante. Sur le plan économique, il est incontestable que la prospérité martienne à fait de ce monde un nouvel eldorado. Malgré les conditions de vie, une progression sociale était toujours possible. Entre 2120 et 2350 on manquait cruellement de main d··uvre: Les MSAG firent appel à l·immigration avec force médiatisation sur terre, mais les vannes se refermèrent à partir de 2310.


En fait, l·histoire du peuplement de la planète Rouge est à mettre en parallèle avec l·évolution des populations « occidentales » terriennes. Les pays les plus favorisés, centrés autour de l·Europe et des USA, mais aussi le Japon, la Chine, l·Argentine, le Chili, le Brésil, l·Indonésie, l·Australie, la Nouvelle-Zélande, qui avaient atteint, ou regagné, un niveau économique plus que satisfaisant avec une croissance considérable à partir du dernier quart du XXIème siècle fournirent les gfros bataillons de cette immigration économique d'abord pour des raisons de formation technique des colons.


Mais en 2130, l·économie des états traditionnels tirant la croissance mondiale comme les USA, l·Europe, le Japon, subissaient une sévère récession depuis le début du XXIe siècle. La terraformation martienne fut dés lors considérée comme un moyen de la relancer en acceptant des investissements avec retours par actions sur la planète rouge. En parallèle avec le développement des consortiums, Mars fut livrée aux spéculateurs. Les états occidentaux jetèrent dans la balance un formidable espoir, s·octroyant un crédit totalement déconnecté des réalités du marché, surtout vis-à vis de leurs déficits. Mais la recette porta ses fruits : Mars étant littéralement découpée en parts boursières, les fonds considérable qui permettaient une telle entreprise furent très rapidement trouvés. La Chine fut sans doute le plus gros contributeur, avec de parts allant de 20 à 85% des budgets coloniaux, engendrant les racines d'un conflit futur.


Ainsi, au début de 2100, Mars, de projet utopique, devenait le moteur de l·économie mondiale traditionnelle. De nombreux occidentaux, effrayés par une insécurité née du terrorisme et des antagonismes religio-économiques issus à leur tour de frustrations et de disparités criantes, étaient palpables dans l·opinion publique, et pressaient le mouvement afin retrouver cette fameuse "croissance" si chère aux théoriciens libéraux qui dictaient la pensée économique depuis plus de trois siècles.


De nombreux occidentaux rêvaient à présent de s·installer sur cette terre nouvelle, quel qu·en soit le prix. De ce fait, la première population martienne, cosmopolite et très spécialisée, devint beaucoup plus diverse sur le plan professionnel mais aussi beaucoup plus occidentale. Et ceux qui s·installèrent bénéficièrent de toute les bienfaits d·une croissance extraordinaire. Elle fut telle, que d·anciens employés ne trouvaient pas assez de main d··uvre locale : On fit beaucoup pour en recruter en Europe, en Russie, aux USA, au Canada, ou en Australie.


Le billet était encore cher, mais des deux côtés on ne mâchait pas ses efforts pour permettre un voyage à moindre coûts à des colons de souche bien définie. Les recherches sur la cryogénie permirent d·arriver rapidement aux meilleurs systèmes. Les vaisseaux construits à cette époque, étaient réellement énormes ( Plusieurs Kilomètres ), et pouvaient "stocker" jusqu·à 20 000 colons en hibernation pour les six mois de la liaison. Cette nouvelle génération d·immigrants devint à son tour en 2150 celle des employeurs de nouveaux arrivages, cette fois puisés dans les franges les plus pauvres des populations majoritairement blanches et occidentales.

Puis ce fut l·exceptionnelle période de 2180 à 2350 où les immigrants occidentaux ne suffisaient plus et l·on ouvrit les portes à toutes sortes de populations. Cependant, dès 2280, de nombreux observateurs notaient la grande mixité des populations et surtout la disparité socio-économique reflétant l·écart existant sur terre entre les différente origines ethniques des immigrants. Un certaine ségrégation qui n·osait pas se dire telle se mit en place. Elle avait déjà une certaine réalité dans la simple répartition des habitats, les immigrants de fraîche date étant logés dans les « catacombes » des villes, dans les anciennes mines, dans des installations souterraines faciles à construire, et auprès de leurs postes immédiats de travail, comme le percement des tunnels pour le passage des lignes à grande vitesse, la gestion du fret, les terminaux, les entrepôts, les astroports, la plupart des industries, les stations énergétiques, de retraitement, de recyclage. Il faudra attendre les émeutes sociales de 2310 pour que la situation change de manière radicale : Sur terre, l·économie globale était relativement médiocre, sauf pour les pays occidentaux qui bénéficiaient de leur exploitation de la planète rouge. Beaucoup critiquaient la présence majoritaire ( plus de 65% de la population d·origine Africaine, Asiatique, Sud-américaine ) de populations à forte natalité et craignaient pour la survie du rêve d·une planète « occidentalisée ». Aussi, voyant leur propres pays pris d·assaut sur terre par des masses d·immigrants chaque jour plus importantes, et devant la prééminence économique des asiatiques ( Chinois et Indiens ), décidèrent de s·expatrier en masse vers Mars, en « abandonnant » véritablement leurs anciennes nations aux pauvres de la planète.

Mais ceci eut un corollaire terrible. D·une part le refus systématique d·immigrants non occidentaux « de vieille souche », et d·autre part, un mouvement violemment critiqué par l·ONU, la grande déportation martienne. Des millions de martiens, de seconde ou même troisième génération issues de l·immigration d·avant 2320, furent renvoyées sur terre sans autre forme de procès, la plupart des suites des émeutes, avec une condamnation arbitraire de bannissement : Tous ceux qui avaient de près ou de loin été soupçonnés d·avoir participé ou même encouragé ces mouvements seront systématiquement bannis. La première rupture historique entre le pouvoir martien, incarné, non par le congrès, considéré comme « l··il de l·ONU » sur mars, mais la réunion des directeurs des MSAG, désormais rapatriés sur Mars, et l·ONU, prendra corps en 2324. Sur terre, les représentants des pays occidentaux, étaient pris à partie par une grande majorité de pays, dont les premiers étaient ceux qui avaient exporté leurs habitants sur Mars, parfois avec une aide de l·Etat. Une résolution visant à sanctionner durement les MSAG Martiennes fut prise, mais l·économie de la planète rouge était depuis plus de cinquante ans déconnectée du marché Terrien. Elles furent donc de peu de poids. La rupture fut consommée avec le discours de Spitneers, près de Ligenoa, au pied des monts du Tharsis. Le représentant élu des directeurs des 8 MSAG, Oscar Grunberg, confirma la capacité de Mars à vivre en « Autonomie » de la terre, malgré la précarité de sa situation. En effet, à cette date, Mars n·était toujours pas habitable, planète recouverte par une épaisse couche nuageuse, obscure, froide, et subissant le déluge biblique attendu, et dont toutes les ressources se situaient sous son sol.

Cependant, si les ponts furent coupés, le commerce interrompu, Mars fournissait à la terre d·importantes quantités de microstructures, d·organismes biologiques, d·appareils nanométriques, qui témoignaient déjà de sa prédilection pour les hautes technologies. En revanche, le manque de viande de bétail, d·ovin et de caprins terrestre se faisait cruellement sentir. Mars resta ferme et expulsa méthodiquement près de 35% de ses immigrés « non-occidentaux », représentant 6 millions de personnes. Seules les personnes âgées étaient autorisées à rester, du fait de leur difficulté à accomplir ce voyage et de résister au rude procédé cryogène. Les transports arrivant dans les stations dépendantes des MSAG en orbite Terrienne, l·ONU ne pouvait intervenir et était forcée de les autoriser à débarquer. Le rêve malsain mais bien ancré d·une planète « occidentalisée », coupée d·une terre « laissée à l·anarchie », s·était réalisé. Ce divorce ne pouvait durer. Beaucoup de Martiens de la nouvelle génération, nés pendant ces évènements, demandaient à faire le voyage de leurs aînés vers la terre, « mère des hommes », comme par le passé. En 2339, un accord entérina la fin du « blocus » de la planète rouge, et la levée des sanctions.

En 2350 , Mars comptait 18 millions d·habitants, ce qui était dérisoire en face des 10 milliards d·humains, pâtissant d·un équilibre écologique détruit et de conditions de vie mises en péril par la multiplication des phénomènes liés au réchauffements, dont une forte instabilité de la météorologie. Il restait environ 850 millions d· « occidentaux » sur terre, dont des Européens, des Russes, des Caucasiens, Géorgiens, Américains, Australiens, qui demandaient à leur tour à partir vers Mars. Mais les vannes de l·immigration étaient à présent subordonnées à un nombre considérable de conditions à remplir. En 2400, la population Martienne franchit le cap des 20 millions. Peu attirante, elle vit même la majeure partie de sa population âgée préférer retourner sur terre. Celle-ci était en effet composée moitié d·immigrés et moitié d·Européens, laissant une plus grande part à la frange des « natifs ». Son économie stagnait, de même que l·accroissement de sa population, avec un taux de natalité faible. Mais l·espoir perdurait. Certains ingénieurs martiens n·étaient nullement incommodés par le fait d·être enfermés dans une vie artificielle, et travaillèrent à développer la virturéalité plus activement que jamais, préparant des innovations marquantes dans ce domaine. L·intérêt pour Mars était retombé sur terre, en revanche, les étoiles commençaient à attirer de plus en plus de démarches de recherches, les observations d·exoplanètes de plus en plus proches de la terre ayant été très fructueuses depuis le XXIème siècle. On en dénombrait 252 683 en 2400, dont une déjà forte proportion de telluriques, qui encourageaient le développement des travaux sur l·antimatière et les nouvelles turbines utilisant cette énergie, ou l·étude des phénomènes de convection de l·hyperespace.

En 2400, Mars était découpée, sans changements majeurs, en huit grandes entités politiques réelles. Leurs représentants étaient à présent élus et le statut de MSAG ne survivait que pour justifier un bail de 1000 ans maintenant passé à 700 ans. Il y avait la Martian Confederacy ( MarCon ), l·état le plus vaste et le plus riche, Acidalia Federation ( Acifed ), son grand rival historique, et leurs deux capitales planétaires, Cardens et Furhaven, courtisées de manière égale par la terre. Rappelons que Cardens abritait cependant le sénat ainsi que la réunion des anciennes MSAG, à présent appelées « états ». Une appelation qui embrouillait l·étudiant en science politique local puisqu· Acidalia comme la MarCon comptaient aux-même des états à divers degrés d·autonomie. Il y avait également six petits états, dont Cimmeria et Hesperia, ainsi qu·Arcadia et Tyrhenna, une enclave au sein de la MarCon, Hellas Hope State, sur le bord du cratère d·impact Hellas, futur lac gelé, trois fois plus vaste que le lac Léman sur Terre, en Suisse, une référence. Enfin, l·état de Syrtis major, aux terres agricoles très productives, puisque se situant sur les anciens plateaux volcaniques de l·équateur. Le grand changement politique intervint en 2600, à l·issue de la guerre d·Indépendance martienne, concomitante avec la fin officielle de sa terraformation.

Le XVIème siècle martien fut en effet celui du «grand réveil». A cette époque, le Gagarine, premier vaisseau à atteindre Proxima centauri, émit son signal d'arrivée, la transmission Chuzen devint le système de communication standard, supraluminique et donc quasi instantané à l'échelle interplanétaire, les premières portes de saut hyperspatiales virtuelles étaient testées avec succès, l'antimatière devenait envisageable comme source d'énergie, les nouvelles turbines à plasma permettaient de diminuer le temps de liaison Terre-Mars à 1 mois seulement. Sur terre, les univers virtuels de troisième génération arrivaient à un degré de réalisme tel qu'il fallut prendre des mesures légales pour empêcher des individus de laisser leur corps physique dépérir totalement (voir les «déconnectés»), les processeurs atmosphériques et photosynthétiques avaient permis de revenir à une certain équilibre climatique, de même qu'il était confirmé une nouvelle ère glaciaire dans les deux cent ans à venir, retardée jusque là par l'action de l'homme. Sur le plan médical, une longévité de 250 ans était devenue monnaie courante grâce aux retardateurs génétiques, et l'eugénisme devenu depuis longtemps un mal nécessaire.

Enfin la révolution la plus flagrante concernait la possibilité de conserver intacte l'âme humaine, l'entité psychénésique de chaque individu, sur un support réel mais fonctionnant virtuellement, et ouvrant du coup à l'humanité depuis des millénaires d'incertitudes sur l'au-delà, une certaine forme d'immortalité, grâce à une vie artificiellement prolongée sous la forme électrique. Sur Mars, depuis le début du siècle, une tenue pressurisée n·était plus nécessaire aux natifs, mais toujours aux terriens qui souffraient du «mal de mars», une pression artérielle trop forte pour la faible pression et la faible gravité combinées. Mais un simple masque respiratoire suffisait, avec un recycleur d'air rudimentaire. Les températures étaient moyennes, voire chaudes, mais commençaient à descendre de manière préoccupante en même temps que la « nuit martienne » prenait fin ; du pôle Nord au pôle sud, les rayons solaires perçaient partout l·enveloppe nuageuse. Les éclaircies devenaient de plus en plus tenaces. Les premières plantations à ciel ouvert étaient déjà florissantes, grâce aux manipulations du génie génétique. D·immenses forêts de conifères, plantés trente ans plus tôt, métamorphosaient le paysage, sans compter les fleuves, les rivières, les lacs, mers et surtout l·immense océan Boréal, aussi vaste que l·Atlantique Nord.

Les «Martiens» natifs existaient depuis le XXIIème siècle. En effet, jusque là, la population Martienne était en perpétuelle mobilité : Aucune équipe ne restait en place plus de six mois. La raison en était que du fait de la plus faible gravité, de lésions furent observées et un fonctionnement anormal du cerveau, chez les colons, se traduisaient par des phénomènes pathologiques en opposition avec l·efficacité de leur mission. De ce fait, il fut envisagé par des généticiens sur place de prendre des jeunes couples comme cobayes d·une génération «mutante», «native» de Mars, au patrimoine modifié pour que leur morphologie et surtout leur système sanguin soit adapté à ces conditions, sans parler du futur différentiel de pression, qui nécessitera une seconde génération encore plus divergente de l·espèce humaine. Ce sont bien évidemment ces premiers véritables Martiens qui seront à l·origine de la plupart des mouvements politiques cécéssionistes du XXVIème siècle. En 2465, un grand recensement mit en évidence la proportion considérable de natifs, d·une natalité volontariste. De 1500 en 2200, ils passèrent à 5000 en 2250, 25 000 en 2280, 180 000 en 2300, 480 000 en 2350, et enfin passèrent le cap du million à peine trente ans plus tard en 2380. En 2465, ils représentaient un peuple à part de dix millions d·habitants, supportant mal l'administration des MSAG, même sous leur forme « démocratique » d·états privés. Ils les considéraient comme une survivance des pouvoirs économiques Terriens, critiquaient ouvertement les choix qui avaient étés faits, mais en revanche ne se prononçaient pas vraiment concernant la grande déportation des 6 millions d·immigrés, ayant perdu leurs attaches avec les « Occidentaux », qu·ils mettaient dans le même sac. Il faut rappeler qu·en 2465, Mars comptait 35 millions d'âmes, ce qui restait très faible en regard de ses immenses surfaces. Mais à cette époque sombre, elle n·était guère vivable et avait subi une véritable hémorragie. Son économie en relative stagnation avait poussé plus de 4 millions d·occidentaux à regagner la terre.

A cette date, il faut noter que depuis longtemps, les équipes tournantes sur six mois n·avaient plus cours. Les colons, appelés comme tels par les natifs, «occidentaux» ou «immigrés», bénéficiaient, mais pas dans les mêmes proportions, d·un traitement médical destiné à leur faciliter la vie prolongée sur Mars. Une sévère hygiène de vie, très sportive, permettait à ces colons de vivre plus de 40 années sur Mars. Mais la plupart préféraient quitter la planète. Globalement, on comptait 10 millions de natifs, 16 millions d·« occidentaux » et 9 millions d·« immigrés ». Les mouvements politiques de ces derniers, virulents, n·admettaient pas d'êtres classés comme citoyens de seconde zone et revendiquaient des salaires et des conditions de vie supérieure. Il y avait également une certaine condescendance des «occidentaux» à l'égard des natifs, ce qui était très mal vécu par leur communauté. A l'époque ce sentiment de condescendance était lié majoritairement à la forte natalité de Natifs, considéré comme un signe de développement primitif volontiers comparé aux préceptes religieux et philosophiques des « immigrés ». Mais de ce sentiment raciste déplacé sur un monde en pleine construction si prometteur prendra un tout autre aspect après le début du XXVIème siècle.

Les racines d'une sécéssion

Alors que les pluies torrentielles se poursuivaient, les «Natifs» développèrent un véritable sentiment d'indépendance et de contestation vis-à-vis des autorités politiques qui conservaient le pouvoir depuis plusieurs siècles, et d'origine occidentales, appuyées sur les fortunes des anciennes MSAG. Les Etats privés cependant n'admettaient pas le moindre signe de velléité de contestation, trop heureux de servir un système qui exploitait de manière détournée les Martiens de la seconde vague d'immigration, et les Natifs, qui se considéraient de manière artificielle et plus religieusement que raisonnablement détenteurs de la seule véritable identité martienne. Ayant des intérêts communs à demander plus de représentation, ces deux factions considéraient de manière plus impérieuse la lutte politique de terrain. Or, la législation Martienne, favorisant les «occidentaux», était critiquée également par la terre. Ces derniers continuaient à entretenir le mythe d'un eldorado pour continuer à favoriser l·immigration en provenance de l'occident. A cette époque, la proportion de natifs était passée pour la première fois à 55%, sur un total de 63 millions de Martiens.

Le blocage étant trop fort, les manifestations des natifs et "immigrés" de la seconde vague se sentant toujours écartés du pouvoir dégénérèrent, en particulier devant la méfiance et le durcissement de l·autorité des gouvernants "occidentaux" désormais passés en minorité franche: Moins de 26% de la population, maintenue uniquement grâce aux ponts d'or faits aux immigrés d'Europe et des USA, qui contribuaient d'ailleurs à creuser l'écart. Corruption, clientélisme, pratiques sociales d'un autre âge étaient dénoncées aussi bien par la majorité Martienne que par l'ONU. S'y opposait la volonté farouche des défenseur de la vieille idée de "planète occidentale". A partir de 2525, des émeutes furent très brutalement réprimées. Les forces de police Etatiques reçurent pour l'occasion des pouvoirs discrétionnaires accrus, des moyens technologiques largement au-delà des nécessité d·un état démocratique. Insidieusement, Mars se transformait en une pseudo-dictature.

Le congrès Martien, après les concessions de 2480 comptait une représentation équitable, mais soumise avec le temps à une plus grande prééminence de commissions désignées par le pouvoir éxécutif. Ce dernier avait depuis longtemps rendu indirect l'élection, subordonnée aux "pouvoirs d'influence", d'obédience financière : Ceux qui avaient les moyens de faire campagne. Mais ces derniers étaient élus par un collège lui-même censitaire. Une domination économique s·était donc installée aux commandes, du fait de la doctrine qu·un homme qui avait réussi pouvait prétendre par ses mérites devenir « grand électeur », voir être lui-même élu. La terre, qui entretenait elle-même une relation conflictuelle entre ses différentes tendances politiques, entrait dans le jeu du débat Martien de manière passionnelle. A tel point, que beaucoup demandaient une intervention énergique pour établir une vraie transparence démocratique. D'autres, dans l'ombre, souhaitaient la guerre civile.

En 2532, aux émeutes avaient succédé le terrorisme. Une véritable lutte à mort s'engageait. Cependant, les pouvoirs les plus influents sur terre, de sympathie pro-étatique, et financièrement engagées aux côtés des ex-MSAG, souhaitait à l'époque la répression à la négociation. Le dossier s'envenima, les manifestations dans de nombreuses villes Terriennes se multiplièrent. L'inaction de la vieille ONU, empêtrée dans de multiples jeux d'influences contradictoires, la priva de prendre officiellement position. Elle demanda cependant, et obtint, le droit d'envoyer une aide policière et la mise en place d'une commission chargée de recueillir les avis des différents mouvements politiques contestataires. Mais la réaction des pouvoirs Martiens surprit par sa brutalité : En intensifiant la répression, elle se lança dans l'arrestation de tous les leaders de mouvements contestataires, y compris des opposants «occidentaux» qui se faisaient entendre. Les chefs des paris Natifs durent fuir sur Terre, à Bombay, à Bogota, à Séoul.

Là, ils trouvèrent l'appui de la ligue des droits de l'homme, qui lança quantité d'actions médiatiques pour faire pencher l'opinion Internationale. Beaucoup de Natifs eux-mêmes (qui vivaient d'autant plus mal leur exil forcé que leur morphologie inadaptée en souffrait), plaidaient pour une «Nation» Martienne, d'un équilibre privilégiant le poids spirituel et démographique Natif mais acceptant d'ouvrir leurs frontières sans filtrage aucun. L'échéance qui faisait rêver était bien évidemment le «réveil» martien. L'Arc en ciel, le pouvoir rouge, Mars la bleue, étaient autant de mouvements populaires sur terre et soutenus financièrement qui faisant entendre leur voix sur le plan médiatique, multipliant les actions spectaculaire, notamment en occident. Natifs et Martiens immigrés d'Asie, d'Afrique et d'Océanie avaient depuis l'accord historique de Pékin en 2515, fait cause commune.

Un Peuplement Artificiel

Si la démographie plaidait en leur défaveur, le camp des «irréductibles», au pouvoir, lancèrent une opération visant à favoriser d'avantage encore l'immigration blanche, avec le slogan passé à la postérité "vous verrez Mars la bleue de votre vivant", multipliant les avantages, en creusant son budget de façon irraisonnée, créant une véritable inflation. Mais plus encore, sous couvert de recherches, ils mirent au point les premières "matrices artificielles", totalement assistées pour créer des patrimoines génétiques très différents mais issus de souches "Caucasiennes". Les matrices artificielles existaient sous différente formes depuis le milieu du XXIème siècle. Ils permettaient la conception, la gestation d'un embryon puis la naissance, sans passer par l'hébergement naturel du ventre féminin. Tout dans ces environnements intérins synthétiques était géré précisément, régenté et calculé pour une optimisation favorable à l'homogénéité des développements foetaux.

Ce système avait donné à certains l'idée de concurrencer les coûteux cyborgs par des clones produits en grande série, adaptés génétiquement parfaitement à leurs tâches. C'était les prémices de l'idée des «fonctionnels» (clones) qui germait. Mais depuis toujours, les ligues des droits fondamentaux, les commissions d'éthiques très chatouilleuses, s'étaient violemment opposées à toute tentative en ce sens, n'acceptant que difficilement des dérogations à but principalement médical. Sur mars, on mit sur pied en l'espace de vingt années d·immenses installations de ce type. Mais le but n·était pas de produire des clones, au moins dans un premier temps, mais des individus au patrimoine géré de façon artificiellement chaotique, mais "orienté". La base génétique de ces individu était un avant mélange de morphologie "Native" et de gènes incontestablement occidentaux. Avec ces "hybrides", nés en masse, les pouvoirs martiens espéraient mettre fin à cette instabilité politique. L'une des branches les plus actives, et les moins extrémistes de Mars, avait fait pencher la balance de son côté, celui d'une mixité exclusive : Leur but était quand même de continuer à maintenir le tri à l'immigration en favorisant les occidentaux.

En 2550 donc, fut dévoilée l'existence de cette technologie de même que la révélation des premiers individus nés dans ces installations. A cette date, elles étaient en mesure de mettre au monde et d'assurer le développement dans des structures communes, contrôlées évidemment, plus d'un million d'individus par semaine. Le but avoué était d'obtenir en 2580 une population active "hybride"largement majoritaire. Expérience inédite par son ampleur comme par son but, elle déchaîna plus d·interrogations que de critiques virulentes. Les commissions d'éthiques Terriennes furent même invitées pour visiter les installations. On déplorait l'absence de parents biologiques, sources d'éventuels problèmes affectifs futurs, comme le contrôle à la fois relativement lâche mais précis des activités de ces individus. Ne sachant comment se prononcer, et malgré les avertissements répétés des chefs de l'opposition en exil, l'opération s'effectua pratiquement sans opposition pendant vingt ans. En 2570 déjà, les "Hybrides", arrivés à l'âge de vingt ans faisaient entendre leur voix. C'était l'époque du réchauffement des relations, la politique de la main tendue. Des milliers d'exilés rentrèrent, d'autant plus que l'opinion mondiale était la spectatrice d'un miracle fabuleux : La sortie de la nuit Martienne.

Mars au XXVIIe siècle

Des fêtes considérables furent organisées à chaque éclaircie prolongée. La moyenne d'âge Martienne étant revenue à 17 ans à peine, aidaient ce souffle nouveau à changer l'opinion des terriens vis-à-vis de l·ancien astre rouge. Mars devenait de nouveau une terre des plus grands espoirs, où tout restait à faire. Chaque nouvelle exploitation forestière était un prétexte à glorifier le génie humain, déjà on sentait poindre la religion dominante martienne, celle des « semeurs de vie », technologique, scientifique et positiviste, de manière plus générale, "expansionniste" ou "coloniale". Les hybrides parvenus eux-mêmes en âge d'avoir une descendance pouvaient contempler l'océan boréal, les neiges du le mont olympe sous le ciel bleu, l·immense baie de la Valles Marineris, les pics immenses du Tharsis, autant de paysages cachés dans l'obscurité. Jamais dans l·histoire on avait assisté avec autant d·enthousiasme à une telle célébration. Les "occidentaux" mourants les plus extrémistes avaient eux-mêmes un sourire de satisfaction en côtoyant ces sveltes et fringants martiens hybrides et natifs mêlés sans appréhensions, en constatant leur physionomie altière, à la fois Elfique et Scandinave.

Ce XXVIIème siècle est aussi celui de l'émergence d'une réelle identité Martienne. On à insisté lourdement sur le fait, ultérieurement, que la majorité ces Martiens, nés sans parents des usines matricielles, ont cherché d·une part à se mêler génétiquement aux "Natifs", et d'autre part à constituer une identité apte à recouvrir une réalité civilisationnelle capable de prendre en compte leur rupture culturelle avec les immigrants. Au début de 2610, cinq années après la fin officielle de la terraformation, et le début de l·équilibrage naturel et définitif de l·atmosphère, Mars comptait 380 millions d·âmes. 85% étaient originaires de couples mixtes « Natifs-Néo-natifs ». Une véritable culture avait pris le temps de se construire, et l'on pouvait parler véritablement de « civilisation martienne ». Mais la prospérité économique extraordinaire de cette époque, autour de 20%, suscita un immense appel à l'immigration. Les Martiens qui constituaient à présent la majorité, devaient normalement ouvrir largement leurs frontières : Or il n'en fut rien.

La majorité avait même des sympathies prononcées pour les populations blanches, voire Scandinaves de la vielle Europe. Aussi, et au grand dam de l'institution qui avait succédé à l'ONU, l'UFC (Union fédérale des continents), qui cherchaient à récupérer un peu de cette prospérité. Les nouvelles autorités Martiennes étaient maintenant représentées par un gouvernement central à Cardens, la principale métropole, et aussi le plus grand port Martien. Les 8 anciens états étaient à présent fédérés, et possédaient chacun un gouvernement et une assemblée, ainsi qu'un double niveau de législation. Les velléités d'indépendance vis à vis des autorités terriennes commençaient à trouver un écho favorable dans la population, qui supportait mal la suprématie de la législation de l'UFC sur leur fonctionnement, notamment sur le plan social et commercial.

Beaucoup estimaient que les droits sociaux imposés par la terre étaient abusifs et freinaient la libre-entreprise. Beaucoup estimaient aussi que la Terre freinait consciemment la prospérité Martienne, frustrée de ne pas en profiter. De là un véritable clivage qui en moins de 50 ans aboutit aux succès électoraux des souverainistes, la "ligue Olympienne", du fait de la suprématie réelle et figurée du mont Olympe sur les sommets Terriens. Le droit de propriété des anciens groupes privés terriens, des MSAG, pour encore un demi-millénaire, était de tout ce qui paraissait le plus insupportable. La ligue Olympienne, qui militait pour un détachement complet de ce régime d'un autre temps, rencontra un succès grandissant pour tous ceux qui considéraient qu'il s'agissait littéralement d'un enchaînement de la Nation martienne.

Le Nationalisme Martien et l'engrenage de la guerre

La Nation. Un autre terme recouvrant des réalités parfois nauséabondes, mais qui lui aussi devint autre chose que le rêve de quelques extrémistes ; La ligue martienne naquit en 2594 sous la houlette de Slasek Rykvir. Longtemps classée comme violemment contestataire, voir dangereuse pour l·ordre public, elle fut interdite. Rykvir mourut en 2623 dans des circonstances qui n·ont jamais été élucidées. Mais cela donna des ailes à tous les sympathisants du mouvements qui y voyaient un complot piloté depuis la terre. A cette époque, Rykvir possédait une copie de son entité psychénésique, et ainsi continua encore pendant des dizaines d·années à militer virtuellement. Ces réunions virtuelles faisant de plus en plus d·adhérents, les services de sécurité de Cardens tentèrent d·effacer l·hébergement du serveur dédié à la ligue. Mais dans l·immense réseau des mondes virtuels, les militants, dont le leader lui-même pouvaient aisément se retrouver dans d·autres univers, et se déplacer sans cesse. Ce jeu de course-poursuite et de traque virtuelle se conclut officiellement en 2649 par la destruction des entités psychénésiques de la plupart des membres principaux dont Rykvir, cachés dans le réseau virtuel de Ganymède.

Ce qui était un crime impardonnable aux yeux des martiens, choqués d'abord par le fait que l'immortalité étant un fait acquis, la destruction de ce qui pouvait constituer une seconde chance et un dû pour tous, et celle d·un mouvement clairement situé pour une plus grande reconnaissance de l·autonomie de l·ex-planète Rouge. Devant ce phénomène, la ligue Olympienne se radicalisa, et l·on assista à la naissance d·une nouvelle branche, la «Nation martienne», dont les membres envisageaient des représailles de type terroriste à grande échelle sur Mars comme sur terre. Tous les représentants légaux des anciennes ligues Martiennes furent donc traqués et souvent frappés mortellement dans des actions brèves, efficaces et jouissant au mieux d'une indifférence, au pire d·une franche sympathie de la population. Même le gouvernement, qui comptait alors une franche majorité autonomiste, montra une réticence, un manque de zèle flagrant dans le maintien de l·ordre et la sécurité des victimes de ces actions. Elles n·empêcheront pas non plus ce qui fit scandale de façon bien plus forte, la destruction des entités psychénésiques des légataires des MSAG sur Terre. Ce crime était signé comme une des représailles du "black day" que représentait l'affaire de Ganymède.

L'UFC envoya donc en 2638 un bataillon d'agents sur le réseau Martien en vue de débusquer les responsables, mais il fut vite prouvé qu'ils étaient protégés au plus haut du pouvoir Martien. Cela déclencha un scandale sans précédent sur terre. On demanda officiellement des excuses et on convoqua une commission d'enquête, en 2639. Plusieurs membres du gouvernement furent très vite impliqués, contraints à comparaître. Refusant, la Terre menaça de les requérir par la force. Deux bataillons d'agents de sécurité Terriens clonés, troupe d'élite, furent alors envoyés avec l·ordre très clair de trouver et de ramener sur terre les politiques récalcitrants, tandis qu·en secret, un groupe d·agents était charger de trouver et de détruire toutes les copies d·entité virtuelle de ces membres des autorités Martiennes. La suite était prévisible. En 2639, en décembre sur terre, La navette transportant les deux bataillons fut détruite dans un tir "par erreur", celui d·une des batteries spatiales chargées d·intercepter les gros astéroïdes menaçants d·entrer en collision avec Mars. Immédiatement l'UFC exigea des autorités qu·elles désactivent toutes les batteries construites pour éviter toute erreur et fasse la lumière sur ce tragique évènement. Ce que bien sûr les autorités ne firent que pour la galerie, trouvant un dysfonctionnement facile à contrer pour les experts détachés par la terre.

De plus, les agents opérant en secret furent débusqués à leur tour par les services de sécurité Martiens et éliminés méthodiquement : L·affaire fut révélée bien entendu au public, qui s·en indigna et exigea à son tour de l·UFC des explications. Mais pour toute réponse, la commission de cette dernière exigea une nouvelle fois la comparution des homme impliqués dans les représailles consécutives à l·affaire de Ganymède. Le refus de désactiver les défenses contre-astéroïdes de Mars fut interprété comme une insulte de plus, d·autant qu·il fut révélé au public terrien, que Mars, ce dont on ne s·était jamais préoccupé sur ce point, disposait d·un véritable barrage de 30 de ces batteries, ce qui était totalement disproportionné en regard des statistiques de chances de collision. On accusa bien entendu Mars d·avoir organisé un système d·interdiction d·approche véritablement militaire, en violation flagrante de l·un des paragraphes les plus importants du «bail de mille ans» accordé aux MSAG. Lorsqu'on y ajoute les demandes réitérées et insistantes depuis près d·un siècle aux autorités Martiennes de cesser d·opérer un filtrage à l·immigration au bénéfice des occidentaux, minoritaires et rendus sur terre responsables de tous les maux, et ce depuis une rancoeur vieille 500 ans, puisqu·elle prit naissance au milieu du XXIème siècle, on comprend mieux l·état d·esprit de l'époque, ce lui qui présida à la rupture des relations diplomatiques entre Mars et la terre, ce funeste 12 Juin 2643.


La guerre d'indépendance Martienne :

1-Origine et préparation:

a-Les racines profondes du conflit:

Elle fut aussi bien un précédent en matière de guerre, puisqu'elle fut le premier conflit spatial et le premier conflit interplanétaire. Ce que l·on pensait ne jamais devoir se produire, l·espace étant idéalement un sanctuaire non militarisé. Tous les historiens s·accordent à dire qu'étant donné le faisceau de faits précédent ce jour et dans le contexte de l·époque, ce conflit était inévitable. Il apparaît maintenant que l·esprit «raciste» des populations Martiennes, largement dominées par leur sentiment de supériorité sur les populations Terriennes, un sentiment vieux de plus de mille ans, remontant à l·âge du colonialisme et des empires, du XVII au XIXème siècles, ne fut jamais démenti, jamais contesté, et que les occidentaux qui avaient "fui une planète en décadence"selon leurs propres terres, contribuèrent largement à entretenir ce mythe d·une Mars sanctuaire des blancs, d·un nouveau monde délivré de l'incapacité socio-philosophico-religieuse des Terriens à vouloir la croissance économique comme un but. Les occidentaux de Mars étaient des conservateurs en puissance, ce dont ils se défendaient. Un clivage politique avait dés lors pris forme dès la naissance de l'UFC.

Une population spécifique

Les pays d'Europe, les anciens USA, dont les populations blanches, galvanisées par les promesses de nouveau monde de Mars, et une franche et intime référence à leur propre passé. Il est vrai que la première langue parlée aux USA, et ce depuis 2450, était un Anglais fortement mâtiné d·espagnol, l·un des sabirs de la langue internationale imposée en 2110 et qui était à base grammaticale et de vocabulaire Anglais, reflétant un fait entériné depuis le début du XXIème siècle. Depuis longtemps, il était incontestable que la proportion de population blanche avait chuté pour passer sur le territoire Américain à moins de 10% de la population à cette date. La majorité démographique était alors «mûlatre», par référence à la population brésilienne, un patrimoine génétique mélangé d'influences indiennes, sud-américaines, chinoises, africaine. La même chose s'était reproduite en Europe, au Canada, en Australie. La Russie comptait une immense majorité d'origine Indochinoise. Il y avait effectivement une très basse proportion de populations "occidentales" sur terre dès 2450. On pourrait donc facilement simplifier en disant comme le faisait remarquer les chroniqueurs du XXVIIIème siècle, que la guerre Terro-Martienne était la première guerre véritable entre le nord et le sud de la terre, avec plusieurs siècle de retard. Elle contient le vieil antagonisme né de la suprématie du monde occidental révélé dans les consciences au XXème siècle.

Cela dit, si Mars était une planète essentiellement «Caucasienne», ce qui était justifié d'ailleurs naturellement par son climat, et la Terre était «métissée», on leur attribuait volontiers de fausses différences supplémentaires, brossées à grands traits et destinées (surtout pour les Martiens) à flatter leur orgueil national et à susciter les vocations belliqueuses nécessaires à la défense de la planète. Mars s'attribuait volontiers la primauté en matière de technologie, ce qui était effectivement le cas, dénonçant le retard technologique considérable de la Terre, qu'elle considérait comme un frein à son expansion. Il était aussi vrai que les Terriens avaient développé une «philosophie» moins apte à favoriser le développement à tous crins, mais à rechercher des solutions économiques alternatives, dont une bonne partie était née du constat de l'échec du vieux modèle économique prôné à l'époque par les forces dominantes, d'obédience occidentale. Le modèle développementaliste devant s'opposer au modèle «harmonialiste», professé par une frange pensante des philosophes de ce qui était appelé encre le «tiers Monde». Ceux-ci prônèrent l'idée du renoncement à l'amoncellement de biens matériels superflus qui étaient la raison de survivre du modèle choisi par les occidentaux.

Racines philosophiques et modèle économique

La première raison en était que la terre était surpeuplée et que le modèle économique en vigueur alors était de tout façon incompatible avec les capacités de la terre à conserver l'intégrité de son environnement. La «bataille écologique», qui rencontrait les faveurs d'une frange des pays favorisés, mais ne voulait pas renoncer à son mode de vie minoritaire, fut remportée par les populations qui en furent privées, n'en gardant aucune rancune mais prônant un monde plus rationnel. De là une opposition flagrante entre deux visions fondamentales et concurrentes au sein de l'humanité, qui dévièrent en deux grands mouvements politiques, économiques et philosophiques fondamentalement opposés et définitivement irréconciliables, bien qu'ils puissent parfois sembler posséder des points d'accord. Un troisième mouvement de pensée se mit également lentement en place et gagna de plus en plus d'adeptes, le mouvement virtuel, celui des tenants de la virtualité absolue. Né au début du XXIIème siècle, avec les progrès les plus déterminants en matière de création de réalités alternatives artificielles, la «virturéalité», et plus tard la virtualité, simplement, était à la base un mouvement d'immersion d'une minorité urbaine désespérée, puis changea de nature en se recoupant avec les théories écologiques du mouvement harmonialiste.

Il était question de soustraire l'humanité au monde réel, ce qui entraînait une dépopulation de la terre, et une reconstitution naturelle de son climat, de sa faune, de sa flore. Les partisans le plus extrêmes de ce mouvement commencèrent à rassembler de plus en plus de fidèles dans ce qui fut parfois assimilé à des sectes mortifères puisque leurs membres devaient sauvegarder leur identité psychénésique et se supprimer physiquement. Des suicides en masse qui furent bien entendu interdits par les autorités. Cet état de fait ne fut possible que par la conjonction de deux phénomènes, à partir du XXIIIème siècle, puis du XXVème : D'une part le stade ultime de réalisme et de possibilités offertes par la virtualité et d·autre part, l'aboutissement opérationnel de la copie psychénésique, permettant de sauvegarder l·entité électrique d·un individu et de lui donner un corps pour l·éternité dans le milieu virtuel. Les possibilités infinies de la virtualité s·ouvraient à ceux qui s·y plongeaient intégralement.

Mars, était, quant à elle, fondamentalement développementaliste, prônant un système d'exploitation des ressources qui se travestissait sous les apparences d'une véritable ferveur néo-colonialiste, consistant à porter la vie sur d'autres mondes, de les exploiter, avant d·en chercher de nouveaux (une fois que les premiers seraient dégradés par l'action de l'homme....). La mission que voyaient ces "missionnaires colonialistes" Martiens était donc de faire naître ce miracle partout où cela était possible, apportant la lumière divine de la vie dans le froid et le néant de l'espace. Tous étaient persuadés que c'était là la mission fondamentale de l'humanité Chrétienne. Ce qui représentait aussi une course sans fin mais avait la puissance d·évocation d·un destin grandiose. L·espace appartenait à l·homme. La bible même professait de "croître et de se multiplier". La vision Chrétienne commandait d'exploiter les ressources au profit de l'homme, une vision fondamentalement opposée à celles des cultures hindouistes, Bouddhiques par exemples, plus fataliste et contemplatives. On comprend mieux à la lumière de ces oppositions, ce qui motiva l'affrontement des deux camps. Mais il aurait pu se limiter à des différences de vues si les différents évènements critiques du XXVIIème siècle n'étaient jamais intervenus.

Les raisons économiques du conflit

Le "bail de mille ans" aurait pu ne pas importer aux terriens, puisqu'il s'agissait d'un modèle mis en place par ceux qui précisément avaient quitté la terre. Cependant, selon les termes du mandat, Mars devait verser, par l·intermédiaire de ses états, anciennes MSAG, une part non négligeable de leurs ressources à la terre, qui indéniablement en avait besoin. Non seulement il fallait de préparer à la prochaine glaciation, mais pour des raisons de surpopulation, il était clair que vénus, dont on avait prouvé la terraformabilité, devait constituer un foyer de peuplement bien plus favorable aux terriens d·alors que ne le serait la terre, devenue comparable à Mars. On estimait la fin de cette terraformation correspondre à la pleine réalisation de la glaciation. Or, une telle entreprise se révélait bien plus imposante que la transformation de Mars en monde habitable. Des fonds considérables devaient êtres drainés, or ces derniers ne pouvaient pas provenir de l·économie Terrienne, devenue fondamentalement harmonialiste, et visant plutôt la « suffisance nécessaire ».

Ce point d'achoppement, les ressources vitales de Mars, devait être à tout prix sauvegardé, et cela ne pouvait se faire alors que par la force. En 2643 donc, Mars et la Terre n·étaient pas encore en guerre, mais les diplomates des deux mondes, pour qui toute tentative de conciliation était devenue vaine, de même que les coopérants, les touristes, voire les familles de ceux qui travaillaient sur Mars, furent contraints de s·embarquer sur des navettes à destination de la terre. Deux jours pus tard, le gouvernement Martien déclarait caduc le « bail de mille ans ». La raison principale en était que les Martiens plaçaient le pus grand espoir dans la colonisation des étoiles voisines, Proxima Centauri, Sirius, Procyon· et que cette entreprise sans commune mesure avec celles entreprises au sein du système solaire demandaient les fonds dont étaient privés Mars du fait de ce bail honni. Cela ne surprit personne sur terre. Les autorités Terriennes le craignaient et l·attendaient depuis des années. Cette décision entraîna une division au sein de l·UFC, entre les fatalistes qui voulaient oublier Mars pour se concentrer sur la possibilité de parer à la glaciation ou au pire de s·y préparer, et ceux qui ne voulaient pas renoncer aux formidables ressources martiennes et s·appuyaient sur la violation du bail, leur ouvrant légitimement droit à rétorsion.

b-Préparation du conflit: La question Jovienne

Ils s'appuyaient sur le fait qu'à l'époque la Terre comptait 18 milliards d'habitants et des ressources immenses inexploitées, contre une population Martienne estimée à 500 millions, et dont les ressources économiques étaient en partie pénalisées par la rudesse du climat, qui empêchaient de dépasser le rythme économique déjà atteint. Le projet de ce "groupe des interventionnistes", à majorité chinoise, était de procéder à une mobilisation générale, de construire des navettes de transport et de réquisitionner aussi vite que possible tous les vaisseaux disponibles afin de tenter une opération de débarquement sur l'astre rouge, une inversion ironique du vieux roman de Wells. La flotte hétéroclite serait précédée de vaisseaux spécialement affrétés pour détruire les batteries orbitale Martiennes. D'autre part, on savait les industries Martiennes dépendantes des ressources issues de Jupiter. Il était donc question d·envoyer une force dans le même temps s·emparer des planètes colonisées à l'époque dans le secteur, dont les principaux satellites Joviens, Io, Europe, Ganymède et Callisto. Toutes ces planètes passées sous le contrôle terriens alimentant les stations gazières orbitales Joviennes, les autorités de la Terre pensaient obtenir un blocus de Mars entraînant une asphyxie de ses ressources, et sa capitulation en deux années au plus, le temps de constituer ces forces et de les envoyer aussi loin.

Il faut rappeler qu'à l'époque, les systèmes de propulsion des vaisseaux au long cours étaient généralement constitués de turbines à plasma, les plus courants étant nucléaires, et les plus perfectionnés étant à fusion d'hydrogène. L'hydrogène obtenu par la décomposition du méthane comme celui présent dans l'atmosphère Jovienne étaient don indispensables pour parvenir à mener cette offensive. Il fallait donc prendre de vitesse les martiens. Ces derniers étaient en effet possesseurs de toutes les stations Joviennes, ainsi que des colonies d·approvisionnement et minières de ses satellites, fidèle à sa politique d·expansion. La terre allait payer son désintérêt de cette exploitation, de même que son retard technologique sur Mars.

Or, pour se rendre dans le système Jovien, le voyage ne pouvait se faire qu'à la vitesse du convoi, ramenée à 14 mois de voyage vers Jupiter et trois vers Mars. Ce simple état des faits confirmait l·hypothèse la plus plausible ; celle de concentrer toutes les forces disponibles sur Mars. Les Martiens le sachant pertinemment, ils s·évertuèrent donc à mettre sur pied une défense en profondeur de leur zone d·influence, comptant d·abord sur des batteries, puis comptaient mobiliser leur économie et leurs ressources nouvellement récupérées à se constituer des flottes d'attaques à grande vitesse destinées à frapper l·énorme flotte d'invasion Terrienne. D·autre part, si les choses tournaient mal et que les forces d·invasion parvenaient à débarquer leurs troupes et à occuper Mars, l'état-major Martien comptait constituer un "réduit Jovien", précisément basé sur les ressources considérables de la géante gazeuse.

2-Les forces en présence:

a-La terre et l'UFC

Moyens

La terre disposait à l'époque d'une réserve mobilisable théorique de 2,5 milliards d'hommes en âge optimal pour combattre (classes de 25 à 45 ans). Cette supériorité écrasante était cependant largement minorée par le fait que beaucoup ne croyaient pas à l'utilité de ce conflit, préférant réserver les énormes ressources nécessaires à d·autres usages, notamment la terraformation Vénusienne. Aussi, l'état-major hâtivement constitué ne put envisager sérieusement de recrutement volontaire efficace. La mobilisation générale ne pouvait -et ne devait- se faire que de manière impérative -obligatoire- ce qui impliquait une opération de mobilisation médiatique de grande ampleur. La première décision de la majorité alors interventionniste de l'UFC fut en conséquence de décréter l·état d·urgence, puis de déclarer l'état de guerre, les pouvoirs, comme cela avait toujours était fait de mémoire d'homme, étant confiés à l·exécutif, lequel se restreignait à une petit groupe de représentants des états fédéraux. Ce dernier accordait pleine autorité à l·état-major des forces armées terriennes, une création inédite, puisque le cas d·un conflit avec mars n·avait jamais été sérieusement envisagé jusqu·à récemment. Cet état-major devait donc pour commencer dresser un état des forces disponibles réellement utilisables immédiatement : Le constat était édifiant : L'UFC ne pouvait compter que sur les 10 000 clones de la "garde fédérale", des hommes d'élite à l'armement de valeur mais pénalisés par leur formation strictement destinée au maintien de l'ordre dans les cas d'urgence, avec des armes non-léthales. Les Etats fédéraux ne possédaient que de poignées d'agents de sécurité, plus souvent spécialisés dans les interventions virtuelles que réelles.

La guerre "réelle" n'avait été testée que virtuellement par des individus ou des petits groupes d'étude, au long des siècles. La science militaire n·existait plus, la déconnection entre les progrès généraux et la participation à leur applications hostiles étant tout simplement jugées comme arriérées. Grâce à la virtualité et à ce qu·elle permettait en matière d·épanchement des pulsions, la guerre ne faisait plus partie du vocabulaire du monde réel. Cependant, si justement cette virtualité était considérée comme un progrès pour les Martiens, qui étaient dans le même cas, une majorité des terriens pour des raisons philosphico-religieuses, mais aussi pratiques, tout simplement, y étaient hostiles. La terre voulait rester globalement rurale tout avat été fait pour. Cette culture fondamentalement urbaine et technologique, était avant tout Martienne. Ceci permettait de posséder en plus grand nombre des agents de sécurité opérant dans ces communes rurales, et expérimentés. Des émeutes, des rébellions, avaient eu lieu qui permettaient de maintenir des effectifs d'hommes en mesure d'opérer parfaitement dans le monde réel en opérations. Mais ils nécessitaient une formation, et surtout un armement susceptible de convenir à un assaut comme celui qui était envisagé.

La mobilisation de l'économie Terrienne avait pour objectif de fournir en masse des équipements militaire, dont la conception virtuelle remontait à des études vieilles de 60 années au mieux. Les forces de sécurité des zones rurales pouvaient fournir 250 000 hommes, à former, ce qui était peu pour opérer un débarquement. On entreprit donc intelligemment de leur donner un enseignement rapide des techniques de combat afin d·en faire autant d·officiers-formateurs capables d·encadrer les appelés. Mais tout ceci amenait la constitution de divisions opérationnelles en 2645 seulement, donc deux ans après le début des hostilités. Un temps qui pouvait être mis à profit par les Martiens, ce que craignait les autorités terriennes, qui faisaient donc du débarquement une priorité absolue. Afin de gagner du temps, toutes les unités de connections virtuelles existant sur terre devaient êtres réquisitionnées, ce qui constituait une première, et un défi d·organisation, puisque cela représentait tout de même 900 millions de ces unités. Ces dernières devaient êtres ensuite connectées dans les emménagements sommaires des vaisseaux réquisitionnés et reconvertis en transports de troupes. Une fois ces équipements en place, les vaisseaux embarqueraient les troupes qui recevraient une entraînement virtuel intensif durant les trois mois de voyage vers Mars.

Mobilisation et réquisitions

Cette extraordinaire collecte fut fort mal vécue par une bonne partie de la population, surtout urbaine, fatalement, laquelle ne supportait pas que l'on change son mode de vie et notamment de ne plus avoir de contact avec ses ancêtres. Mais beaucoup considéraient cet attachement à la virtualité comme superficiel. On vit de véritables "comités ruraux" s'organiser pour opérer la récupération de ces unités dans toutes les agglomérations, parfois même de manière brutale, ce qui conduisit les autorités à mobiliser tous les hommes disponibles à encadrer ces collectes spontanées. En quatre mois, on avait en effet stocké 580 millions d'entre elles, que l·on s·employait à connecter aux systèmes internes des vaisseaux. De même, des ingénieurs brillants, dont certains Martiens qui avaient rejoint la cause, et d'autre «contraints» d'obtempérer, durent concevoir de nouveaux programmes d'entraînement. Ces derniers étaient souvent inédits, se basaient sur des armes en cours de construction en masse, et des modèles remontant à deux cent ans parfois. Les troupes se battraient virtuellement dans des milieux basés sur la topographie martienne, très bien connue jusqu'à une date récente.

Ceci s'accompagna du recensement des vaisseaux disponibles, et de leur transformation, ce qui mobilisa le principal atout industriel de la terre, les arsenaux Lunaires. En 2643, on pouvait compter sur 44 navettes rapides des douanes, armées de deux torpilles à impulsion, lesquelles n·étaient destinée qu·à immobiliser le système de contrôle des propulseurs des vaisseaux récalcitrants. Cette arme non-léthale puisqu·elle ne provoquait aucun dégât, et n·entraînait aucun risque pour l· équipage, existait depuis 350 ans et avait été très peu utilisée. Totalement inadapté à l·assaut devant être mené contre les batteries orbitales martiennes, on s·employa à les reconsidérer comme armement. Une nouvelle torpille destinée à paralyser de manière définitive les systèmes électroniques de toute machine à nanocerveau, et existant depuis 2605, fut donc pressentie pour une production en série. De même, les navettes jugées trop lentes, furent dotées de nouvelles turbines, encore en étude en 2630. C·est elles qui devaient ouvrir la voie au convoi. La société qui les construisait au compte-goutte dût accorder sa licence de fabrication aux douze arsenaux lunaires mobilisés. Ceux-ci devaient en quatre mois fournir plus de 5000 unités de ce type.

La reconversion des vaisseaux civils:

Les vaisseaux de transport disponibles étaient de plusieurs types. Il y avait les cargos généralistes circulant entre mars et la terre, dont 164 furent capturés le jour de la mobilisation, et leurs équipages martiens internés, certains encore en hibernation, puis les cargos longs-courriers, destinés aux colonies Joviennes, dont seulement 9 seront pris sous contrôle à la même date. Les premiers étaient suffisamment grands pour accueillir dans leurs soutes externes 80 conteneurs standards, qui représentaient autant de barges de débarquement potentielles. Mais les plus vastes, les cargos Joviens, dépassant 1500 mètres et d·une capacité d·emport de 200 conteneurs, avaient en plus l·avantage de posséder des turbines pulsives à fusion critique, un système délicat à contrôler mais donnant à ces mastodontes des capacités de rapidité appréciables. On comptait sur eux pour la première vague de débarquement. Malheureusement ces vaisseaux de grande valeur avaient étés construits sur la lune mais d·après des plans Martiens. Ces derniers ayant promptement détruit leurs bases de données hébergées dans ces chantiers, aucune information n·était plus disponibles sur eux, et les ingénieurs Terriens furent contraient d·en cannibaliser un pour l·analyser en détail, ce qui porta le nombre de vaisseaux de ce type à huit. La construction de répliques en étant différée de trois ans, l·état-major ne pouvait compter dessus. On se concentra sur les vaisseaux disponibles, et les chantiers Lunaires furent sommés de prendre la commande d·état de 60 cargos d·un type unique, spécialisé dans le transport de troupe à former. Les 18 en achèvement furent donc activés, pour libérer la place.

Il y avait également les méthaniers, les plus vastes de tous. Mais si ces derniers disposaient d·un espace en cuves reconvertibles suffisant pour embarquer 200 000 hommes et leur matériel chacun, ils étaient aussi très lents. Le voyage vers Mars leur prenant quatre mois, ce qui retardait d·autant l·assaut. De plus, leur espace intérieur vaste étant difficilement aménageable en complexes de connexion et d·accueil de troupes, pour des raisons de temps et de coût, on relégua ces 15 méthaniers capturés à la troisième vague de débarquement, apportant le matériel lourd destiné au soutien des troupes ayant ouvert des têtes de pont. Ceci impliquait la stratégie risquée de laisser les hommes se battre avec leurs moyens disponibles jusqu·aux renforts. Mais tous devaient s·emparer de points vitaux, notamment des astroports, des stations spatiales, des usines, et des centres urbains les plus importants, dont Cardens. Ils devaient donc pratiquement emporter la décision avant même les renforts, et donc théoriquement tenir trois semaines. Ceci impliquait une opération commando à très grande échelle, ce qui était plus risquée qu·une guerre-éclair. Certains étudièrent en détail les préparatifs du débarquement en Normandie, pendant le second conflit terrien en 1944 ap. J.C·.

Enfin, le dernier type de vaisseau mobilisable, et le plus adapté à sa mission sans transformation, (donc immédiatement disponible pour recevoir des armements et systèmes de transmission et de gestion logistique ou de commandement) était bien entendu le transport de passagers, les « Immiwons », selon le vieux terme Terrien signifiant les « wagons à immigrants ». Certains avaient étés relégués au musée, en souvenir des vagues humaines passées, et les derniers disponibles, les plus récents étaient peu nombreux en service, du fait des sévères mesures anti-immigratoires décrétées par les autorités martiennes depuis 120 ans, il n·y en avait que six disponibles localement. Cependant, ceux qui servirent dans le passé furent entreposés sur une large zone orbitale autour de la terre, environ à 600 000 kilomètres. Il y en avait 65, vieux de 150 à 300 ans, laissés sas ouverts aux rayonnements et aux températures extrêmes, le revêtement souvent en très mauvais état. Laissés sans protection, ils servaient pour beaucoup de repaire à la contrebande, et étaient souvent cannibalisés. Mais il n·y avait pas que ces vaisseaux, mais aussi des cargos, environ 200, de modèles totalement périmés, tous abandonnés dans cette « zone de sécurité » pour cause de radiations dues à leur ancien propulseur à la protection peu efficace. Le Terre espérait bien mettre le grappin sur cette formidable réserve.

Aussi, et sachant que cette manne potentielle était inatteignable par Mars, l'occasion était trop belle de pouvoir se doter à moindres frais d'un renfort appréciables de trente transports, choisis parmi les plus récents et les moins atteints par les dégradations. Mais lorsqu'ils arrivèrent sur place, ils constatèrent à leur grand effroi que la grande majorité d'entre eux non seulement étaient impropres à toute refonte du fait de leur état extrême de délabrement -ils étaient réduits à l'état de pontons et d'épaves cannibalisées- mais aussi et surtout, les plus récents référencés avaient purement et simplement disparu, et ce depuis un mois au plus, lors du dernier recensement. Les autres, des cargos d'une série vieille de 80 ans à peine, ayant étés sabordés, étaient également réduit à l'état d'épave. Ce que les autorités Terriennes sauront par la suite, c'est que Mars avait diligenté, connaissant parfaitement ce cimetière-réserve, un commando dans le plus grand secret, qui était allé trois mois avant la rupture des relations diplomatiques, placer des charges explosives pour condamner définitivement tous les vaisseaux non-récupérables. Ceux qui pouvaient encore servir furent dotés de nanocerveaux récents compatibles et se rendirent de leur propre moyen vers mars. Il suffisait d'un seul homme pour commander chacun d·entre eux. Ainsi, les Martiens disposèrent quatre mois et demi plus tard de 42 vaisseaux prêts pour toute transformation, capturés et emportés au nez et à la barbe des Terriens pourtant tout proches...

Au final, on se rend compte que les Terriens disposaient de 164 cargos moyen-courrier, 8 longs-courrier, 15 méthaniers, 6 transports de passagers, et 44 navettes reconditionnées. Au total 193 transports de troupes à reconvertir en cinq mois, et 44 navettes pour ouvrir un passage. Les vaisseaux de transport allaient en outre devoir être équipés en moyenne de 100 barges de débarquement, chacune emportant d·après ses dimensions vingt hommes et leur équipement de base. Les barges elles-mêmes avaient étés tirées d·une étude remontant à 2480, mais leurs dimensions et leur fonctionnement n·était pas conçu pour être compatible avec les soutes externes des cargos. Il fallut donc les redimensionner tout en en gardant l'essentiel. Ces barges sont restées fameuses sous le nom technique de MSLS-G et MSLS-S, les premières destinées à l·assaut au sol, les secondes à l·abordage des stations orbitales. Les premières disposaient d·un sas explosif à l·avant, les secondes d·un système de scie circulaire à très haut rendement qui pouvait en une fraction de seconde percer un ouverture dans la paroi d·un module spatial et assurer son étanchéité avec un film de plastique thermoformé. De manière classique, les vingt soldats se trouvaient sur des bancs en vis à vis, leurs armes lourdes et équipements au milieu. Il n·y avait pas de système de pilotage autre qu·une balise de proximité avec un nanocerveau agissant sur les commandes et analysant le sol en tant réel aussi bien pour chercher la zone de débarquement au mètre près que de choisir le meilleur endroit pour débarquer en prenant en compte les obstacles naturels ou militaires détectés.

Deux ailes recouvertes de liamant, une céramique thermodynamique, servait aussi bien à assurer la portance de la barge une fois dépliées, que de passer la barrière du frottement thermique de la rentrée atmosphérique. Ces ailes étaient à un seul usage, et la barge une fois au sol, se freinant grâce à un matelas répulsif magnétique, devenait au mieux un abri, avec un petit système de communication et quelques réserves de vivres. Les combattants disposaient d·un uniforme dérivé étroitement de la tenue des agents de sécurité fédérale, la garde fédérale, pour faciliter la production en série. Leur casque étant en revanche expérimental, puisqu'il provenait de recherches datant de 2029, réactualisées en 2217 puis 2408. Fondamentalement il n·avait pas changé, intégrant un système de respiration artificiel, une visière tous-temps avec intercom et vision analogique multiple, ainsi qu·un revêtement et une forme furtive. Mais cela revenait à équiper ces soldats d·un casque de bonne facture avec une tenue totalement inadaptée à la guerre. Cela importait peu. La terre comptait sur l·effet du nombre, non sur une qualité qu'elle n'avait pas le temps d·atteindre avant que les Martiens ne verrouillent leur défense. Un fait était indéniable, que l'on avait caché à la population. Les services de sécurité secrets, un commando d'élite destiné à toutes les opérations "qui ne sont jamais arrivées", disposaient de tout un équipement high tech aux antipodes de celui du soldat de base, mais ils avaient étés conçus · sur mars.

Privés de ces connaissances, le commando lui-même ayant été démasqué dans son entier sur Mars et éliminé, la Terre ne pouvait pas mettre en production en série de tels équipements , qui auraient redonné certainement un net avantage aux troupes Terriennes. Pour faciliter les choses, on estima que comme chaque cargo pouvait embarquer de 60 à 100 conteneurs, représentant 1200 à 4000 hommes, on affecta à chaque transport l'emport d'un régiment. On estima que dix transports pouvaient constituer une division, soit au mieux 40 000 hommes. Mais sur ce total, de nombreux conteneurs avaient étés réservés comme unités de transmission, Q.G., stockages de munitions, de vivres, garages de pièces, ou unités sanitaires. Ce qui fait que c'est en tout 800 000 hommes qui devaient arriver avec les deux premières vagues, renforcées par les méthaniers de la dernière vague trois semaines plus tard, leur matériel lourd et leurs 1 500 000 hommes de renforts. Par la suite, il fut décidé de laisser un délai supplémentaire à la conception et à la production en série de véhicules légers et de tanks, ou d·armes autonome, notamment de cyborgs destroyers, coûteux et complexes. On décida enfin le jour où toutes ses forces devaient êtres lancées, de reporter l·assaut d·une semaine.

Le jour de l'offensive, qui ne pouvait plus être différé, fut lancé le 8 Octobre 2643, soit presque 4 mois après le déclenchement des hostilités. Entre-temps, les arsenaux lunaires et orbitaux avaient travaillé d'arrache-pied pour fournir 25 transports supplémentaires portant le total des troupes des deux premières vagues à partir à 1 300 000 hommes, tous étaient placés dans des caissons de proto-hibernation, rudimentaires et faisant partie de chaque barge. Ils y poursuivaient leur formation en virtuel, se battant déjà sur les lieux de débarquement martiens, encore et encore. Cette flotte de 220 vaisseaux était escortée par 150 navettes rapides, armées chacune de quatre torpilles. Ouvrant la voie en deux escadrilles, d'autres protégeaient les flancs de cette flotte. Six d'entre eux, les transports de passagers, étaient reconvertis en bâtiments de commandement et emportaient 6000 hommes de troupe. En revanche, ils comprenaient un système de lasers à concussion pour l'appui au sol ainsi que deux escadrons de vaisseaux transorbitaux, destinés à la fois à apporter un soutien d'assaut rapproché et de rapatrier le cas échéant les blessés graves vers les unités de transports de troupes dont plusieurs locaux avaient étés convertis en salles hospitalières. Elles pouvaient aussi ravitailler les troupes. Les chantiers pensaient délivrer trois semaines après le départ de la flotte une première dizaine de ravitailleurs rapides, capables d'embarquer 12 000 tonnes de vivres et de munitions et de les amener sur place en deux mois. Un «pont continu» de ravitaillement devait à terme être assuré. Toutes ces perspectives donnaient confiance à l'état-major terrien, qui en comptant sur l'effet relatif de surprise que constituait une attaque aussi rapide, pensait légitimement pouvoir emporter la décision.

Les Forces martiennes

Mars, de son côté, disposait d'une réserve mobilisable théorique de 80 millions d·hommes, mais en comptant sur une plus large fourchette de recrutement. Vu l·état d·urgence et la disproportion des forces, le recrutement volontaire était tout simplement inconcevable. De plus, le nationalisme latent de la population était pleinement acquis à l·idée de la guerre et d·assurer son devoir avec une volonté farouche, exacerbée justement par le sentiment d·une disproportion des forces qui confinait à un sentiment d·héroïsme. Mars, la « forteresse assiégée », un rôle qui convenait à merveille et même dépassait les espérances de tous ceux qui espéraient un scénario de ce genre pour galvaniser les esprits. De plus, les martiens étaient à juste titre fiers de leur supériorité technologique. Il ne faisait aucun doute que la planète rouge possédait en matière des derniers développements tactiques et stratégiques virtuels, mais aussi en réalisations pratiques, une avance d·une siècle et demi au moins sur la Terre.

Enfin, les Autorités Martiennes, qui avaient envisagé une guerre avec mars depuis le XXVIème siècle et s·y étaient préparés, disposaient déjà de nombreux prototypes réels testés dans le plus grand secret puisque sans connaissance aucune de leur existence de la part des services de renseignements Terriens. Leur réalisation en grande série avait été soigneusement planifiée dans le laps de temps que l'on s'était donné avant que la flotte terrienne n'arrive en vue de Mars, et les batteries anti-astéroïdes récentes en étaient une manifestation tangible. Pour couronner le tout, Mars pouvait compter sur une «cinquième colonne», en fait une centaine de terriens métissés Martiens ou acquis à la cause Martienne du fait de leurs origines Européennes ou Américaines. Ces hommes et femmes étaient des "agents dormants", qui devaient surtout faire de l'espionnage, et communiquer leurs découvertes grâce à un transmetteur Schuzen, aux neutrinos indétectables et quasi instantanés. Dans la jungle d'un réseau mal contrôlé, ils pouvaient communiquer en temps réel les préparatifs terriens à l'état-major Martien, sans être jamais inquiétés.

La préparation industrielle Martienne

Sur le plan militaire, Mars était bien mieux équipée que ne pouvaient le penser les terriens. Elle comptait en effet sur des types de bâtiments construits par ses propres arsenaux, au dépit de ceux qui oeuvrait pour elle par le passé, les chantiers lunaires. En cinquante ans, elle avait mis sur pied une politique volontariste de construction de centrales, de stations géantes d·orbite haute, avec d'interminables docks capables à terme de produire un ou deux types de vaisseaux principaux, dont le cahier des charges officieux comprenait des facilités pour une reconfiguration guerrière en moins de trente jours. Aussi, elle avait pu construire 52 cargos de type «moyen» et «lourd», rapides, capable d'embarquer des conteneurs standard, mais aux facilités d'emport inhabituelles, avec de nombreux locaux inutilisés, et Différents systèmes de protection inutiles ou disproportionnés à un usage civil courant qui déconcertaient les rares terriens spécialistes de la question. L'un d'entre eux, et ce fut bien le seul, comprit en étudiant de près leur architecture, que ces vaisseaux civils cachaient une potentialité militaire préoccupante. Il ne fut pas écouté, alors qu'il avait mis en garde ses supérieurs hiérarchiques dix ans plus tôt. Un indice de plus aurait dû éveiller des soupçons. Trois mois avant la rupture des relations diplomatiques, les services douaniers remarquèrent que tous les cargos Martiens récents étaient soit en révision soit en cale. La flotte marchande Martienne utilisait ses vieux cargos pour assurer le même service...

Effectivement, ces cargos furent tous rapidement mis en «reconversion», laquelle commença dès le mois de Mars 2643. En Juillet, ainsi, ces unités rejoignirent leur principale base d'affectation, et furent classées comme «frégates», pour les cargos court-courriers, et «Destroyers» pour les longs-courriers. C'était la première fois que l'on utilisait officiellement ces dénominations navales militaires pour des vaisseaux spatiaux, bien que l'idée soit très ancienne. Mais ces références avaient le mérite d'être parlantes. Tous les espaces vides signalés avaient étés rapidement remplis de lance-torpilles, de batteries, de brouilleurs, de postes de défense rapprochée qui en faisaient de véritables forteresses. Leurs soutes externes ne devaient pas emmener de conteneurs mais des myriades de chasseurs, qui en faisaient autant de porte-astronefs. Il peut paraître surprenant qu·un tel nombre de chasseurs n·ait jamais été détecté par les agents Terriens, encore présents un mois avant la guerre sur Mars. Mais les autorités avaient bien pris soin de ne rien révéler du projet «harpy», celui de l'emménagement dans le plus grand secret d·une usine souterraine dans une ancienne mine condamnée pour radiations, et qui devaient être en mesure de sortir trois cent chasseurs par jour à terme.

Trois autres usines comparables étaient en cours d'édification depuis deux mois sur Callisto. L'accès de l'usine martienne était unique, et placé dans un lieu tenu secret, avec une fausse paroi rocheuse parfaitement camouflée qui constituait l'entrée des véhicules à sustentation amenant hommes et matériels depuis des années, la nuit et par mauvais temps généralement. Aucune piste n'était décelable, les engins à sustentation ne laissant aucune trace de leur passage et n'émettant pratiquement aucun bruit qui puisse être perçu à l'oreille humaine. La base était parfaitement équipée pour concevoir des chasseurs améliorés, testés virtuellement. L'Etat-major Terrien, qui disposait de bases de données considérables savait parfaitement quel type de vaisseau les terriens allaient utiliser, et grâce aux renseignements récents, connaissait en détail la composition de la flotte d·invasion. Ces deux flottes comprenaient 20 frégates et 6 destroyers chacune, pour un total de 5200 chasseurs et 520 vaisseaux d'assistance, ces deux types de petites unités étant embarquées en lieu et places des conteneurs, avec des systèmes de fixation rapides agrémentés de systèmes de ravitaillement à très haut débit. L'un des locaux de chaque cargo, réservé officiellement au stockage d·un navette de sauvetage, était en fait un petit chantier de réparation. D·autres locaux servaient à stocker des munitions.

Les Chasseurs Martiens

Les ingénieurs Martiens avaient réussi la prouesse de construire de petites unités de combat autonomes en milieu spatial (ASF-1) capables de constituer un essaim mortel pour n'importe quel astronef même bien armé. Très petits, ils ne devaient leur taille réduite qu'à l'absence de pilote à bord, ce qui simplifiait la constitution d'une école de chasse pour des clones qui auraient éveillé la méfiance vingt ans plus tôt des terriens, et permettaient de loger tous les systèmes primordiaux de cette unité dans un espace comparable à un conteneur. De plus, elle pouvait jouer le rôle de Kamikaze si le besoin s'en faisait sentir. Mais ces petites unités disposaient surtout de deux canons à concussion, armes terribles imaginées comme des faisceaux laser très concentrés, chacun ayant son propre accélérateur nucléaire. Expérimentés virtuellement, les premiers essais ne purent de faire en plein jour qu·après la déclaration de guerre. Ces chasseurs pouvaient en outre emporter une torpille dotée d'une microbombe nucléaire, armement archaïque mais facile et économique à produire et dévastateur. Le vaisseau d'assistance, un engin petit, non armé, mais rapide et doté de générateurs, pouvait recharger les batteries au deutérium des canons à concussion en pleine bataille.

Outre ces chasseurs-robots, une firme avait travaillé depuis 2631 sur un type de chasseur de défense et embarqué disposant d'un pilote. Beaucoup plus coûteux que le chasseur-robot ASF-1, l'OF-1 était néammoins relativement économique et productible en masse rapidement, et des centaines étaient ainsi disponibles au moment de l'attaque Terrienne en décembre. Ce chasseur était optimisé pour la survie de son pilote et disposait non de canons mais de missiles furtifs à tête nucléaire, destinés à s'en prendre aux gros porteurs.

La IIIe flotte martienne

Mars pouvait aussi compter sur une «troisième flotte», celle qu'elle pouvait se constituer en deux mois par la transformation de ses méthaniers, dont elle possédait la majeure partie, leur service se faisant majoritairement entre Jupiter et l·astre rouge. Ainsi, elle pouvait compter sur 24 unités très spacieuses. Un projet de reconversion rapide leur avait été attribué dès leur conception, et de ce fait, elle purent êtres rapidement armées. Mais plutôt que de servir toutes au sein de la troisième flotte, elles restèrent en service habituel de ravitaillement, vital pour Mars. Seules quatre furent réquisitionnées et transformées en batteries géantes, comptant des silos de missiles à têtes multiples, et des faisceaux de concussion à longue portée. Elles furent déployées en premier échelon, aux côtés des 30 nouvelles batteries « anti-astéroïdes », qui ne trompaient plus personne, construites rapidement sous la forme de modules pré-assemblés dans divers arsenaux peu de temps avant le début du conflit. Le gros de la troisième flotte était en fait constitué par les 42 vaisseaux capturés grâce à un formidable coup d·éclat, quelques temps plus tôt. Le plus brillant fait d·armes précédant la guerre elle-même, avait été permis par l·audace que permet une situation désespérée, et l·ingéniosité doublée d·une chance incroyable.

Si les contrôles spatiaux n'avaient pas détecté les vaisseaux se déplaçant, c'est tout simplement du fait que les vaisseaux civils en service ont tous un système de navigation à balise émettante, couplée sur les fréquences de détection du contrôle spatial. Les cargos capturés n'ayant qu·un simple cerveau capable de donner l·ordre au réseau primaire de l·allumage des propulseurs, leurs balises et tous les systèmes habituels de navigation étaient tout simplement restés en sommeil, faute d'énergie. Aucun patrouilleur des douanes, chargés d·effectuer une ronde toutes les semaines pour démanteler les éventuels lieux de stockages illégaux, les dégradations et cannibalisations des vaisseaux de la réserve, ne passa précisément cette semaine, du fait d·une exceptionnelle révision des trois navettes qui en étaient chargées, et d·une mauvaise communication entre les services.

Les cargos de cette troisième flotte, disparates et de modèles civils incompatibles avec une reconversion militaire rapide, furent simplement rééquipés comme porte-chasseurs, la flotte entière pouvant ainsi mettre en oeuvre 3600 chasseurs légers du type OF-1-5, mais sans soutien autre que celui apporté par les stations spatiales avancées. Cette flotte était renforcée par deux escadrilles de navettes douanières sommairement équipées de torpilles, semblables aux modèles Terriens. Ainsi, Mars pouvait compter sur un dispositif de défense simple et efficace, largement suffisant pour contenir un premier choc. La tactique à appliquer consistait à disposer les deux flottes au large de Mars, en tenaille autour du convoi Terrien, qui, lorsqu'il défilerait, repèrerait ces deux flottes et disperseraient ses chasseurs de flancs, surclassés par le nombre et la qualité des unités Martiennes. Les frégates et destroyers se rapprocheraient jusqu'à pouvoir utiliser leur armement de proximité, détruiraient la partie arrière du convoi, puis remonteraient vers sa tête, en visant particulièrement les vaisseaux de commandement adverse.

Défense Orbitale et aérienne:

Pendant ce temps, les chasseurs terriens détruits ne pouvant plus nuire aux batteries de la défense de premier échelon, ces dernières entreraient en action sur les transports sans protection, en essayant d'en éliminer le plus possible. Le reste du convoi, sa partie la plus avancée, serait ensuite prise à partie par la défense orbitale de second échelon, et viendrait s'écraser contre le mur de chasseurs de la troisième flotte, postée en orbite haute. Pour finir, si des transports adverses parvenaient à mettre en orbite basse leurs chalands de débarquement, ceux-ci seraient pris à partie par la défense aérienne (deux escadrilles d'avions-robots multirôles destinés habituellement à la surveillance et à la lutte anti-émeute), mais surtout en altitude basse, par les innombrables batteries antiaériennes construites en masse en deux mois à partir de 2643, et dont la construction faisait appel à des modules préfabriqués productibles facilement par de petites unités autonomes avec du matériel basique. Des «unités de DCA» locales, se constituèrent rapidement, bien encadrées et entraînées par des instructeurs itinérants, qui faisaient de tous les points névralgiques de Mars d'impénétrables hérissons de feu. Des centaines de véhicules furent également reconvertis, de même que des navires, en plate-formes de DCA mobiles.

Milices et troupes Martiennes:

Si des troupes réussissaient malgré cela à débarquer, elles trouveraient en face d'elles des «milices» locales, hâtivement armées avec des fusils magnétiques (armes non léthales) primaires mais faciles à assembler pour n'importe quel particulier avec des pièces de la grande distribution. Quant aux troupes «régulières», des classes d·âge 20-50, elles constituaient une telle masse d'hommes qu'il ne fut pas possible à l'industrie textile de fabriquer des uniformes même rudimentaires dans les temps. On demanda à ces hommes de trouver des vêtements aptes à servir de combinaison tous-temps, solides et confortables. Mars étant très en pointe dans le domaine des fibres intelligentes, et ce depuis 300 ans, elle pouvait proposer une large gamme de vêtements, d·ailleurs largement exportées vers la terre et aimée des urbains, qui avaient la faculté de prendre des teintes sur commande, et de bien protéger du froid. Un vêtement fut tout de même commandé par l·armée, à tous les fournisseurs, qui devait être produit à des millions d'exemplaires en trois mois : La combinaison MATS ( Military all-time Suit ), destinée spécifiquement à prendre la teinte de l·environnement immédiat, ce qui valait le meilleur des camouflages, et avait des capacités thermo-absorbantes pour la furtivité infrarouge, et magnéto-absorbante pour la faible réflexivité des ondes radar courtes, ainsi qu·une structure micronique de petites pointes qui emprisonnait les sons de l·étoffe, la rendant particulièrement silencieuse, mais pouvait aussi emprisonner des molécules d·air constituant une excellente protection thermique, le froid étant bien entendu le principal adversaire pour tous les combattants. Bien qu·elle ne valait pas les vraies combinaisons à poches doublées de systèmes intégrés de régulation d·air et d·eau, de protection intégrale antiradiation, antibactérienne, ignifugées et résistante aux tirs d·armes énergétiques, de vieux modèles terriens du XXIème et XXIIème siècle, complexes, coûteux et réservés aux troupes d·élites, la combinaison MATS sera produite suffisamment en grand nombre pour que trois millions d·hommes la reçoivent une semaine avant l·assaut terrien.

Le casque était un sujet plus épineux. Sur le plan technique, il n·était guère éloigné du modèle Terrien, mais le service de production se rendit compte très vite que ses réserves de Clapanium, utilisé dans le revêtement externe, était produit sur terre et uniquement à partir de ressources dérivées de l·industrie pétrochimique utilisant une substance secrétée par un plancton des eaux tropicales. A moins de le reproduire sur Mars dans de grands hangar dédiés à sa culture dont on disposait de quelques souches, il devenait impératif d·étudier un succédané rapidement. Mais les recherches prirent du retard, de sorte que l·on opta au dernier moment pour une solution de compromis avec un alliage aisé à fabriquer mais rendant les propriétés initiales de furtivité de ces casques pratiquement inopérantes. De ce fait, un million de casques seront livrés seulement quelques jours avant l·arrivée de la flotte Terrienne. En attendant, faute de mieux, l·armée réquisitionna les fabriques de Chapkas, et les dota d·un revêtement en Kevlar, en guise de protection. Cette Chapka militaire sera elle distribuée en grand nombre, au grand étonnement des hommes à qui l·on assurait l·impossibilité pour les troupes adverses de mettre le pied sur Mars.

En dehors de ces troupes de masse, mal équipées, l'état-major pouvait compter sur les trois millions d'hommes de ses services de sécurités généraux, clonés pour la plupart, et dont le patrimoine génétique avait été préparé à l'éventualité d'un affrontement militaire de grande ampleur. Tous étaient équipés de combinaisons sommaires dédiées au service ordinaire, souvent urbain, et durent êtres dotés en hâte de combinaisons MATS, et des premiers casques sortis. Leurs armes de service étaient non léthales, mais ils seront équipés des nouveaux fusils à impulsion sonique, étudiés peu avant 2640, et dont le développement « pour les émeutes graves », avait permis de lancer une présérie d·essai. Homologués pour le service, ils seront bien entendus lancés en très grande série en 2643. La cadence fut telle qu·au mois de Septembre 2643, les trois millions d·hommes de la sécurité fédérale en seront équipés. En Octobre, cinq millions de conscrits en seront également dotés.

Enfin, la dernière «garde» était constituée par les hommes d'élite du commando des services extérieurs, les mêmes qui étaient partis capturer et ramener les effectifs inespérés de la troisième flotte. Cette centaine d·homme ne constituait pas une force d·une utilité flagrante dans le cas d·une large bataille au sol. Aussi, ils furent envoyés organiser la défense des colonies Joviennes. Sur place en effet, le "réduit arrière" pouvait assurer sa propre défense, avec 20 navettes multirôles reconverties et 28 cargos dont 5 suffisamment récents pour être reconvertis comme "frégate", les autres devant recevoir les chasseurs produits dans les usines de Callisto. Mais il ne fallait pas attendre de renforts importants avant longtemps. En effet, les pouvoirs martiens comptait sur la destruction de la flotte Terrienne pour que le temps qu·elle se reconstitue, ses chantiers puissent produire une flotte d·une toute autre ampleur, avec les premiers vaisseaux militaires qui ne soient pas des cargos transformés mais de véritables bâtiments spécialisés. De petites révolutions en matière d·armement comme de propulseurs étaient attendues pour 2650, et la mise sur pied, la réactivation des immenses batteries matricielles, destinées à produire des bataillons de combattants clonés, devaient fournir d·excellentes troupes avec le meilleur matériel dans un délai de 8 ans, grâce notamment à des accélérateurs de croissance, responsables d·un vieillissement accéléré. Le but n·étant pas d·envahir la terre en représailles, de l·occuper militairement, ce que n·aurait pas permis la population Martienne, mais simplement d·occuper la Lune, privant la terre d·une grande partie de ses industries, ainsi que ses stations spatiales, pour enfin en faire le blocus.

Certains officiers Martiens souhaitaient que lorsque la flotte terrienne serait anéantie, les vaisseaux les plus rapides partent sans délai vers la terre, et sur place attaquent systématiquement toutes les installations orbitales et lunaires, jusqu·à ce que la terre accepte la capitulation. Aucun plan n·était prévu en cas de victoire du débarquement terrien, ce qui semblait inconcevable. La défense martienne était condamnée au succès.

L'opération Overlord: Départ de la flotte en octobre 2643:

Sur Terre, les partisans de l'intervention, qui ne pouvaient mettre en place qu·une flotte capable de faire débarquer 3 millions d·hommes, envisageaient le meilleur des scénarios, celui de pouvoir rapatrier les cargos vers la terre, de les ravitailler en hommes, et de continuer les débarquements, avec des "navettes" opérant à mi-chemin du trajet leurs transferts afin de gagner du temps. Mais l·on espérait tant du succès de la première opération que tout autre plan n·était pas étudié avec un soin particulier, de même qu·à contrario celui d·une défaite, qui obligeait la Terre à une défense de ses approches. C·est dans cet esprit que le gros de la flotte partit le 8 octobre 2643. En théorie, l·arrivée était prévue autour du 10 janvier 2644. ( à 700 ans de la légendaire opération «Overlord» la tentation était trop forte, et ce nom fut repris au bénéfice médiatique de celle-ci ). L·état-major s·était fractionné, certains officiers accompagnant la flotte, présents à bord des transports, les autres préférant rester dans le quartier général terrien.

On comptait beaucoup sur les transmissions neutrinales pour assurer un suivi des opérations en temps réel. Au sein du Q/G. terrien, une immense salle contenant un globe Martien dont le relief était fidèlement reconstitué, de 12 mètres de diamètres, avait été construit au milieu d·une passerelle à hauteur variable servait de base aux officiers pour suivre en temps réel les troupes. Un dispositif coûteux qui aurait été réalisé plus facilement et avec plus de facilité en virtuel. Les officiers de cet état-major ne comprenaient pas de militaires de carrière, il n·y en avaient aucun, mais quatre responsables des groupes de sécurité, le responsable des services secrets, les vrais décideurs étant les tacticiens, théoriciens et historiens militaires que l·on avait pu trouver. Pour éviter toute friction entre leurs mérites et capacités, ils possédaient le grade de général, sachant que tous étaient urbains et avaient pu « vérifier en virtuel la validité de leurs hypothèses ». Beaucoup avaient effectivement gagné des « tournois historiques », consistant à prendre la place des décideurs des grande batailles du passé, et avaient été choisi pour leur excellent classement en tant que tacticiens virtuels.

La bataille de Phobos (12-17 Décembre 2644)

Le 12 décembre 2644, la flotte approchait de Mars, et personne ne pouvait la voir, hormis les officiers sur les ponts de commandement aménagés dans les vaisseaux à passagers, rebaptisés navires de commandement. Ces derniers faisaient de fréquentes apparitions virtuelles à leurs troupes, afin de les guider et de les galvaniser, un rôle qu·ils assumaient plus ou moins bien, certains étant largement rôdés au commandement en virtuel. On les avait rassuré sur la faible préparation défensive des Martiens en si peu de temps (7 mois). Mais il ne s'agissait que d'hypothèses optimistes et totalement subjectives, aucun agent ne pouvant l'étayer, un manque particulièrement cruel et fatal. Car ce jour là, les deux flottes Martiennes positionnées en tenaille fondirent en silence sur le convoi, escortés étroitement par la moitié des chasseurs : Bien plus gros que leurs homologues Martiens, ces derniers avaient deux hommes d·équipage, un opérateur de détection et un pilote/armurier. Il s·agissait des navettes douanières, qui pouvaient s·amarrer sur des sas aménagés sommairement sur le flanc de nombreux cargos. Les chantiers avaient réussi à en délivrer 60 supplémentaires, qui s'ajoutaient aux 44 destinées à ouvrir la marche et frapper les batteries de défense pour permettre le passage du convoi. Les deux flottes Martiennes attaquèrent donc, sans êtres repérées, car leurs système de navigation propre étaient indétectables par les capteurs de navigation classiques des vaisseaux de commandement et des cargos· Seuls les capteurs de proximité/collision signalèrent l·imminence de milliers d·impacts. On croyait à une pluie d·astéroïdes, qui était toujours probable en arrivant dans les parages orbitaux Martiens, mais les double coques renforcées des cargos, résistant à ces impacts, aucune mobilisation particulière ne fut décrétée, et la moitié des chasseurs Terriens restèrent à poste.

Il s·agissait en réalité de la tête des milliers de torpilles lancées par les escadrilles Martiennes, lancées dix minutes plus tôt· Aux premiers impacts, les cargos de flancs furent éventrés, les chasseurs les accompagnant éliminés dans la foulée. Les 16 800 torpilles lancées par les 4200 chasseurs martiens firent des ravages tels que le cessez-le-feu fut immédiatement ordonné de peur que les chasseurs martiens des deux flottes se rejoignant au sein du convoi, ne se tirent mutuellement dessus par erreur. Toute la partie arrière du convoi s·était volatilisée, et 18 cargos perdus en quelques instants. Toute l'escorte disponible localement avait été anéantie. Méthodiquement, comme il avait été prévu, les escadrilles, remontèrent effectuer leur sombre besogne le long du convoi afin de liquider le restant de chasseurs d'escorte. Tous ceux qui étaient à poste le restèrent, du fait que l'alerte ne fut pas donnée à temps. Le temps que les pilotes rejoignent leur navette, le cargo qui les hébergeait était réduit à l'état d'épave. Il ne restait que les 44 navettes qui ouvraient la marche. Deux heures plus tard, elles étaient prises à partie par les batteries lourdes avancées de la troisième flotte, et ne portèrent que des coups mineurs aux défenses de première ligne. Les 44 navettes seront détruites sans éliminer le dixième du potentiel de la défense martienne. La réplique, une fois les premiers cargos du convoi à portée, était redoutable : Les missiles thermonucléaires à têtes multiples, bien que récupérés de stocks très anciens, avaient été révisés et conservaient leur force de frappe. Toute la tête du convoi, soit 30 cargos, fut ainsi totalement anéantie. En trois minutes, tout le convoi était pris entre la flotte Martienne (le marteau) et la défense de première ligne (l'enclume).

L·état major terrien fut -on l'imagine sans peine-, consterné, mais la décision fut prise de poursuivre la percée, sous-évaluant toujours les forces Martiennes, car on pensait légitimement que les batteries déjà référencées avaient été simplement affectées à cet endroit et d'après les services de renseignement, le stock de leurs fusées à vecteur multiples était épuisé. Le reste du convoi devait donc passer librement. Quant à l'attaque de flanc et à l'arrière, on référençait effectivement une centaine de chasseurs mais ils étaient classés comme des navettes douanières, dont le modèle était connu. Là encore, on estimait qu·elles avaient épuisé leurs torpilles et devaient aller s'approvisionner, ce qui laissait le temps au convoi de leur échapper. Ce dernier comptait en effet encore 148 cargos, capables de déverser sur le sol martien à présent jugé sans défense, 250 000 hommes et leur matériel. Ce qui préoccupait les stratèges terriens était la perte de leur escorte, mais on estimait que le convoi ne pouvait plus être inquiété, et ne serait pas rattrapé par les navettes douanières martiennes, d'un modèle bien connu pour sa lenteur. Comme les faits l'attestent, il n'en fut rien. Les défenses de la premières ligne avaient effectivement épuisé leurs munitions sur les innombrables chalands de débarquements qui, dispersés dans la destruction de leurs porteurs, constituaient autant de petites cibles pour les engins automatisés. Jouant le rôle de "parasites", ils permirent effectivement le passage du reste du convoi.

Mais pour les malheureux commandants de cette flotte, c'était l'enfer : Les escadrilles d'attaque des deux flottes, conservant leur potentiel, remontaient au sein du convoi sans être inquiétées par l'absence d·une défense rapprochée, et trouvèrent les vaisseaux de commandement. Ces derniers, massivement frappés par leurs projectiles dévastateurs, furent très vite anéantis, obligeant l'état-major terrien, qui ignorait ce fait, constatant simplement l·interruption des communications, de se rabattre sur celles des cargos moins perfectionnées. Environ vingt minutes plus tard, les chasseurs s'acharnaient à présent avec leurs canons à concussion sur les coques et particulièrement les propulseurs, l'idée étant de ralentir le convoi afin de laisser s'approcher les frégates et destroyers qui feraient jouer leurs propre armement lourd et anéantiraient méthodiquement les derniers vaisseaux immobilisés. Mais les canons à concussion des Martiens, trop expérimentaux, avaient tendance à chauffer de manière dramatique, et de nombreux chasseurs (environ 12%) furent perdus dans des explosions accidentelles.

Il fut alors décidé, 35 minutes après le début de la bataille, de rapatrier les chasseurs pour les réarmer en torpilles. Ce répit sauva apparemment le reste du convoi qui avait encore perdu 17 cargos, effectivement immobilisés et plus tard capturés. Le temps que les chasseurs rejoignent leurs unités, 28 heures s·écoulèrent, pendant lesquelles les stratèges terriens soupiraient de soulagement. Mars avait donné toutes ses forces, on en était persuadé. Plus rien ne pouvait s·opposer au débarquement, et le choc de la masse de troupes, très bien entraînée, serait décisive, rapidement renforcée par les méthaniers, lancés deux semaines plus tôt, puis croisés par le convoi à mi-chemin. Des ingénieurs avaient embarqué pour finir de mettre au point la plupart des armement lourds! De plus, la Terre disposait d'un atout considérable : Elle avait lancé un mois plus tôt ses cargos rapides Joviens. Ces deniers avaient croisé l·orbite de Mars et filaient en direction de la ceinture d·astéroïdes et du système Jupiter. Son but était de couper les approvisionnements Martiens, avec des chalands d·assaut spatial, destinés à capturer les cargos et méthaniers venant du système. Les vaisseaux restants devant débarquer leurs troupes sur les principales planètes. Mars avait eu bien entendu vent de cette offensive, mais on estimait qu·il y avait suffisamment de chasseurs pour y faire face. Surtout, les cinq frégates disponibles sur place furent envoyées au-devant des forces Terriennes qu·elles devaient rencontrer un peu au-delà de la ceinture d·astéroïdes.

Le 15 décembre, à 11 heures, l'offensive de harcèlement reprit de la part des groupes de chasse de la première et de la seconde flotte. Encore une fois, les flancs et l'arrière étaient attaqués. Jusqu'à ce que les stocks de vecteurs soient épuisés, le convoi allait encore perdre 25 cargos. Les chasseurs ne firent pratiquement pas usage de leurs canons à concussion. Cependant, les stocks de torpilles et missiles présents à bord des frégates et destroyers n'étaient pas inépuisables, et l'on ne pouvait plus compter que sur un dernier raid avec un faible chargement d'armes. Désormais, tout le poids de la bataille finale allait se reporter sur "l'enclume". Le 18 Décembre, l'état-major Terrien était encore confiant sur la valeur de ses troupes. Il ne faisait aucun doute que le débarquement allait avoir lieu dans 24 heures. Les effectifs du convoi avaient fondu de 30% était-il estimé, ce qui était relativement encourageant. La perte des vaisseaux de commandement et de leurs armes de soutien au sol, de leur assistance, était cependant une perte considérable. Mais les renforts lourds attendus des méthaniers devaient vite rétablir l·équilibre. Les troupes avaient reçu pour instruction de prendre les points qui leurs étaient désignés, et de les tenir deux semaines. Les cargos les plus importants, concernant les points capitaux pour la suite des opérations, dont la prise de Cardens, étaient au centre du convoi, protégés donc jusque là des meutes de chasseurs adverses. L'optimiste était encore de mise.

Mais à 22 heures, alors que Mars était toute proche, la flotte terrienne passant au large du satellite naturel Martien, Phobos, les défenses de la seconde ligne entrèrent violemment en action. Toute la tête du convoi fut de nouveau décimée, perdant 13 cargos. Mais les 12 batteries de défenses avaient épuisé leurs stocks de fusées. Le reste du convoi continua. A 23 heures et 12 minutes, temps universel, de multiples échos en provenance de la haute orbite martienne étaient enregistrés : Les 3600 chasseurs de la troisième flotte lançaient leur assaut. Ils lancèrent toutes leurs torpilles, n'ayant pas d'assistance à proximité, dans une tentative désespérée de détruire le gros du convoi. L·effet en fut redoutable : Tous les cargos du centre du dispositif furent réduits à l'état d'épaves en quelques instants. Sur terre, c·était l'effondrement. Il ne restait plus que 55 cargos en état d'atteindre l'orbite basse. Déjà, une dizaine, le cinquième du dispositif initial, se chargeaient comme prévu de la prise des principales stations orbitale Martiennes et se dirigeaient vers leurs objectifs. Mais ils furent pris à partie par les chasseurs, harcelés par leurs canons à concussion, qu'ils utilisaient malgré les pertes.

La bataille orbitale (18-19 décembre 2644)

D'autres escadrilles eurent le temps de rentrer se réapprovisionner. Mais alors que le reste de la flotte terrienne entrait dans l'orbite moyenne, les cargos de queue détectèrent de nouveaux échos par l'arrière. Les chasseurs de la première et seconde flotte lançaient leur dernier assaut, empêchant les cargos d'effectuer leur manoeuvre pour se placer en injection orbitale basse, et gagnant du temps avant l·arrivée des frégates et destroyers qui avaient rattrapé le convoi. A minuit, le combat faisait rage en orbite intermédiaire. Dans l'urgence, il fut décidé de lâcher les chalands avant d'atteindre la position souhaitée, les calculateurs de bord effectuant chacun leur propre correction de trajectoire afin de se placer en position d'entrée atmosphérique. Mais c'était alors la confusion la plus totale. Les cargos étaient laissés pour les chalands pris à partie par tous les chasseurs disponibles tirant au canon à concussion. Des erreurs, des pertes par accidents éliminèrent 26% des chasseurs martiens. L·état-major de Cardens décida d·engager les navettes des douanes réarmées pour éliminer les chalands les plus dangereusement placés en position d'entrée atmosphérique. Le "massacre" orbital commença. Un premier cessez-le-feu fut proposé aux terriens à 23h30, mais les autorités terriennes, qui pensaient encore que les défenses martiennes étaient beaucoup plus faibles, refusèrent et persistèrent dans le déroulement des opérations. Privés rapidement de toute communication, ils ne leur restait plus qu·à attendre le résultat par la prise d·un grand centre de communication martien.

A 0h40 le 19 décembre, l'opération Overlord s'était terminé par un échec sanglant. Les chalands qui avaient tenté de prendre d'assaut les stations avaient étés éliminés. Seul trois parvinrent à s'amarrer à différentes infrastructures mineures, mais les milices locales les prirent rapidement à partie ; n·hésitant pas à faire sauter les accès au reste des infrastructures. Des dizaines de soldats Terriens furent victimes de décompression fatales. Les autres, isolés, furent faits prisonniers. De leur côté les derniers cargos de la flotte de débarquement avaient étés anéantis par les armes lourdes des frégates. Ces dernières prenaient à partie les innombrables chalands, de même que les chasseurs. En mois d·une heure, les 950 chalands qui avaient réussi à approcher suffisamment de l'atmosphère avaient étés interceptés et détruits. Un cessez-le-feu général fut décrété à 0h40, les autorités martiennes estimant qu·en l'absence de danger véritable, il n'y avait aucune nécessité de poursuivre le massacre. Les 64 barges restantes firent leur entrée dans l'atmosphère. Arrivées en basse altitude, des milices locales isolées ignorèrent volontairement l'ordre de cessez-le feu et tirèrent à vue sur une quinzaine de ces chalands. Ceux qui débarquèrent, déversèrent 980 hommes en petits groupes isolés. Rapidement encerclés, ils furent contraints de se rendre. Certains se battirent cependant avec férocité, ignorant le sort de la flotte d'invasion, et furent décorés à titre posthume, six mois plus tard.

La nouvelle de la défaite assomma les officiers Terriens. Les autorités, et l'UFC en fut avertie, de même que les médias. La population fut commotionnée, et les militants du non interventionnisme eurent rapidement dans l'opinion gain de cause. Mars révélant à titre de dissuasion son dispositif militaire à l'état-major terrien, ceux-ci estimaient qu'il était désormais inutile de tenter un second débarquement à partir des méthaniers en route depuis des mois. Ces derniers firent demi-tour le 20 décembre. Un cessez-le feu général et l'ouverture de négociations de paix, sous la pression d'une opinion publique maintenant hostile à la poursuite des efforts de guerre, furent entreprises entre les deux nations planétaires. Les cargos rapides de la force envoyée vers Jupiter, reçurent l'ordre de se retirer. Ils rentrèrent sur terre en 2645. Mais ce qui força la décision fut l'annonce de la capture de milliers de chalands intacts éjectés au début de la bataille par la force des impacts nucléaires, et dont les équipages étaient en vie. Capturés, remorqués à bord des frégates du 25 au 30 décembre, dans une immense opération de ratissage, une centaine fournirent deux mille prisonniers aux martiens, beaucoup de chalands ayant depuis longtemps étés malheureusement projetés sur des orbites aléatoires, et leurs positions furent difficiles à trouver. Pendant encore trois mois, 260 chalands seront récupérés, en orbite lointaine autour de Mars. Mais ces derniers n'étant pas conçus avec une autonomie énergétique supérieure à quinze jours, leurs balises s'arrêtèrent de fonctionner, et l'on perdit leur trace. Le contrôle spatial parvint à en identifier encore 136 jusqu'en 2660, et leurs familles récupéraient systématiquement des cadavres gelés: Les unités cryogéniques en effet étaient régulées par la pile énergétique du bord. Le trafic marchand reprenant à partir de 2650, il arrivait encore, au XXVIIIème siècle, et jusqu'au XXXème, de croiser sur sa route une barge isolée, sarcophage de terriens, souvenir de la bataille. Il y aura en tout 6500 disparus.

Conclusion

Le cessez-le feu général, proposé par Mars et accepté par la Terre était intervenu le 20 décembre à minuit. Torden Wheeler, le dirigeant nouvellement élu de l'union des fédérations Martiennes, créée dans la précipitation des préparatifs de guerre afin de donner au système politico-financier une grande efficacité, incarnait désormais de fait la nouvelle identité politique Martienne. En tant que représentant, formé à la vieille école, il exigea de signer l·acte de cessation des hostilités définitif ainsi que la signature d·un traité reconnaissant l·indépendance martienne, à bord d·un destroyer de la flotte, qui serait placé à mi-chemin entre mars et la Terre. La symbolique voulait que les deux partenaires fassent le même trajet, mais que l·acte se signe à bord d·un vaisseau militaire Martien possédait une force de signification destinée à rappeler la relative faiblesse militaire et technologique Terrienne. Le 18 Février 2645, le traité était signé, devant les médias convoqués pour la circonstance. Il entérinait la fin du bail de 1000 ans, et la séparation définitive des économies Terrienne et Martienne. Cependant, la loi commerciale étant plus forte que le reste, ce dernier reprit lentement, au grès des sorties des cargos qui, pour ceux qui étaient en cours de construction pour êtres destinés aux opérations de guerre et au transport de troupes seront reconvertis en navires civils. Les cargos Martiens devenus des frégates et les destroyers, au leu d·êtres désarmé suivant le traité, retourneront après un bref réaménagement à leur fonction marchande. Le trafic reprit en 2647.

La flotte marchande terrienne fut reconstituée en 2652, et en 2660, elle avait atteint le double de ce qu·elle était, en profitant notamment des ressources joviennes et saturniennes. La terrafomation Vénusienne ou "venaissance" lancée depuis 2275, piétinait, faute de fonds, et la pression sur l·économie Martienne avait augmentée. En 2440 la phase de filtrage de l·atmosphère avait court, avec 42 stations orbitales, trop peu nombreuses. Le projet semblait au point mort et les autorités terriennes surtout la FIA, comptaient tirer parti au maximum des MSAG martiennes pour financer d·autres stations. La suite est connue. Mars ne cessera de contester cette attache capitaliste avec la Terre, jusqu·à la guerre de 2644. Mais la prospérité revenue, Mars à franchi son milliard d·habitants en 2830. Ses projets étaient ailleurs. Les étoiles proches étaient leur cible, et leurs moyens industriels et de hautes technologies tournées vers le développement des portes de saut hyperspatiales. La terre cependant va déployer toutes ses ressources disponibles reconstituées à construire de nouvelles stations. La millième fut inaugurée en 2817. leur action combinée finira par porter ses fruits : En 2943, la première base automatisée, en 2956, le premier homme sur vénus, en 3450 la première averse. Le reste appartient à l·histoire, et Vénus sera définitivement déclarée habitable en 3780, soit mille cinq cent ans après le début de sa terraformation. Mais entre-temps l·humanité était déjà parti peupler l·espace plus lointain, et en quelques siècles, un véritable empire se dessiner. Une forte partie de la population terrestre émigrera vers ces mondes lointains, d·autres vers Vénus, qui devint vite surpeuplée, et devint à son tour une terre d·émigration. La terre, plongeant à présent dans une nouvelle ère glaciaire, tomba à deux milliards d·habitants, puis un milliard, et sa population diminua graduellement jusqu·au sixième millénaire.

Mars en dépassera jamais le milliard d'habitants. Au cours du cinquième millénaire, elle subit une hémorragie démographique considérable lorsque les mondes de Procyon demandèrent un nombre croissant de colons. Mais toute velléité de prise de pouvoir de l·une ou de l·autre au sein de la future fédération des mondes unis se soldait par un refus des populations solidaires. Le commerce était le principal ciment entre les trois planètes, se renforçant avec l·arrivée de Vénus. Mais si la civilisation Martienne développa son propre système de référence à l·égard de la conquête stellaire, ses connaissances ne furent jamais refusées aux terriens, et les frais de mise en service de nombreuses portes hypersapatiales, comme leur entretien, puis bon nombre de travaux concernant la première "arche", vaisseau tachyonique expérimental, furent menés sur des fonds communs. La conquête de l·amas de Persée fut également enfin, une ·uvre commune aux uns comme aux autres, sachant que Mars avait tout de même développé une philosophie globalement très volontariste.

 

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