Considérations sur les Grinniens :


"Pour l’humanité entière, il y a un avant et un après Grinen." ( Khodra Aydemenn, Tempelai, Sitanasani. )


Ce nom désigne en fait improprement deux mondes différents : Il y a d’abord ce monde en orbite autour de bêta Pictoris, sur lequel la végétation, grâce au climat tropical et à une faible gravité en zone habitable, s’est muée avec des accélérateurs de croissance, en inextricable jungle dans laquelle les colons ont dû apprendre à vivre en oubliant de génération en génération leurs technologies et leur mission originelle. « L’enfer vert », fut ainsi nommé du fait des expéditions extérieures malheureuses qui s’y menèrent quelques siècles plus tard.

On a repris ce terme, depuis passé sur le plan sémantique à une « profusion végétale », pour la civilisation qui changea le cours de l’Humanité, effectivement basée sur une apparente profusion végétale. Ce « Grinel » est devenu plus tard « Bepicris-3 » pour éviter toute confusion, puis redevint "Grinel" lorsque le public se familiarisa au "Grinen" venu du vieux "Griniven" du premier empire.

Il serait en fait plus avisé de parler de « symbiotes », ce qu’ont fait bon nombre de scientifiques. Mais le langage populaire à souvent de mauvaises habitudes, qui par la force d’un usage par la majorité se pérennisent. Les Grinelliens doivent leur célébrité à cette faculté de pouvoir vivre au sein d’un milieu bioanimal parfaitement intégré à son mode de vie « moderne ». Les Grinniens ne sont ni de fervents naturalistes ni des primitivistes. Ils transforment le vivant pour, dans un artifice d’évolution naturelle, en faire une hiérarchie d’espèces étroitement interdépendantes de l’homme, dont elles retirent quelque chose en échange.

 


Les Symbiotes Grinniens sont bien entendu issus du Viwo ( monde virtuel ) consacré à Gondar Föhn et à ses disciples, apparu au tournant du XXVème siècle et impérialement connu par la suite. « Grinel » est en effet le premier monde à recevoir dès le départ une colonisation en partie expérimentale ayant pour but d’implanter des espèces symbiotiques au sein d’un écosystème entièrement artificiel. La création d’un tel écosystème bien adapté au climat définitif d’une planète colonisée, était pratiqué et connu depuis les temps anciens de la connaissance des lois génétiques et de la sélection naturelle simulés. Mais le caractère symbiotique de nombreuses espèces et la hiérarchie du vivant par rapport à l’homme qui en découlait constituait une approche radicalement novatrice de la biologie.


La coexistence des deux communautés méritait un petit rappel historique, le voici:

En 4353, la planète est investie par une petite nef coloniale. Elle incarne un système de colonisation assez nouveau, puisqu’elle est pour l’essentiel un modèle de longue durée, dans lequel les futurs individus n’existent que sous formes de gamètes lyophyllisées, la nef se transformant en base orbitale et ses cyborgs (organismes cybernétiques), étudiant la planète, installant des sites d’extraction, se reproduisant, créant une base-matrice, destinée à accueillir les futurs colons, et mènent des études de terraformation. Les colons mis au jour sont élevés au sein de leur base jusqu’à l’âge adulte, et ils prennent le relais des machines, qu’ils soumettent à leur volonté.

Ceux-ci sont d’origines très diverses. Il y a comme toujours quelques Martiens, de rares terriens, des Joviens, mais surtout des Alphites, Procyonites et Etitonides. Parmi eux, un petit nombre font connaissance avec les mondes virtuels apportés avec leur nef et se passionnent pour le Viwo de Föhn. La plupart des biologues de la mission ( 150 colons ), pensent qu’il faut tenter cette expérience tant que l’on ne leur demande pas de comptes. ( en général, les concessionnaires des vaisseaux-colonies attendaient la fin du processus et le début de son développement "naturel" pour revenir prendre possession de leurs plus-values . ).

Un débat houleux s’engage. Il y a parmi les colons un personnage, Kayred Liid, dont le rôle officieux est de veiller aux intérêts de la compagnie, une sorte de « commissaire politique ». Ce dernier, charismatique et intelligent, défend la mission telle qu’elle fut définie au départ et parvient à s'assurer la fidélité de plus de la moitié des colons. Les indécis s’y rangeront également par la suite. Au final les 18 biologues de la mission, malgré les admonestations du pouvir central duquel ils sont censés dépendre, maintiennent leur projet. Mais démocratiquement minoritaires, ils voient avec dépit leurs moyens technologiques « pris en otage » par la majorité. Une pression qui finit par avoir raison de leur obstination. Ils se rangent finalement au dessein commun, mais se réunissent à la dérobée et fourbissent leur céssession. Tous feindront de travailler pour le projet de colonisation officiel tout en en menant d’autres en secret. On s’étonne de la lenteur de leur travail mais les biologues, en la personne de Fylgia Dennu, arrivent à justifier leur faible productivité apparente et vont réussir à concevoir les espèces prévues en l’espace de 5 ans. Ils obtiennent finalement de Liid la possibilité de concevoir un laboratoire pour tester les espèces planétaires conçues. Plantes symbiotiques et créations locales s’y mêleront.

La terraformation de Grinnen prend fin en 4620-4635. Durant cette période, la faune et la flore Grinnienne était déjà en partie symbiotique, même si aucun humain ne pouvait y vivre. Or, les colons ont depuis longtemps fait appel à des matrices pour créer des "natifs" supplémentaires, et certains ont étés utilisés au sein de forêts Grinniennes, dans des « réserves », gardées par les descendants des biologues, qui ont constitué une sorte de secte. En 4640, ces « réserves » se font connaître de la planète et le mode de vie de ces premiers symbiotes bouleverse l’opinion. Dès lors, les 8 réserves symbiotiques deviennent un pôle d’attraction pour la jeunesse contestataire, car de l’autre côté, la compagnie concessionnaire est revenue prélever son tribut, un lourd fardeau pour une population qui commence à changer d'opinion, portée par le puissant courant de civilisation des "natifs" depuis des générations.

Une scission se produit donc entre partisans de la compagnie coloniale, en général suffisamment proches de ce pouvoir pour en retirer les bénéfices, et la masse populaire lésée qui cherche un autre mode de vie. Ces derniers voient dans la symbiotique un salut et une philosophie rafraîchissante. Les « Grinniens » -ainsi se nomment-ils eux-mêmes, provoquent un soubresaut démocratique qui va provoquer la césure de la planète en plusieurs entités politiques et territoriales. Au-dessus des intérêts particuliers, notamment du consortium exploitant, les lois fédérales s’appliquent, et en l’occurrence les lois démocratiques font primer le droit de propriété. De ce fait la minorité proche du pouvoir se voit forcée de constituer une gouvernance plus en phase avec les aspirations populaires. Les partisans du modèle colonial originel choisissent d’exploiter globalement les territoires du Nord-Ouest, riche en métaux et autres ressources nécessaires à l’industrie, ainsi que de nombreuses enclaves et cités industrielles sur toute la planète. Le reste des terres émergées sont dès lors disponibles pour les villes Symbiotiques, "Föhniennes", alors en cours de constitution. L’agriculture est confiée à un territoire administré en commun, situé près de l’équateur. La productivité est suffisante pour alimenter aussi bien Griniens Nats que Nonats, au moins pendant la « grande transition », celle qui voit les populations passer en deux générations en mesure d’avoir une existence symbiotique.

En 4720, Grinnen comporte 26 millions d’habitants dont 9 seulement sont des « Nonats » au mode de vie industriel typique des expansionnistes, qui exportent et importent, font un commerce et construisent stations et chantiers, comme n’importe quelle communauté expansionniste. Ces derniers descendent des "coloniaux" proches du pouvoir et de la compagnie concessionnaire de la planète, avec comme personnalité marquante Aaron Dio, descendant spirituel de Kayred Liid. Les « Grinniens Nats », aussi appelés « Symbiotes » vivent en revanche comme des néo-primitifs, avec cependant de grandes différences, dont la recherche et le développement de nouvelles espèces symbiotiques, l’utilisation de technologies modernes dont la possession n’est dû qu’à un commerce important avec les Nonats, et qui permettent à ce peuple de substituer à l’assemblage de matériaux artificiels classique du monde technologique des structures vivantes capables de remplir les mêmes tâches. C’est une civilisation biologique. Toute espèce à sa place en rapport plus ou moins direct et étroit avec les êtres humains.

Parmi les Grinnliens, on distingue une branche « Native », suite à des expérimentations de symbiose encore plus poussée : Il s’agit des Grinnen Nats. Le peuple Grinnen Nats ne représente que 2 millions d’habitants en 4750, mais elle évoluera lentement pour passer à 55 millions en 4900.


Grinnens Nats:

Les Grinnen Nats sont des humanoïdes singuliers, qui sur le plan morphologique général sont très proches des humains traditionnels, avec les mêmes membres et articulations, le même appareil respiratoire et digestif, un visage également humain, mais leur principale différence visible se situe d’une part au niveau de leurs membres supérieurs, plus longs et développés, caractéristique simiesque inhérente à leur vie « arboricole », et surtout leur peau végétale. Les Grinnens Nats ont en effet un corps symbiotique : Leur épiderme est en fait quasi inexistant, représenté par un simple cartilage transparent très mince, car c’est un un champignon parasite de la famille des Mousses Dermiques qui recouvre intégralement leur corps. Ce parasite joue un rôle de protection thermique, régulant la température comme le ferait un vêtement intelligent, mais aussi une protection contre les rayonnements solaires. Il se nourrit des rejets organiques du corps, notamment du sel, le corps fournissant en outre sa chaleur. Ce champignon est totalement intégré au corps, très souple et indissociable de la couche supérieure du cartilage qui emprisonne les organes. Un Grinnen naît et meurt avec cette mousse. Peu après sa naissance, son corps ne possède que ce fin cartilage qui le rend transparent : Le nouveau-né doit donc être soustrait à la moindre lumière, le temps que le parasite se développe sur son corps. Avec le temps, cette couverture végétale sert de base à d’autres parasites, plus ou moins voraces d’espace. C’est donc au Grinnen d’effectuer sa « toilette » en éliminant les espèces parasites trop gourmandes, qui feraient étouffer sa peau biologique.

Avec la vieillesse, les Grinnen Nats sont moins actifs et moins sourcilleux avec leur entretien et des parasites supplémentaires peuvent se greffer, jusqu’à ce que leur corps devienne presque méconnaissable tant cette couverture végétale foisonne. On reconnaît l’origine d’un Grinnen Nats à l’espèce qu’il héberge, la couleur du champignon est donc un facteur de différenciation locale.

Il arrive que le parasite meurt, et la greffe d’un nouveau champignon est alors vitale car le sujet qui n’en hébergerait aucun serait à la merci des brûlures stellaires, suffisantes pour entraîner sa mort. Les Grinnen Nats vivent de manière « primitive » au sein de villes-forêts Grinniennes propres, et partagent leur temps entre de rares tâches quotidiennes, la créativité, la connaissance et les loisirs. Leur civilisation est de type néotribale, mais le pouvoir d’un « chef » n’est pas une obligation. Il existe des sous-groupes anthropologiques avec des sociétés matriarcales et patriarcales, des coutumes et des rites différents d’une région à l’autre. C’est une civilisation paisible, simple et attachante, qui exporte, mais les bénéfices sont retirés de ce commerce sont reversés aux Grinniens non-nats, qui sont leurs intermédiaires en toute chose. Leur poids politique est réduit à néant car les Grinnen se désintéressent le la marche du monde. A ce titre ils ont beaucoup à voir avec les néoprims en général.


Les Grinniens les plus médiatiques ( de leur propre volonté ), les pseudo-Grinniens Nonats, occupent l’essentiel des territoires de ce monde. Ils ont une politique volontariste et créatrice visant à remplacer tous les éléments du confort standard technologique des expansionnistes par des éléments biologiques ou biochimiques. La génétique est leur cheval de bataille. Ainsi, les cités Nonats semblent par certains aspects moins « brouillonnes » que celle des Grinnen nats. Larges avenues, places, sites spécialisés, « immeubles » donnent à ces cités une apparence d’artificialité ordonnée. En réalité, il s’agit de régenter la place de chaque organisme végétal afin d’optimiser la ville elle-même comme un vaste organisme vivant. Une idée déjà très ancienne…


Habitat:

Les habitations symbiotiques, le symbole le plus parlant de la civilisation Grinienne, est représenté par une multitude d’espèces, aux propriétés et facteurs de croissance diverses. Certaines sont très spécialisées, comme les Sastomya neuraltrivasnidis, une espèce remplaçant les matrices artificielles, qui sont à la fois des simili milieux utérins générant lumière et chaleur aux embryons par l’intermédiaire d’une autre espèce, animale mais fixe, qui génère cette chaleur. Chaque enfant en base âge dispose d’une alcôve au sein de la Shijenta Kalmaerigiabis, et l’alcôve, modèle réduit d’habitation humaine réduit à l’essentiel, croît en même temps que son hôte. Les relations symbiotiques recouvrent le gain pour l’homme d’un hébergement, ainsi que la possibilité de s’alimenter en eau par l’intermédiaire des racines, stockant leurs réserves dans des follicules, ou de « feuilles » de nappage dont l’unique but consiste à fixer les eaux de rosée ou de pluie. Les gains dispensé par son hôte pour la plante consistent en la production de matières organismes nutritives, d’eau salée, et de chaleur. De plus l’hôte débarrasse son alcôve de ses parasites en apprenant très tôt à soigner l’arbre qui héberge ces alcôves. Il y a des espèces, comme le Logdovai, moyen, et d'autres de très grande dimensions qui forment des coques, ou de véritables bulles translucides, faits d’un lichen très fin, lequel se retrouve un peu partout en tant que parasite ou émanation de l’organisme, remplaçant le verre.

<>Les « tours » des villes Grinelliennes sont en fait des variétés dont le tronc et les branches circulaires et plates forment autant d’étages disponibles. De ce fait, la croissance de ces arbres multimillénaires est très lente, et leur structure globalement en cône fait que l’espace disponible au plus bas « étages » ( vers la base du tronc ) est très haut ( trois à quatre fois la hauteur d’un homme ), alors même que les derniers étages du sommet, encore souples et verts, ne se prêtent qu’à de petits enfants. Ceci à évidemment une très nette influence sur la manière de les coloniser. Les relations symbiotiques sont les mêmes que celles décrites ci-avant. Certaines variétés dépassent 300 mètres et peuvent vivre plus de 5000 ans. Le pourtour de leurs « branches » plus ou moins régulières est entièrement cerclé de voiles translucides, autant de capteurs photosynthétiques. Il est vrai aussi que toute une faune vit sur ces plaques formées par les branches, dont des variétés assurent un éclairage durant l’obscurité longue que connaît la planète ( rotation/journée de 12 jours et révolution/année de 165 jours.).

Transports:

Les moyens de transport varient d’une région à l’autre, mais globalement sont brillament assurée par la faune. Ainsi, diverses espèces sont utilisées pour la monte ou le transport. Certains sont énormes ( plus de 100 tonnes ) mais domesticables. La majorité des transports individuels sont des espèces apparentées à des volatiles reptiliens sans ailes, très rapides, les Bantaugs. Les Torons, les Capues, les Araturnes, sont des porteurs collectifs ( 6 à 10 personnes ). Les transports aériens sont assurés par des Baratianes, et toutes les Caraves, dérivés Médusoïdes. Il s’agit d’espèces lentes, énormes, d’origine mi-végétale mi-animale et dont l’originalité tient dans leurs ballonnets gonflés d’hélium par décomposition digestive. Certains atteignent 60 mètres et peuvent aisément emporter 30 personnes. D’autres sont des espèces carnivores piscicoles, les Londslines, qui pêchent grâce à leur traîne de longs filaments. Au moment de les remonter les hommes prélèvent leur part. Les alcôves individuelles qui accompagnent les Grinellliens dans leurs déplacements pourraient êtres assimilés à d’encombrants sacs de couchage, mais ils sont souples et légers, et se fixent facilement sur toute surface, leur permettant de « parasiter » n’importe quel moyen de transport. Il y a, exclusivement dans la région de Narodya, la Pimrimedis Gigantus, un arbre bouteille géant, dont le réseau de racines à ciel ouvert couvre un rayon autour de sa base de près de trois kilomètres. Ces « racines » sont tapissées de microvalvoles, cils qui battent l’eau qui y circule, créant un courant remontant vers le centre, où une suite de « filets » capturent les organismes qui y sont emportés. Les Grinelliens les utilisent en se servant de leurs alcôves comme d’embarcations.


Le tableau ne serait pas complet s’il on omet de dire que l’économie Grinelienne est dans ce cadre, une économie exportatrice d’organismes génétiquement fonctionnalisés. Il n’y a pas à proprement parler d’agriculture, car sur le plan de la nutrition, les Grinniens se font chasseurs-cueilleurs. Pour cette raison la natalité reste modérée : Tout accroissement de la population engendrerait inévitablement une baisse de la biomasse, déséquilibrant le fragile écosystème.

Des Grinniens dans l’espace :

Le Grinnisme à franchi un nouveau pas avec en 5121, la sortie dans l’espace du premier organisme « véganimal » emportant un homme à bord. Il s’agissait de la tentative pour les Grinelliens de se rendre autonome des moyens technologiques déployés depuis, longtemps par les Coloniaux. Cette extraordinaire variété est en effet une graine propulsée par un arbre très particulier durant la saison de la reproduction, une graine assez grande pour qu’un homme y tienne en prenant la position du fœtus, emportée par les forts courants aériens. Mais sans aucun contrôle, cette graine se satellisait sans espoir de retour. D’autres travaillaient sur une dérivé des médusoïdes qui serait en mesure de se déplacer et de permettre à son hôte d’y vivre plus facilement. Cette espèce, dont d’innombrables variétés furent testées durant des dizaines d’années, devaient résister à des écarts de températures de plus de 350°c, et avoir un cartilage en mesure de résister à l’absence de pression. Il devait en outre prodiguer nourriture, eau et surtout oxygène et pression à son hôte, tout en pouvant se mouvoir et obéir aux sollicitations de ce dernier.

Ce n’est qu’en 5185 que la première de ses variétés réussit dans ce que l’on attendait d’elle : Merveille biologique, elle combinait un système de décomposition du gaz carbonique expiré par l’homme et un « siphon », pour, à l’instar des calamars, se propulser en avant. Son cartilage, souple, se tendait en arrivant en milieu spatial. Son énergie venait de ses larges « ailes », en fait l’équivalent réceptif souple des panneaux solaires, lui fournissant son énergie de contraction, dont la moindre parcelle réchauffait un tant soi peu l’ « habitacle ». Cependant l’intérieur comprenait des parasites servant de réserves de vivres et d’eau. Enfin, le contrôle se faisait par l’intermédiaire de filaments réceptifs qui s’enfonçaient dans la boîte crânienne et l’os de son pilote, se nourissant de l’énergie électrique et du glucose du cerveau et réagissant aux interactions-ordres synaptiques grâce à un entrelac bioanimal de synapses communes aux deux espèces. Cela sous-entendait donc que le pilote devenait également hôte inséparable de son hébergeuse. Ces Svatlanya Goruntos, aussi appelés Biospacips de tailles diverses emportaient une petite charge utile et moins de dix passagers, une paille en comparaison des vaisseaux utilisés par les Coloniaux. De plus, ces organismes appelés par ces derniers « Bospas », étaient très lents et incompatibles avec les vaisseaux coloniaux, mais aussi très froids ( moins de 80°c dans l’"habitacle" ), ce qui obligeaient les malheureux passagers à se grouper dans une « chambre » interne pour se réchauffer de leur propre corps. Par la suite, le « pilote » humain se muta en organisme bioanimal greffé à la naissance du Bospa, et n’était jamais vu des passagers car situé dans une poche mi-externe et « voyant » grâce à des capteurs photoréceptifs situés sur ce qui tenait lieu de tête à son espèce hébergeuse. Les passagers prenaient place dans une vaste conque souple qui était ensuite ingérée au cœur de ce Biospacip. Lorsque cette dernière arrivait à destination, elle expulsait cette conque, qui s’était entre-temps totalement refermée. L’oxygène était fourni par des microalgues photosyntétiques qui tapissaient la paroi interne de la conque, et étaient alimentés par l’énergie captée par les ailes du spabiocrafis. Ils ne servaient qu’aux liaison avec des vaisseaux transplanétaires coloniaux, mais les chercheurs grinniens tenteront durant plus d’un millénaire encore de trouver un mode de propulsion naturelle révolutionnaire… Dans tous les cas de figure, ce sont les Mibiocips qui avaient la préférence des Grinniens. Certes, en partie artificiels mais beacoup plus rationnels et confortables, et surtout dotés de capacité hyperlites.

La révolution Grinnienne:

Le « modèle Grinnien » a commencé à faire parler de lui lors de l’ouverture de la planète, lorsque vers 4900, les mondes environnants devenus prospères développaient d’intenses relations. L’originalité de la culture locale fit que très vite des élites bien informées s’en préoccupèrent, puis les médias. Certains avaient en vue une exploitation commerciale des avancées dans le domaine du transport et de l’habitat mais aussi de la médecine, du vivier d’espèces fonctionnelles de Grinel, et d’autres, de milieux plus populaires, s’intéressaient à la philosophie symbiotique et firent de Grinnen la destination à la mode dans les années 4930-80. Un déferlement humain qui fut combattu par les autorités Grinniennes, et encore plus fermement par les coloniaux, qui avec les siècles avaient totalement intégré ce peuple et vivait en bonne intelligence avec lui. Ce qui pouvait le frapper lui nuisait également. Enfin la communauté interstellaire réagit et pris des dispositions de filtrage tellement draconniennes, qu’elles aboutirent à une interdiction pure et simple de toute forme de tourisme local, préférant la solution sans risque du tourisme virtuel. Ainsi une copie Viwo de Grinnen fut mise au point et largement exportée.

Par la suite, Grinen n’étant plus menacée, les marchands s’engouffrèrent dans la prise de contrôle des instances coloniales et déterminèrent une politique agressive et efficace de promotion des produits Grinniens, qui devint un label recherché. A partir des années 5100, de nombreuses grandes villes intégraient au moins deux ou trois unités d’habitation Griniennes. Ces espèces furent adaptées également avec plus ou moins de bonheur à des milieux "naturels" de nombreux mondes sous-urbanisés. Vers 5200-5300, la plupart des planètes de l’empire possédaient des quartiers entiers ou des villes entières composées d’espèces et de variétés Grinniennes.

Un pas supplémentaire fut franchi avec la fondation sur Blasomma, un monde Dom, des colonies entièrement Griniennes, en 5360, puis de Nugrin, premier monde terraformé entièrement dominé par une faune et une flore Grinnienne. Elle ne sera que la première d’une série de civilisation post-grinniennes du même acabit, au total une centaine de planètes. « Grinnien » devenait une caractéristique civilisationnelle majeure et incontournable. Au septième millénaire, l’"empire"* indirect de Grinel s’établissait autour de 2645 mondes.


*Les Grinniens n'ont jamais eu de volonté dominatrice. Leur extension s'est toujours faite par adhésion.

 

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